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Archives de Catégorie: Peinture

Julien Prouvot, commissaire priseur – conseil en art

18 jeudi Mai 2017

Posted by hilaire in Arts divers, Entretien avec un artiste, Peinture, Sculpture

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XIXe, XVIe, XVIIe, XVIIIe

Bonjour Julien, comment pourrais-tu te présenter ? Et qu’est ce qui t’as amené à t’orienter vers le secteur du marché de l’art ?

Je suis commissaire-priseur de formation, et je me suis tourné vers le conseil dans le domaine des objets d’art. J’ai baigné dans un milieu familial féru d’art, avec un père lui-même commissaire-priseur. Après les études classiques pour exercer ce métier : droit, histoire de l’art, école du Louvre, j’ai passé un concours d’entrée (examen d’aptitude) à la profession de commissaire-priseur avec un stage professionnel de deux ans puis un examen de sortie. Hé oui, ce sont de longues études !

Et pour répondre plus largement à ta question, le métier repose sur deux piliers : une solide connaissance artistique, bien entendu, mais aussi, et certains l’oublient, un grand sens du relationnel et de l’écoute. J’y reviendrai tout à l’heure.

Et tu t’es spécialisé ?

On me demande régulièrement quelle est ma spécialité. Je dirai qu’au bout de vingt ans, je me suis constitué un catalogue d’images dans la tête : je suis plus familier des tableaux et dessins anciens (XVIe-XIXe siècles). Mais en fait, ce sont les occasions qui font la spécialité. Par exemple, en travaillant sur un objet chinois, j’ai approfondi mes connaissances dans ce domaine. Cela dit, il faut savoir rester humble, personne ne pourra embrasser l’ensemble des connaissances universelles en matière artistique. L’essentiel, est, je pense, de savoir quoi et où chercher, avec la bonne documentation et la bonne personne. C’est là tout l’art du conseil-expert.

Alors justement, en quoi consiste ton métier exactement ?

Brûle-parfum Qianlong

Brûle-parfum Qianlong

Depuis sept ans, j’exerce le métier de conseil en tant qu’indépendant, ce qui me donne une objectivité et une liberté certaines. Mon cœur de métier est le suivant :

  • L’assistance aux familles et aux collectionneurs pour la conservation et donc la transmission de leur patrimoine mobilier. Je réalise en quelque sorte des « audits », en conseillant les familles dans les partages, en matière de fiscalité, etc. ; si besoin, je les dirige vers le bon artisan d’art si les œuvres nécessitent une restauration. A chaque client une situation différente : j’apporte un conseil sur-mesure. Il faut surtout être à l’écoute, faire preuve de psychologie, car dans une œuvre d’art, il y a souvent beaucoup d’affect. Les partages de biens mobiliers sont des occasions qui révèlent la vraie nature des liens familiaux. Mon objectif est donc d’apaiser ces moments de tension.
  • Deuxième métier, lié au premier : le conseil en vue de vente, pour valoriser d’une part le bien (optimiser sa valeur par des recherches historiques et scientifiques) et d’autre part pour trouver le meilleur acheteur, public ou privé, que cela soit par le biais d’une vente aux enchères ou de gré à gré. Par ailleurs, certains me sollicitent pour acheter des œuvres comme placement de diversification.

En bref, j’offre les services que proposent les grandes maisons du marché de l’art, à prix plus compétitifs et un service vraiment personnalisé.

Amélie Beaury-Saurel - Après déjeuner

Amélie Beaury-Saurel – Après déjeuner (détail)

Donc, si j’ai bien compris, par exemple tu fais surtout des inventaires après décès ?

Pas exactement, car certaines personnes font appel à moi pour préparer les partages de leur vivant, en présence de leurs enfants, et pas forcément après décès. Dans ce cas, mon métier consiste à inventorier l’entier contenu d’une maison, du tableau de maître au piano, en passant par la tondeuse à gazon !

Et qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton métier ?

La recherche et les relations humaines. Si le notaire est une oreille pour les familles, le commissaire-priseur en est une autre.

Tu as un exemple de recherche ?

Bien sûr ! Je vais t’en donner deux. Il y a quelques années, j’ai travaillé sur un fonds de dessin, en vue de vente, de Joseph-Ferdinand Lancrenon, un élève de Girodet. C’était un travail passionnant ! Autre exemple : je suis en train de trier et classer près de 700 aquarelles de Philippe Dauchez, un peintre de marine mort il y a trente ans, en vue d’une vente qui aura lieu en octobre prochain à Drouot. J’en profite pour signaler qu’une partie des honoraires et des recettes de cette vente sera reversée à l’œuvre du Père Matthieu Dauchez à Manille.

Philippe Dauchez - L'île d'Elbe

Philippe Dauchez – L’île d’Elbe

En général, j’essaie de faire moi-même les recherches, cela dit, il faut savoir s’entourer. C’est vraiment passionnant de faire des recherches sur l’objet, son histoire, sa provenance, son caractère unique, son intégrité, le cadre dans lequel il a été conçu… Et c’est tout aussi passionnant de trouver un acheteur et de faciliter la transaction.

Quel objet t’a le plus marqué ?

Indéniablement une table à thé, portant une plaque de porcelaine de Sèvres ; cette table princière est la première d’une petite série (une douzaine) et la mieux préservée à ce jour. Ce meuble a obtenu le second prix pour un meuble français du XVIIIe siècle vendu en France. C’est un meuble merveilleux. Et pourtant, je l’ai trouvé conservé dans une simple chambre, sans que les propriétaires ne le mettent en valeur…

Certains affirment que le marché de l’art est en crise profonde. Qu’en penses-tu ?

Il serait difficile de donner une réponse complète, et donc forcément complexe, en quelques lignes. Cela dit, il faut être lucide : pour aimer les objets d’art, il est nécessaire d’avoir été formé, pas forcément de manière « académique », mais au moins d’avoir été formé au goût. C’est ce qui est en train de disparaître : on n’apprécie plus les belles choses car on recherche le fonctionnel et le pratique. On ne collectionne plus, on n’apprend plus à voir. Les gens ne sont plus sensibles à une émotion artistique, même s’ils courent visiter les expositions sans décrypter réellement les œuvres.

Julien Prouvot

Julien Prouvot

Alors que l’art est fondamental pour le bonheur de la personne humaine. Avec la spiritualité, c’est ce qui fait vibrer notre vie, tout en nous replaçant dans la grande continuité de nos prédécesseurs qui ont créé ces objets, dont nous sommes les dépositaires. Les objets d’art permettent de se réapproprier notre histoire, personnelle ou collective. C’est important, nous avons besoin de racines. Mon métier sert donc aussi à redonner le sens du beau, le sens de notre patrimoine et de l’excellence française.

Merci Julien !!

http://www.prouvotartpatrimoine.com

Frans Hals, le portrait au bout du pinceau

08 jeudi Sep 2016

Posted by hilaire in Peinture

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Hollande, XVIIe

En 2009, je me souviens être allé à la Pinacothèque de Paris à une exposition sur la peinture hollandaise. Il y avait un Vermeer (La lettre d’amour) devant qui le public était agglutiné. A quelques mètres, j’étais quasi seul pour admirer deux portraits individuels d’un peintre dont l’incroyable talent a été malheureusement éclipsé par le génie de ses deux compatriotes Vermeer et Rembrandt ; et pourtant que ses œuvres sont belles, que ses œuvres sont grandes (il nous comble de joie !). Il s’appelle Frans Hals.

Né en 1580, il est mort en août 1666, il y a 350 ans précisément. Il dédiera la quasi-totalité de son œuvre aux portraits, individuels et de groupes.

Frans Hals - Jeune garçon riantFrans Hals est né à Anvers, en Flandres, en terre catholique donc ; assez tôt, il déménage à Haarlem, le cœur de la vie artistique de la très protestante Hollande, avec Delft. C’est là qu’il passe toute sa carrière, aimant peu voyager ; membre de la milice de Saint-Georges (une compagnie militaire) qu’il peint à plusieurs reprises et de la guilde de Saint-Luc (la confrérie des peintres de la ville), il mène une vie paisible d’artiste reconnu, spécialisé dans le portrait, père de famille nombreuse, régulièrement poursuivi pour des dettes ou des commandes non honorées, et ce jusqu’à sa mort le 26 août 1666 à un âge très honorable. Son caractère primesautier lui donne une liberté de ton peu commune à son époque, malgré les contraintes inhérentes à son métier, liberté qu’il conservera jusqu’à la fin de sa vie, pourtant ternie par des problèmes financiers et un effacement progressif de la scène artistique de la ville.

Ses œuvres ? Des portraits, encore et toujours des portraits. Mais quels portraits ! Des gens de toutes conditions : des grands de ce monde et des petites gens. Frans Hals reproduit tout aussi bien le visage sévère du grand négociant, martial du capitaine, enjoleur d’une bohémienne ou hilare d’un joueur anonyme de rommelpot, instrument typiquement flamand, au son particulièrement « gouleyant ».

Frans Hals - Le cavalier riant

Frans Hals – Le cavalier riant

Au vu de son histoire et de son environnement religieux, on pourrait s’attendre à d’austères peintures, aux personnages roides, engoncés dans leur habit noir, aussi froids que la glace des canaux gelés.

Ce n’est pas forcément le cas. Bien sûr, Frans Hals a du se conformer aux canons de l’époque et aux demandes des commanditaires. Il est évident que, d’après leurs portraits, Lucas De Clercq et sa femme Feyna van Steenkiste ne doivent pas être très marrants, que Cornelia Claesdr. Vooght n’a pas l’air commode et qu’avec les régentes de l’hospice des vieillards, cela ne devait pas rigoler tous les jours.

Mais par ailleurs, Hals s’est visiblement plu, malgré les exigences du genre et la nécessaire décence de son milieu, à croquer des portraits emplis d’une malice retenue : un sourire esquissé, une moustache retroussée, une bouche féminine entr’ouverte sensuelle (bon ça va, cela reste très sage – on est loin de son contemporain Rubens et ses femmes généreuses en tout), une attitude quelque peu désinvolte, quand ce n’est pas tout bonnement un rire éclatant, des visages rougis ou une trogne grimaçante. Les œuvres de la vieillesse ont en revanche un caractère plus sombre voire monochrome.

Frans Hals - Les régentes de l'hospice des vieillards

Frans Hals – Les régentes de l’hospice des vieillards

On regrette seulement qu’il faille aller à Amsterdam ou La Haye pour admirer ses peintures majeures. Profitez donc des expositions pour aller admirer ces portraits, témoignages simples de la vie d’Haarlem. Pour reprendre un titre de Tzvetan Todorov (ça c’est pour me la jouer, mais bon honnêtement, c’est un bouquin facile à lire et très intéressant), un véritable éloge du quotidien.

Frans Hals - Portrait de femme

L’inconnu du jour : René Pinard, peintre et graveur

07 jeudi Jan 2016

Posted by hilaire in Artiste, Peinture

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Marine, Nantes, XXe

Après un article sur un graveur et peintre connu (Gustave Doré), voici une brève notice sur un artiste qui l’est beaucoup moins : René Pinard. Comment, vous ne connaissez pas René Pinard ? Pourtant, que ses œuvres sont belles et en plus, détail non négligeable, relativement accessibles.

René Pinard - Baleinier

René Pinard – Baleinier

Pur Nantais – il y est né en 1883 – il se forme tout d’abord dans cette ville puis est reçu à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, qu’il fréquente de 1902 à 1905. Il se spécialise dans l’eau forte. Après un début de carrière dans divers ateliers et un engagement dans la marine pendant la Première Guerre Mondiale, il est nommé peintre de Marine en 1921. C’est à ce titre qu’il embarque sur le croiseur-école Jeanne d’Arc, sur lequel il voyage beaucoup : Algérie, Maroc, Tunisie, Turquie…

En 1923 il reçoit le grand prix de dessin de l’Académie des Beaux-Arts, premier d’une longue série de prix à des concours plus ou moins connus (vous connaissiez le concours Chenavard ? Moi pas, bon René Pinard en a reçu le premier prix). Il travaille pour la Marine jusqu’en 1937. Il meurt en 1938 et est enterré à Nantes.

Une vie somme toute assez tranquille, sans coup d’éclat, ni scandale.

René Pinard - Chalutier

René Pinard – Chalutier

Et pourtant, pendant ces 35 ans de carrière de peintre, il a produit quantité de belles œuvres : des gravures, des dessins, des aquarelles, caractérisées par une utilisation systématique d’un noir puissant. De son père photographe, il a hérité un sens aigu de la perspective et de la composition. En revanche, contrairement à Marin Marie, le traitement de la couleur et des textures ne semble pas l’intéresser.

Forcément, comme peintre de marine, l’essentiel de son œuvre a pour thème la mer, la marine et les marins. D’ailleurs plus souvent les bateaux que la mer elle-même. Mais surtout, René Pinard a dessiné et peint les ports, de tous horizons, Nantes bien sûr, mais aussi pêle-mêle : Malte, Istamboul, Saint-Nazaire, le Croisic, Philippeville (Algérie), Lorient, Concarneau… On lui doit également quelques scènes de guerre, notamment la guerre sous-marine – tirée de son expérience de combat sur un dragueur de mines, ainsi que l’illustration de plusieurs ouvrages, en particulier un livre de Paul Chack et un de Marc Elder.

René Pinard - Nantes

René Pinard – Nantes

Même s’il a été formé à Paris, Nantes reste son port d’attache et pendant toute sa carrière, il ne cessera de peindre la ville, qui à l’époque était encore largement industrielle : on y voit le port de Nantes, le fameux pont transbordeur, mais aussi le château des Ducs de Bretagne.

Amoureux de la mer et de Nantes, n’hésitez pas ! Ses gravures apparaissent régulièrement dans les ventes aux enchères, à des prix raisonnables qui plus est. Faites-vous plaisir, achetez du Pinard, sans modération !

René Pinard - Saint-Nazaire

René Pinard – Saint-Nazaire

Gustave Doré, l’imagination au pouvoir

26 jeudi Nov 2015

Posted by hilaire in Artiste, Arts divers, Peinture, Sculpture

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XIXe

On le connaît surtout comme illustrateur. Qui n’a pas frémi devant Barbe Bleue et ses yeux sanguinaires ou suivi avec émerveillements les aventures du Chat Botté ?

Gustave Doré - Barbe BleueC’est en effet souvent par cette célèbre édition des Contes de Perrault, parue en 1862 chez Hetzel, que nous connaissons Gustave Doré. Du même coup, nous le rangeons dans la catégorie d’illustrateur pour livre d’enfants, et le plaçons inconsciemment à un rang mineur. Et pourtant, Gustave Doré est sans aucun doute l’un des plus grands artistes français de son époque, un touche-à-tout insatiable et prolifique. Plus de 10 000 œuvres à son actif !

Né à Strasbourg en 1832, il est remarqué très jeune pour son imagination débordante et sa curiosité permanente. En 1843, il suit ses parents à Bourg-en-Bresse, son père ayant été nommé ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées de l’Ain. Il gardera de la Bresse et des Alpes voisines le goût des paysages grandioses de montagne. A Paris où il poursuit ses études, il continue à dessiner frénétiquement. Tant est si bien qu’il est engagé par le Journal pour rire, revue satirique, pour croquer et caricaturer ses contemporains : il n’a que 15 ans.

Gustave Doré - Dante - L'EnferA 22 ans, débute pour lui une fulgurante carrière dans les livres, dont il ne sortira jamais, ce qui ne l’empêchera pas de s’essayer à d’autres arts. D’ailleurs, pendant longtemps, Gustave Doré voulait être considéré comme peintre, l’illustration n’étant qu’un moyen pour lui de se faire connaître. Las, le grand public comme la critique l’encense pour son activité de dessinateur et ignore le reste. Il se fait remarquer en illustrant les plus grandes œuvres littéraires : les Contes de Perrault, mais aussi l’Enfer de Dante, Rabelais, Balzac, Hugo, Shakespeare, etc… Il s’attaque même à la Bible. En 1854, son illustration d’un ouvrage satirique sur la Russie fait de lui l’un des plus grands caricaturistes de son temps mais aussi l’ancêtre de… la première bande-dessinée française. Il remet au goût du jour la gravure sur bois, technique exigeante qu’il améliore. Il aime passer d’un style à l’autre, en s’appuyant à la fois sur une grande imagination et une technique irréprochable. Il aime utiliser des grands formats pour ses gravures, qui lui permettent de les parsemer de détails innombrables, sans pour autant perdre la conception de l’ensemble.

Gustave Doré - Monument à Alexandre DumasOn lui doit aussi une cinquantaine de sculptures, tel le monument à Alexandre Dumas que les Parisiens peuvent admirer place du Maréchal Catroux, dans le XVIIe arrondissement.

Ses peintures sont encore moins connues et pourtant, il est l’auteur d’œuvres religieuses particulièrement réussies, bien de leur époque il faut le reconnaître. Malgré des propositions régulières au Salon, ses peintures ne rencontrent pas le succès, du moins en France. Il ouvre néanmoins une galerie à Londres.

Mort à 51 ans, ses obsèques ont lieu à Sainte-Clotilde où se presse le tout Paris. Cet artiste multi-facettes (dessinateur, peintre, graveur, aquarelliste, sculpteur…) laisse derrière lui une œuvre gigantesque qui a marqué et marque encore de nombreuses générations.

Gustave Doré - Le Christ quittant le prétoire

 

Piero di Cosimo, un fou florentin

17 jeudi Sep 2015

Posted by hilaire in Artiste, Peinture

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Renaissance ; Florence

Dans la famille des peintres florentins du quattrocento et du cinquecento, je demande le plus original : Piero di Cosimo ? Bonne réponse.

On ne sait pas grand’chose de lui. Il est né à Florence en 1462 et débute sa carrière vers 1480, en travaillant pour le peintre Cosimo Rosselli, dont il prendra le nom. Un an plus tard, on sait qu’il l’accompagne à Rome pour exécuter des fresques – les seules de sa carrière d’ailleurs – à la chapelle Sixtine. Il rentre à Florence et y reste jusqu’à la fin de ses jours en 1521 ou 1522.

Piero di Cosimo - Simonetta Vespucci

Simonetta Vespucci

Cela paraît bien maigre. Il faut dire que le personnage est aussi mystérieux que ces œuvres que l’on a commencé à découvrir au XXe siècle, longtemps attribuées à des anonymes forcément illustres. Son histoire est surtout connue par Vasari qui en parle dans la troisième partie de ses Vite.

Il était très connu à son époque pour ses portraits. On connaît la fameuse toile post-mortem de Simonetta Vespucci, la maîtresse de Julien de Médicis (le frère de Laurent le Magnifique, pas son fils). Vous connaissez tous son beau visage, car Botticelli, entre autres, l’a maintes fois peint, en portrait ou dans ses compositions. Vénus sortant de son coquillage, c’est elle ! Flore dans le Printemps, c’est elle ! Vénus dans Mars et Vénus, c’est encore elle !

Il a peint également de nombreux tableaux religieux : un saint Jean-Baptiste assez étonnant – il est jeune et glabre –, des saintes vierges, un saint Jérôme…

La partie la plus originale de son œuvre est, à mes yeux, son travail sur la mythologie. Son traitement de grands thèmes mythologiques n’est certainement pas uniquement « factuel » : sa série sur l’origine du monde témoigne d’un bouillonnement intellectuel sur l’humanité primitive, plus bestiale d’ailleurs que paradisiaque où les hommes, mi-hommes, mi-animaux sont confrontés à la nature à la fois rude (incendie) et nourricière (la découverte du miel). La raison émerge peu à peu, les instincts demeurent, période paradoxale d’âge d’or et de sauvagerie primitive.

Piero di Cosimo - Vulcain et Eole

Vulcain et Eole (et la girafe)

Comme beaucoup de Florentins de son temps, il a certainement été influencé par le néo-platonisme ambiant, celui de Marsile Ficin ou d’Ange Politien, mêlant esthétique, métaphysique, voire ésotérisme, paganisme et christianisme, mais sa vision du monde, ancien ou actuel est, à la fois plus brute et plus fantaisiste, plus grave et plus amusée. Il faut avouer que l’on s’écarte nettement de Botticelli ou de Léonard de Vinci.

Que l’on songe aux tableaux tels que Vulcain et Eole, Retour de la chasse, le Combat des Lapithes et centaures, la Mésaventure de Silène… Exemples typiques d’un traitement inspiré de thèmes pourtant connus

Piero di Cosimo - La mort de Procris

La mort de Procris

L’atmosphère se dégageant de ces tableaux est très étrange, tirant vers l’onirique ou le bizarre. Il faut dire que le peintre était très excentrique, à moitié fou. Vasari disait de lui qu’à la fin de sa vie, il vivait enfermé chez lui, se nourrissant uniquement d’œufs (…o otto per volta, ma una cinquantina, e tenendole in una sporta, le consumava a poco a poco… – ça c’est juste pour dire que je suis allé chercher la phrase de Vasari dans le texte, non mais !), ayant une peur bleue des tempêtes, et du feu, ne supportant pas les cris d’enfants et la psalmodie des moines.

Piero di Cosimo - La mésaventure de Silène

La mésaventure de Silène

Toujours est-il, qu’influencé par la peinture flamande (via Hugo van der Goes et son triptyque Portinari), il aime peindre les paysages, les animaux, la nature. Il aime représenter des « monstres » (centaures, faunes / satyres, Silène, tritons…), des animaux, réels (chiens, cygnes, girafe, taureaux, lions) ou imaginaires (monstre marin). Même ses nuages ont des formes étonnantes. Son imagination n’a pas de limites et oscille entre sérieux et amusement (voyez la tête de certains personnages – ils se marrent bien…). C’est aussi avec cet état d’esprit qu’il peint des décors de théâtre ou de chars : par exemple en 1511, il participe à un carnaval de la mort. A la fin de sa vie, dit-on il se tourne davantage vers des sujets religieux (sans exclusive), certains disent par l’influence de Savonarole (ce qui m’étonne, les grands sermons du dominicain datant des années 1490, mais la personne qui se trouve à côté de moi, alors que j’écris ce papier, spécialiste de l’histoire italienne, me soutient le contraire, le religieux ayant eu une influence profonde et durable dans toute l’Italie).

Ce peintre franchement original mériterait d’être plus connu. La National Gallery of Art de Washington vient de proposer une rétrospective, fort rare d’ailleurs, ses œuvres étant dispersées aux quatre coins du monde.

Cet article, je l’espère, a tâché d’y contribuer un peu.

Piero di Cosimo - La chute de Vulcain

La chute de Vulcain

Allons visiter le musée des Beaux-Arts de Strasbourg !

07 jeudi Mai 2015

Posted by hilaire in Peinture

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Alsace, Beaux-Arts, Musée, Strasbourg

Il est des musées dont la physionomie austère empêche toute velléité de visite : un bâtiment magnifique mais glacial, un personnel d’accueil qui l’est tout autant, des panneaux d’informations peu clairs et une signalétique extérieure placée pour perdre le visiteur… et pourtant ils peuvent cacher des trésors. L’avantage est que vous êtes quasi seul à en profiter, même un samedi après-midi de printemps pluvieux. C’est le cas du musée des Beaux-Arts de Strasbourg. Situé au premier étage de l’hôtel de Rohan, palais construit en 1732 pour le cardinal du même nom, prince-évêque de Strasbourg (hé oui, nous sommes en terre d’Empire…), abritant également le musée des Arts décoratifs et le Musée Archéologique de la ville.

Palais Rohan - Strasbourg

Comme beaucoup de grands musées de province, il possède une collection d’œuvres très variées, héritière des différentes donations, ce qui lui donne d’ailleurs tout son charme. On note notamment la présence :

  • d’une très belle série de peintures italiennes, de la fin du trecento au XVIIIe siècle : Filippino Lippi, Piero di Cosimo, un superbe saint Roch de Cima da Conegliano… et plus tard un portrait de Raphaël, une scène du Corrège, un paysage de Canaletto (Venise… pour changer). J’aime moins Véronèse, Le Tintoret, mais ceux qui apprécient seront comblés.
  • de plusieurs salles dédiées à la peinture flamande et hollandaise : scènes de genre, paysages où l’on trouve des œuvres de Ruysdael, de Hooch, Van Dyck, Jordaens et un Rubens très sage (les donateurs étaient souvent protestants…). Les natures mortes sont nombreuses et somptueuses !
  • de quelques peintures françaises, peu il faut l’avouer : Chardin, Greuze, Largillière, un portrait de Richelieu par Champaigne, un magnifique tableau de Simon Vouet, etc…
  • Un immense tableau de Cornelis Engelsz. que vous connaissez sûrement : la Garde civique de Saint Adrien. On le savait grand, mais pas à ce point : plus de cinq mètres de long, près de deux mètres de haut. Un portrait collectif de 46 personnages !

 

La Garde civique de Saint-Adrien - Cornelis Engelsz.jpg

Cliquez et cherchez Cornelis…

Enfin, jusqu’à la fin du mois de mai, le musée propose une très belle exposition sur Ribera à Rome, comprise dans le billet d’entrée aux collections permanentes. Vous assistez à une véritable enquête policière : pendant longtemps les historiens de l’art ont attribué une série de tableaux romains à un dénommé Maître du Jugement de Salomon tout aussi mystérieux que talentueux, en particulier une série de cinq apôtres. En 2000, on donnait à ce bel inconnu la paternité d’une vingtaine d’œuvres de grande qualité. En 2002, un historien de l’art florentin (on ne se refait pas) publia un article où il démontra que ce fameux Maître du Jugement de Salomon était en réalité Ribera lui-même, dont on ne connaissait aucune œuvre de sa période romaine (1606-1616), avant de partir pour Naples. Un grand mystère de l’histoire de l’art était résolu.

Saint Thadée - RiberaLe musée consacre donc une brève exposition temporaire sur cet épisode. En plus des œuvres attribuées certainement ou moins certainement au peintre espagnol, une salle spécifique est réservée à la série des apôtres réunissant pour la première fois les six tableaux connus… et les sept disparus (oui, cela fait treize, mais il y a le Christ et peut-être en plus saint Paul), dont on ne voit que… les cartels. L’ensemble est saisissant !

 

La muséographie est classique mais pas poussiéreuse pour un sou. Le musée se visite facilement. On passe un très agréable moment.

A visiter donc !

http://www.musees.strasbourg.eu/index.php?page=Musee-des-Beaux-Arts

Pieter de HoochChampaigne - Richelieu

Ernest Meissonier, peintre d’histoire… mais pas seulement

02 jeudi Avr 2015

Posted by hilaire in Artiste, Peinture

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Académisme, Pompier, XIXe

Je m’appelle Ernest Meissonier. Je suis né en 1815, à la chute de l’Empire. Je ne sais pas si c’est à cause de cela que, ma vie durant, je vais être fasciné par la geste napoléonienne et l’histoire militaire. Je suis né à Lyon, mais rapidement mes parents déménagent à Paris, dans le Marais, où mon père tient boutique. Il voudra certainement que je suive ses traces, mais personnellement, j’ai d’autres ambitions : je veux peindre. Finalement, il me laissera suivre et poursuivre ma voie. J’entre donc dans l’atelier de Léon Cogniet, mais ce que je préfère, c’est passer de longues heures au Louvre à copier les toiles des grands maîtres. J’aime surtout la peinture de genre flamande et hollandaise du XVIIe siècle : j’y admire la profusion de détails et la précision de la composition.

Ernest MeissonierPour gagner ma vie, je dessine. Un peu de tout, mais il faut bien se nourrir et subvenir aux besoins de sa famille (je vais bientôt me marier, ce sera en 1838). Alors je gribouille pour diverses publications, pour des calendriers et même pour des images pieuses ! En 1834, je quitte Paris pour Rome pour parfaire ma formation et, peu après ce séjour, je commence un nouveau métier : j’illustre des romans. Et pas n’importe lesquels : cinq œuvres de Balzac par exemple. Je travaille notamment pour Pierre-Jules Hetzel, qui dans quelques années publiera les Voyages extraordinaires de Jules Verne. On commence à parler de moi ! En bien !

?????Ernest Meissonier - Jeu de PiquetDans les années 40, je reviens à mes premières amours (hé oui, amour au pluriel est féminin, comme orgue et délice) et je me mets à produire de petites peintures de genre, à la mode flamande. Le succès est au rendez-vous et on s’arrache mes œuvres. Il faut dire que chacune d’entre elle est peinte avec minutie, les détails faisant l’objet d’une recherche historique préalable approfondie pour éviter les anachronismes.

Ernest Meissonier - Les ordonnancesAvec l’avènement de Napoléon III, je franchis une nouvelle étape et deviens peintre quasi officiel de la cour. J’ai même suivi l’empereur dans sa campagne d’Italie dans le but d’en peindre les événements principaux. Peine perdue, je rentre les mains vides ! Ce n’est que plusieurs années plus tard que je vendrai à prix fort à l’Etat une Bataille de Solférino qui fera date. Je me spécialise dans la peinture militaire : ça me passionne, en particulier les chevaux – j’en connais parfaitement l’anatomie. Pour m’aider à bien les figurer, j’en sculpte dans la cire – un talent que le public ne connaîtra qu’après ma mort.

Je monte les marches de la gloire artistique deux à deux : en 1861, je suis membre de l’Institut, en 1889, Grand-Croix de la Légion d’Honneur – aucun artiste ne l’avait reçue avant moi. En 1878, et pour un an, je suis élu maire de Poissy, où j’ai habité pendant 40 ans. En 1889, le poids des ans se fait sentir, néanmoins je suis nommé président du jury des Beaux-Arts à l’Exposition Universelle de 1889, durant laquelle un hurluberlu du nom d’Eiffel construit une tour : je m’y suis pourtant fortement opposé. Je meurs en 1891, couvert de gloire et d’argent.

Ernest Meissonier - 1814 Campagne de FranceEt pourtant, de là-haut, je vois que très rapidement ma réputation décline. Au XXe siècle, on m’oublie totalement.

Ernest Meissonier - ChargeC’est que je ne rentre pas dans le moule du révolutionnaire et de l’artiste incompris : je suis un grand représentant de la peinture académique, « pompier » disent les mauvaises langues. Par conséquent, les avant-gardistes de tout poil me méprisent – il y a sûrement de la jalousie chez eux. Et pourtant, je pense sincèrement avoir du talent, plus que beaucoup d’entre eux d’ailleurs. Quand on observe mes œuvres (400 environ, je ne sais pas exactement), on voit la variété de mes sources d’inspiration et la précision de mon coup de pinceau. Ignare est celui qui me réduit au tableau intitulé Campagne de France 1814, qui est au musée d’Orsay : c’est mon œuvre la plus connue et c’est vrai que je n’en suis pas peu fier. Sa petite taille, assez inhabituelle pour une peinture d’histoire militaire, vient directement de l’influence flamande. Et contrairement à ce que disent mes détracteurs, je n’ai pas seulement peint une scène de guerre dans ses détails cruels ou majestueux. J’ai surtout tâché de retranscrire une atmosphère de « fin de règne » en étudiant précisément l’attitude et la psychologie des personnages. Quand Charles Baudelaire me qualifie de « géant des nains », c’est vraiment mesquin. Le souci du détail peut agacer, je le conçois ; mais je n’ai pas vocation à peindre le tréfonds de l’âme de ma société : je préfère largement la virilité d’un grenadier ou l’hommage aux défenseurs de Paris face aux Prussiens. Je suis de mon époque et j’en suis fier !

Vous pouvez d’ailleurs me retrouver au musée du jouet de Poissy qui organise une exposition sur mon œuvre et moi jusqu’au 21 juin du mardi au dimanche de 9h30 à 12h et de 14h à 17h30 !

Cynthia de Moucheron, itinéraire d’un peintre, d’Hawaï à Paris

29 jeudi Jan 2015

Posted by hilaire in Entretien avec un artiste, Peinture

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En plein cœur de Paris, Cynthia me reçoit dans son atelier, un ancien local de confection de boutons – le Sentier n’est pas loin – ouvrant sur une grande cour pavée. Un mur couvert de peintures de toutes tailles, des dizaines de pinceaux traînant sur la table, de grands cartons à dessins débordants, des livres d’art en quantité à demi-masqués par un voilage : c’est l’univers de Cynthia qui me reçoit avec sa gentillesse et sa spontanéité habituelles !

Bonjour Cynthia, question rituelle, comment êtes-vous devenue peintre ?

Comme pour beaucoup de choses, cela remonte à l’enfance. Je suis née à Hawaï, descendante d’une des cinq familles « fondatrices » de l’île – l’aïeul Cooke, missionnaire de son état, a épousé une Montague (très shakespearien comme nom – note d’Artetvia) ; mon arrière-grand-mère a fondé l’Honolulu Art Museum… dans la maison familiale. C’est elle qui a fait venir les premiers Gauguin sur l’île, alors que les gens là-bas y étaient plutôt indifférents voire opposés – et pourtant Tahiti et Hawaï sont culturellement très proches. Mon père était sculpteur, mon frère photographe… Toujours est-il que j’ai grandi dans un milieu familial favorable à l’éclosion d’une carrière artistique.

Cynthia de Moucheron 5De mon île, j’ai débarqué à Paris pour faire des études d’architecture d’intérieur. Pourquoi Paris ? C’était le rêve de ma mère… et notre cuisinière était française. Rapidement, je me suis tournée vers le graphisme et la publicité, secteur dans lequel j’ai travaillé pendant longtemps, en tant que directeur artistique. Ayant choisi de m’occuper de mes quatre enfants, j’ai cessé cette activité et en ai profité pour reprendre le dessin et la peinture. C’était il y a quinze ans. J’ai repris quelques cours aux Beaux-Arts et aux Ateliers de Paris pour me « refaire la main ». Depuis, je peins.

Quel style de peinture ?

Cynthia de Moucheron 4Je peins à l’huile et très souvent sur papier. J’aime le côté fragile et éphémère du papier. La toile est beaucoup moins spontanée. Le papier absorbe, alors que la toile glisse. Mais c’est sûr, le papier est moins « vendeur », pour les expositions c’est plus compliqué. Par exemple, je passe beaucoup de temps sur l’encadrement, qui, à mon sens, fait aussi partie de l’œuvre.

Je peins à partir de photos que je prends. Je me promène souvent à Paris, à pied ou à vélo, avec mon appareil et je mitraille. Il faut dire que Paris est une ville merveilleuse pour ça, très « graphique ». Ou bien, je peins directement d’après modèle : les natures mortes et les nus. Pendant des années, j’ai peint des nus, maintenant, je me tourne davantage vers les paysages.

Du figuratif donc !

Cynthia de MoucheronOui. C’est peut-être très classique, mais je peins ce que j’aime, et souhaite produire avant tout de belles choses et susciter chez le spectateur de l’émotion, une paix intérieure, de la contemplation, tout simplement. Je ne cherche pas spécifiquement à représenter du « concept » ou à soi-disant choquer, cela ne m’intéresse pas. Je préfère parler d’intuition raisonné : je pars d’une intuition, d’une émotion que j’ordonne ensuite et à laquelle je soumets une technique et un savoir-faire.

Je suis plutôt « impressionniste » et ne m’attache pas trop aux détails. J’aime l’eau, souvenirs de mes origines hawaïennes sans doute, la couleur, le graphisme et la composition ; je suis moins sensible à la lumière et aux détails. Je dessine beaucoup, en témoignent les nombreux carnets de croquis que tu peux voir ici. Je commence toujours par un dessin au fusain et immédiatement après, j’applique la peinture. La première séance de travail est la plus importante : je sais immédiatement si cela va « fonctionner » ou pas. Au cours de cette première séance, il faut aller le plus loin possible. Les suivantes sont consacrées aux retouches : on prend du recul avec l’œuvre. Après, il est toujours difficile de définir quand l’œuvre est terminée ; il faut savoir s’arrêter car trop de retouches tuent.

Et vous avez des modèles, des sources d’inspiration ?

Cynthia de Moucheron 3Je n’ai pas de modèle unique. Evidemment, tous les impressionnistes, Toulouse Lautrec, Cézanne… et tant d’autres. Certains américains contemporains aussi, même si je trouve qu’ils privilégient trop la technique et la précision au détriment du coup d’œil et du goût.

Je n’ai pas trop la hantise de la page blanche ; en prenant mes crayons, je griffonne et l’inspiration va venir petit à petit, comme un échauffement. Et puis, je visite constamment des expositions pour me mettre au contact d’autres œuvres.

Y a-t-il des œuvres que vous auriez aimé garder ?

Oh oui ! J’ai vendu des peintures que j’aurais dû copier pour moi. Il m’arrive de peindre plusieurs tableaux à partir de la même photo, histoire de garder une trace.

Et comment arrivez-vous à vous faire connaître ?

Difficilement… En fait, le principal moyen de communication est le bouche à oreille. J’organise régulièrement des expositions, dans mon atelier, chez des amis, et plus rarement en galerie car c’est parfois cher. Les salons le sont également ! Je participe à des concours – j’ai même gagné une fois le prix de la Fondation Taylor !

Des projets ?

Oui, bien sûr ! Dans les mois à venir, je vais exposer à l’hôpital américain de Neuilly. Autre projet, bien différent, des amis « m’offrent » un mur blanc dans leur appartement à couvrir de peintures ! C’est très enthousiasment !

Cynthia de Moucheron 2

Merci Cynthia !

Vous voulez offrir ou vous offrir une oeuvre de Cynthia de Moucheron ? Contactez Artetvia !

L’inconnu du mois : le peintre Ernest Guérin

22 jeudi Jan 2015

Posted by hilaire in Artiste, Peinture

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Bretagne, Mer

Après Marin-Marie, Jean Fréour et Mathurin Méheut, voici un nouvel artiste breton, moins talentueux à mon sens, mais fort intéressant. Il s’appelle Ernest Guérin. Vous ne le connaissez pas ? Normal, il n’est pas très connu (en tous cas, personnellement, il y a quelques mois, j’ignorais tout de lui). Mais le but de ce site est aussi de vous présenter des artistes moins renommés, « mineurs » comme certains les appellent.

Ernest GuérinEt pourtant, de son vivant, c’était un artiste à la mode – mais bon qui lit Victorien Sardou ou Sully Prud’homme (prix Nobel de littérature), pourtant véritables héros littéraires de leur époque ? On sait aussi que Bach a été rapidement oublié après sa mort. Comme quoi la notoriété est fluctuante.

Pour revenir à notre ami Ernest Guérin, sachez qu’il est né à Rennes en 1887 et qu’il meurt à Quiberon en 1952 : un breton de Bretagne donc.

Après des études à l’école des Beaux-Arts de Rennes, il achève sa formation à Paris. Particulièrement doué, il bénéficie rapidement d’une reconnaissance internationale, le nombre de commandes venant de l’étranger en témoignent. A 26 ans, il ouvre sa première exposition au Musée des arts décoratifs, pas rien quand même.

Ernest Guérin - PaysageTrès vite, il se concentre sur son sujet de prédilection : sa région natale. Il en peint et dépeint la rudesse, la sauvagerie mais aussi la piété populaire et les fêtes traditionnelles, dans une Bretagne qui amorce son tournant vers la modernité. Pote de Mathurin Méheut, qui est son presque contemporain, il côtoie également Anatole Le Braz (l’Ankou et les légendes de la Mort, vous connaissez ?) qui le confortera dans une vision assez romantique de la Bretagne, moins que celle de Théodore Botrel car Guérin n’hésite pas à croquer la misère et la pauvreté. Les couleurs sont froides (gris, vert, bleu) et humides. Il diversifie parfois ses sujets : on lui connaît quelques vues de Tunisie, charmantes au demeurant.

Pêcheurs bretons - Ernest GuérinEn revanche, question technique, il touche à tout, à l’image de beaucoup de ses contemporains : de la peinture à l’huile, de l’aquarelle et même de l’enluminure. En effet, Ernest Guérin est fasciné par la peinture médiévale et les primitifs flamands. Certains voient dans son œuvre une influence indirecte et tardive des pré-raphaélites : j’avoue que j’ai un peu de mal à voir le rapprochement avec Rossetti ou Burne-Jones mais bon… Il peignait quasiment uniquement sur commande. A la fin de sa vie, il est influencé par l’art asiatique, notamment dans le traitement des paysages et des couleurs. Ses dunes et ses paysages de la fin de sa vie pourraient avoir été peints sur le mode de l’estampe japonaise.

Ernest Guérin - DanseAprès la seconde guerre mondiale et sa mort, plus rien. Il est largement tombé dans l’oubli jusqu’à ces dernières années où plusieurs rétrospectives ont eu lieu dans différents musées bretons et où il apparaît régulièrement en salle des ventes.

Un artiste qui mérite donc d’être redécouvert !

Bronzino, maniériste florentin

11 jeudi Déc 2014

Posted by hilaire in Artiste, Peinture

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Renaissance

Agnolo di Cosimo, dit Bronzino, est né à Florence en 1503, tout jeune, il entre dans l’atelier de Pontormo – Vasari affirme qu’il aurait d’abord fréquenté l’atelier de Raffaellino del Garbo, mais ce n’est pas prouvé. Toujours est-il que Bronzino aide Pontormo dans plusieurs de ses grandes réalisations : on pense aux fresques des années 1514-1515 à Santa Maria Novella et à la Santissima Annunziata. Profondément attaché au maître, il en deviendra le fils adoptif et son disciple le plus fidèle. Pontormo aura une influence considérable sur son élève, notamment la précision du dessin et le traitement de la couleur, nous y reviendrons.

Portrait d'un jeune hommeBronzino entre au service des Della Rovere (la famille de Jules II) à Urbin. Après un bref séjour à Pesaro (dans les Marches actuelles), il revient à Florence. Il y restera jusqu’à la fin de ses jours, travaillant pour les Médicis à partir de 1539, avec un projet de décoration pour le mariage de Cosme et d’Éléonore de Tolède. Les commandes princières ne sont pas venues par hasard, Pontormo était déjà connu des Médicis, ayant déjà « portraituré » ledit Cosme dès 1538. Bronzino restera attaché à la famille Médicis de longues années.

Membre fondateur de l’Accademia delle Arti del Disegno de Florence (créée par Cosme en 1563), il meurt en 1572 à Florence.

A la suite de Pontormo, on classe habituellement Bronzino dans la catégorie des maniéristes, à la fois en rupture – notamment sur les proportions et la perspective parfaites – et en continuité avec les illustres prédécesseurs de la Renaissance.

La peinture de Bronzino est caractéristique de cette Renaissance tardive et du courant maniériste. Pour renouveler les techniques, les sujets, le traitement des espaces et des corps issus du quattrocento et utilisés depuis plus d’un siècle (les thèmes étaient un peu usés jusqu’à la corde il faut le reconnaître), les maniéristes en font « un peu trop », avec une recherche de mouvement, des corps déformés, des tons très acides, des significations parfois alambiquées, très érudites et complexes, basées sur des codes et des symboles réservés à une élite de savants… En même temps, succéder à Botticelli, Raphaël, Michel-Ange et Léonard de Vinci n’est pas chose très simple.

Bronzino - La Luxure dévoilée par le Temps Un exemple typique : observez (et admirez !) l’Allégorie du Triomphe de Vénus peint par Bronzino en 1545, et vous comprendrez tout ce qui vient d’être écrit. Outre l’érotisme certain, presque malsain (Cupidon n’est pas un petit bonhomme joufflu et fessu mais un ado pas boutonneux beaucoup moins innocent), le tableau regorge de symboles, parfois contradictoires. Je vous renvoie à la puissante étude d’Erwin Panofsky dans Essais d’Iconologie dans le chapitre intitulé « Le vieillard temps » (p 123-127 de la version française, ça c’est juste pour dire que je l’ai vraiment lue), sur la signification réelle de cette œuvre qu’il nomme « La luxure dévoilée par le temps ». S’y croisent Vénus, Cupidon, le Temps sous la forme d’un vieillard, avec son sablier et ses ailes, une pomme d’or, des masques (un sombre, un clair, un jeune, un vieux), des tourterelles, un étrange personnage, « La tromperie », au beau visage féminin, mais aux pattes de lion et à la queue de serpent, avec un détail significatif : les mains sont inversés (droite et gauche)… Le tout avec des couleurs acidulées (le bleu, le rose du coussin), un univers clos et des corps en S très peu naturels (essayez de prendre la pose de Cupidon, c’est certainement très inconfortable). On est loin, très loin de Léonard de Vinci !

Bronzino - DéplorationAutre exemple, moins troublant dans son sujet, mais typique dans son expression plastique : la Pieta, un tableau de 2,70 m de haut, à Besançon depuis… 1545 ! Admirez les nuances de bleu (Bronzino se savait aussi redevable de Michel-Ange !), la pureté et les tons pâles des visages (sauf deux), les regards qui disent tout, les poses et les drapés. Bronzino a aussi peint tout une série de portraits de personnages illustres ou d’inconnus : Dante, Laura Battifferri, Andrea Doria, Eléonore de Tolède…

Malgré son côté un peu « décadent » (le mot est mal choisi, je sais, mais tant pis), Bronzino nous révèle sa parfaite maîtrise du dessin, des formes et des couleurs ; se plaçant en rupture avec ses prédécesseurs, il savait néanmoins très bien d’où il venait et qui étaient ses maîtres. Même si le maniérisme italien n’a duré que moins de 60 ans, cette période a été propice à un foisonnement d’œuvres assez étonnantes, toujours singulières (par exemple, on connaît tous les portraits d’Arcimboldo ou du Greco), puissantes dans leur portée évocatrice et débridées dans leurs formes.

Pour notre plus grand plaisir.

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