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Archives de Catégorie: Patrimoine

L’église Saint-Eugène à Paris

20 jeudi Avr 2017

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Paris, XIXe

150ème article pour Artetvia ! Autant le consacrer à un sujet qui me tient à chœur : l’église Saint-Eugène à Paris. C’est une église qui m’est particulièrement chère à divers titres. Aujourd’hui, nous n’allons évoquer ni sa liturgie fastueuse, ni sa chorale paroissiale, dirigée par Henri de Villiers, ni son organiste titulaire Touve Ratovondrahety, également pianiste à l’Opéra, mais sa construction et son architecture.

Au XIXe siècle, les faubourgs parisiens débordent, la ville s’étend. Le faubourg Poissonnière se peuple. Pour assurer un « service spirituel  de proximité », il faut donc ériger de nouveaux lieux de culte, au-delà des boulevards. Grâce à la ténacité (et à la bourse) du premier curé, l’abbé Joseph Coquand, un projet est lancé : une église sera construite près de la rue du Faubourg-Poissonnière, à proximité de l’ancien hôtel des Menus-Plaisirs, qui, d’ailleurs, était davantage une administration dédiée aux cérémonies, fêtes et spectacles, qu’un lieu de plaisirs plus ou moins licites, et qui deviendra l’actuel Conservatoire d’Art Dramatique.

Sitôt le lieu choisi, la construction débute : elle sera très rapide, puisqu’en vingt mois (entre 1854 et 1856), tout est fait. Louis-Auguste Boileau, son architecte, a bien travaillé : il a pu faire sortir de terre une nouvelle église, révolutionnaire dans sa construction. Pourtant rien n’y paraît à première vue.

Eglise Saint-Eugène - FaçadeAujourd’hui encore, lorsque le passant longe la rue du Conservatoire, il remarque à peine ce bâtiment de taille relativement modeste, sans réel parvis, ni véritable clocher, ni décrochement marqué dans l’alignement des immeubles. Au sud, la façade néogothique, pastiche des constructions du XIIIe siècle, ne paie pas de mine – l’ensemble est sobre et dépouillé, même les niches sont vides de leurs statues. Le flanc ouest est passablement en mauvais état : une pierre rongée et salie par le temps et la pollution. Le visiteur pourrait s’arrêter là : circulez, il n’y a rien à voir ! S’il était un tantinet curieux, il entrerait dans l’édifice. Et là, le contraste est saisissant : l’intérieur de l’église est entièrement peint, les murs, les voutes, les colonnes. Rassurez-vous, rien de criard, mais plutôt un camaïeu de couleurs automnales rehaussées de vert et de bleu profonds. Quoiqu’assombrissant un peu l’ensemble, cela se marie bien avec le bois, très présent : balustrades, bancs de communion, chaire, sol en parquet, etc. Et puis, cette peinture masque la spécificité de cette église, la première du genre à Paris : sa structure est en métal et non en pierre. Hé oui, si les colonnes de la nef sont si minces, c’est tout simplement parce qu’elles sont en fonte. Bien sûr, l’église n’est pas une boîte en fer blanc : les murs sont construits tout de même en pierre, mais ils ne servent que de « remplissage », autour d’un squelette métallique. Ce qui permet du même coup de prendre la place la plus large possible dans cet espace restreint : pas de transepts, ni véritable bas-côtés, encore moins d’arcs-boutants. En plein Second Empire, c’était révolutionnaire, surtout pour un édifice religieux !

Eglise Saint-Eugène - Intérieur

Quand vous y entrez, vous sentez immédiatement une atmosphère paisible et priante. N’ayant pas subi les affres liturgiques des années 1970, le mobilier est dans son jus et utilisé, ce qui, évidemment, donne une certaine unité à l’ensemble. Admirez les beaux lustres et les verrières (de Gaspard Gsell et d’Antoine Lusson) qui rajoutent de la couleur dès que le soleil luit, les tribunes ou encore l’imposant baptistère.

Eglise Saint-Eugène - Autel

A la tribune, se dresse le monumental orgue, construit par Joseph Merklin, un Badois résidant à Bruxelles, pour l’exposition universelle de 1855 et monté à Saint-Eugène en 1856. Le buffet a néanmoins été construit par Boileau pour qu’il s’intègre au mieux dans l’édifice. C’est un instrument puissant mais à la sonorité très chaude, avec une spécificité organistique, les accouplements sont inversés, le récit étant le clavier totalisateur (et non le grand orgue).

L’église est placée sous le vocable de saint Eugène, un saint homme mort martyr à Deuil-la-Barre (Val-d’Oise) dont on ne connaît du reste pas très bien la vie. Mais c’est aussi (et surtout ?) le patron de l’impératrice Eugénie (les-larmes-aux-yeux ?), marraine de l’édifice.

Une chouette petite et belle église qui mérite une visite et même bien plus.

Eglise Saint-Eugène - Voûte

Connaître l’histoire de son monument !

16 jeudi Fév 2017

Posted by hilaire in Patrimoine

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architecture, Histoire

Aujourd’hui, pour la (seulement) deuxième fois en quatre ans d’existence, je vais profiter d’Artetvia pour faire découvrir aux lecteurs l’une de mes activités professionnelles : l’histoire et la valorisation du patrimoine. Voici donc une brève présentation que vous pourrez retrouver en détail sur le site du cabinet Alboflède. N’hésitez pas à me contacter via Artetvia ou Alboflède, je serai ravi de pouvoir répondre à vos questions… et travailler pour vous !

Vous êtes passionné d’histoire et de patrimoine et êtes l’heureux propriétaire d’un bien dont vous aimeriez connaître davantage l’histoire et les qualités architecturales. Ou bien, vous cherchez à débuter des travaux mais ne savez pas comment vous y prendre pour ne pas commettre d’impair. Vous avez bien ici ou là quelques archives, familiales ou appartenant aux anciens propriétaires, quelques documents d’érudits locaux, « on » vous a raconté des anecdotes plus ou moins vraies sur votre demeure. Mais rien de formalisé et de « gravé dans le marbre ». Comment faire ?

Vous souhaitez vendre votre bien. Pour des raisons variées. Bien entendu, vous en attendez le meilleur prix. Donnez-lui un supplément d’âme et de valeur ! Comment faire ?

Val d'OrciaVous avez ouvert votre bien historique au public ou bien vous avez le projet de le faire : visites guidées, chambres d’hôtes, lieu d’accueil de réception, etc… Le secteur des chambres d’hôtes et des lieux de réception dans un bâtiment historique est un secteur hautement concurrentiel. Nombreux sont en effet les châteaux et autres belles demeures qui accueillent ce type d’activité. Les caractéristiques purement « hôtelières » ont souvent un niveau de standing similaire : de belles chambres, des sanitaires de qualité, un accueil personnalisé, un environnement préservé, un service haut de gamme. Alors, comment se différencier ?

En prenant appui sur l’histoire de votre monument ! Il est unique. Valoriser l’histoire et les qualités artistiques du bien permet de proposer une offre unique en son genre. Le bâtiment qui vous accueille ou héberge votre activité touristique et culturelle n’est pas une simple « coquille », mais un atout. Le bâtiment est le fruit et le témoin d’une histoire, parfois prestigieuse, toujours singulière.

Qui plus est, ce type d’approche répond tout à fait à la demande des clientèles. L’histoire passionne les Français (82% d’entre eux affirment l’être – sondage pour la revue Historia paru en 2009), férus d’anecdotes et « de petits faits vrais ».  Les clientèles étrangères ne sont pas en reste et recherchent des visites et séjours qui « aient une saveur ».

Il faut bien reconnaître que souvent le temps a laissé des balafres dans le monument, cela peut être à cause :

  • de remaniements successifs qui semblent l’avoir dénaturé ;
  • d’un état général détérioré ;
  • de parties entières ayant disparu ;
  • d’une décoration intérieure et d’un mobilier réputés anachroniques.

Et pourtant, sans pour autant avoir l’assurance de découvrir une « pépite architecturale », le monument est peut-être, sans doute même, un exemple typique du bâti local ou au contraire une curiosité notable, un témoin de l’histoire de la région, une première référence d’un artiste devenu prestigieux… Les faits historiques se perdent avec le temps et ce sont eux qui parfois témoignent de la valeur artistique réelle de votre bâtiment.

En quoi consiste concrètement une étude historique ?

Il s’agit :

  • d’une présentation de l’histoire de votre monument : description architecturale, qualités artistiques, contexte d’histoire de l’art, chronologie de la construction et des propriétaires, anecdotes et détails historiques etc. Autant d’éléments qui attestent de l’authenticité de votre bien ;
  • d’une mise en perspective artistique et régionale : quelle est la place de ce monument dans l’histoire de l’art, de l’architecture, des arts décoratifs ? et dans les circuits touristiques de la région ? etc. ; le monument est replacé dans son contexte historique, social et artistique.
  • d’une démonstration scientifique par les archives : les informations transmises sont avérées, certifiées par les documents d’archives et non plus de vagues idées ;
  • d’un dossier iconographique exhaustif : photographies anciennes et actuelles, plans, et tout autre document graphique qui sera retrouvé dans les fonds d’archives.

Les sources

Léonore Losserand - ArchivesChaque étude est réalisée à partir des archives disponibles et de la bibliographie scientifique, c’est-à-dire uniquement de sources sûres et authentiques. En fonction du bien que vous possédez, de son ancienneté, de la capacité de ses anciens propriétaires à conserver leurs archives, de ses qualités artistiques, nous partons à la recherche de toutes les informations qui donneront encore plus de cachet et d’authenticité à la connaissance de votre propriété.

Par exemple, voici les archives utilisées dans le cadre d’une étude pour un château situé en région Rhône-Alpes.

  • Archives départementales, cadastres (P), archives communales, documents graphiques et iconographiques (Fi), hypothèques (Q), notaires (E), administrations contemporaines (W), travaux communaux (S), société d’émulation locale, fonds privés (J).
  • Etude en bibliothèques : bibliographie générale sur la commune, bibliographie spécialisée (architecture régionale, architecte, matériaux etc.), iconographie ancienne (cartes postales, plans, photographies etc.).
  • Fonds d’archives généraux : Bibliothèque nationale (Estampes), Institut français d’architecture (XIXe-XXe siècles), documentation du musée d’Orsay (architecte, commune).
  • Archives administratives : documentation du service régional de l’inventaire, STAP (Service Territorial de l’Architecture et du Patrimoine), archives communales.
  • Archives privées du propriétaire.

Sous quelle forme s’effectue le rendu de l’étude ?

Le rendu d’une étude historique peut prendre deux formes :

  • Un rapport « scientifique » exhaustif, comportant un texte complet de l’histoire du domaine et du monument, une chronologie, un plan de restitution et de datation, un recueil iconographique.
    • La taille est variable selon les archives disponibles (entre 50 et 200 pages).
    • Il peut vous servir également comme appui pour vos demandes de subventions, comme outil préalable à des projets de travaux, comme support de formation du personnel à l’histoire de lieu… et aussi dans le cas de la vente du bien.
  • Un document plus « grand public », synthétisant le rapport scientifique, largement illustré (documents anciens, mais aussi photographies actuelles et parfois même dessins originaux), utilisant des outils didactiques efficaces (chronologie, schémas et tableaux).
    • A partir de ce document, vous pourrez assurer la publication d’un « beau » livre, illustrer des plaquettes de présentation de votre hôtel, apporter du contenu au site internet…
    • Le cabinet peut se charger de l’impression d’un livre ou d’une plaquette.

 

N’hésitez donc pas à me contacter et à diffuser autour de vous !

Gerberoy - Jardins

Les stations de métro de Paris

06 jeudi Oct 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Paris, XXe

Paris (et son agglomération) compte 302 stations de métro, sans compter les stations fantômes, fermées ou tout simplement jamais mises en service.

Ouvert en 1900, le métropolitain parisien a peu à peu étendu ses ramifications et multiplié ses arrêts. Les parisiens ont donc désormais la chance (et quelle chance, beuh…) de pouvoir aujourd’hui emprunter 16 lignes (les 14 plus la 3bis et la 7bis). Et qui dit stations, dit nom de station.

Métro parisien - Saint-MichelD’où viennent ces noms ? D’une réalité géographique et urbaine (quartier, gare, porte – il y a 23 stations comportant le mot « porte »…), d’une personnalité, etc… Pour ceux qui ont tendance à oublier les racines chrétiennes de la France, sachez que 43 stations portent un nom faisant référence au christianisme. Il n’est pas question de répertorier dans ce bref article l’ensemble des noms de stations de métro de Paris. Seulement quelques-unes, que nous empruntons quotidiennement ou moins souvent, sans savoir à quoi ou à qui elles font références.

Les Bretons débarquent à Paris à Montparnasse-Bienvenüe. La station rappelle l’œuvre de Fulgence Bienvenüe, breton, inspecteur général des Ponts et Chaussées, mais surtout créateur du métro. C’est ainsi que le 19 juillet 1900, il inaugure la ligne Porte-Maillot – Porte de Vincennes, l’actuelle ligne 1. Hé non, ce n’est en rien lié au chaleureux accueil et à l’amabilité coutumière des Parisiens.

Une promenade dans le XVIe arrondissement – c’est rare, mais ça peut arriver – nous mène parfois à la station Jasmin. Ici, pas de parfum léger tout droit venu de Chine, seulement un pseudonyme d’un obscur (en tout cas pour moi) poète et coiffeur (sic) occitan dénommé Jacques Boé, dit Jasmin. Dont acte.

Vavin ? C’est le nom d’un homme politique du XIXe siècle, député. Il faut avouer que la station est plus connue que le personnage. Et ce n’est pas, comme m’avait dit un jour un conducteur de bus facétieux ou éméché « la rue du Vin, mais je préférerais Varhum ».

Métro parisien - AbbessesLe quai de la Rapée n’a rien à voir avec du fromage en petits morceaux : c’est le nom d’un personnage suffisamment illustre pour qu’il n’ait laissé en souvenir qu’un quai.

La station Abbesses fait référence à l’abbaye de Montmartre, fondée au XIIe siècle et fermée à la révolution. Bon, évidemment, il n’y avait qu’une seule abbesse en même temps. Le lecteur qui trouve pourquoi le nom est au pluriel gagne ma plus grande considération.

Gaîté : la station tire son nom de la rue de la Gaîté, elle-même nommée ainsi pour ces lieux de plaisirs plus ou moins moraux. C’est toujours le cas…

Métro parisienPlus pieuse, la station Jourdain (la seule de cette liste que je n’ai jamais empruntée, sauf mémoire défaillante) est dédiée au Jourdain, oui, le fleuve, car elle donne sur la rue du même nom, menant à l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville.

Quant au Pont-Marie, il a été nommé en l’honneur de Monsieur Marie, pas celui des tartes et plats préparés. C’est l’ingénieur qui le construisit au début du XVIIe siècle !

Et à votre avis, à quoi ou à qui la station Blanche fait-elle allusion ? A Francis ? A Blanche-Neige ou de Castille ? A la coco qui y est quotidiennement distribuée ?

Vous vous coucherez moins bêtes ce soir ?

Question subsidiaire : sauriez-vous retrouver la station qui portait jadis mon nom de famille ?

La cathédrale Saint-Louis de Versailles (II)

30 jeudi Juin 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Versailles, XVIIIe

Poursuivons notre découverte – commencée la semaine dernière – de la cathédrale Saint-Louis de Versailles, grâce à Jean-Baptiste Champion !

L’église Saint-Louis est un superbe édifice religieux, qui constitue un mélange réussi d’architecture italienne issue de la Contre-Réforme et de classicisme français fortement structuré, mais adouci par le rocaille Louis XV. L’architecte a par ailleurs glissé quelques clins d’œil rococos venus d’Europe de l’est, sans doute pour plaire à la reine Marie Leczinska. Il est vrai que les campaniles galbés à la couverture bulbeuse encadrant la façade sont assez inhabituels en France. Le reste, notamment le plan intérieur en croix latine avec déambulatoire est tout à fait traditionnel en France depuis l’époque gothique. Louis XV, puis Louis XVI, firent appel aux plus grands artistes du temps pour le mobilier et les décors intérieurs. Or, contrairement à l’église Notre-Dame qui a énormément souffert à la Révolution, Saint-Louis au contraire a été miraculeusement préservée. Le visiteur d’aujourd’hui a donc la chance de voir cette église avec quasiment tout son mobilier et ses décors d’origine, ce qui, il faut bien le dire, est particulièrement rare en France. Le XIXe siècle est venu embellir encore l’ensemble, notamment par l’ajout de vitraux qui ont certes fait perdre en luminosité, mais dont on ne peut nier la qualité de réalisation (cf. les deux superbes vitraux de la manufacture de Sèvres dans la chapelle de la Vierge).Cathédrale Saint-Louis - Versailles

Pour ce qui est du mobilier, voici ce que vous pourrez admirer.

– Les lustres en cristal. Suspendus à leur gaine de velours rouge, ils éclairent l’ensemble de l’édifice d’un bout à l’autre. Les six lustres se trouvant dans le choeur ont été offerts en 1760 par la reine Marie Leczinska elle-même.

– Les bénitiers et les fonds baptismaux. Ils ont été sculptés dans le marbre par le sculpteur Louis-Etienne Hersent (1741-1817). Les superbes bénitiers de marbre blanc adoptent la forme de grandes coquilles reposant sur des pieds en gaine.

– La chaire à prêcher et le banc d’oeuvre. Tous deux d’origine également, ils sont placés l’un en face de l’autre juste avant le transept. La chaire est assez sobre, ornée seulement d’un panneau central sculpté du triangle de la Trinité et couverte d’un bel abat-voix. Le banc d’oeuvre, lui, où ces messieurs du syndic de la paroisse venaient s’installer pendant l’office, est superbement sculpté. Il est surmonté de deux angelots encadrant les initiales S.L. (Saint-Louis) et soutenant la couronne royale.

Versailles - Cathédrale Saint-Louis - Orgue– Les grandes orgues. Elles sont absolument exceptionnelles, sans doute parmi les plus belles de France. Commandées en 1759 par le roi Louis XV au plus grand facteur d’orgue du temps, Louis-Alexandre Clicquot (1684-1760), elles ont été achevées par son fils François-Henri (1732-1790). Elles mesurent 12 mètres de haut et sont posées elles-mêmes sur une grande tribune de pierre à 15 mètres de hauteur. L’instrument comporte plus de 3 000 tuyaux, dont plus de la moitié sont d’origine. Mais seuls 90 sont visibles en façade. Il pèse très très lourd, 53 tonnes. Inauguré en 1761, il a fêté ses 250 ans en 2011.

En faisant le tour de l’église, vous pourrez admirer un certain nombre de chapelles, dont la plupart conservent leurs confessionnaux du XVIIIe siècle. Tous les autels sont surmontés de retables dont les tableaux furent sélectionnés au Salon de 1761 :

– Chapelle des fonds baptismaux, avec Le Baptême du Christ, très beau tableau de Charles-Amédée Van Loo (1719-1795).

Versailles - Cathédrale Saint-Louis - Monument au Duc de Berry– Chapelle Saint-Charles. Cette chapelle est connue pour accueillir depuis la Restauration le Monument du duc de Berry. Un soir de février 1820 à Paris, Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry, neveu du roi Louis XVIII, sort d’une représentation à l’opéra vers 11h du soir. Un ouvrier nommé Louvel se jette sur lui et lui plante une alêne de cordonnier dans le coeur. De l’aveu de l’assassin, c’était la race des Bourbons elle-même qu’il voulait éteindre en assassinant le seul membre de la famille qui pouvait encore avoir des enfants mâles. Mais durant sa longue agonie, le duc de Berry révèle que sa femme est enceinte. Au mois de septembre suivant, elle accouchera d’un petit garçon, nommé Henri, que l’on appellera alors « l’enfant du miracle ». En souvenir de cet assassinat, la ville de Versailles, ville natale du duc de Berry, décida de lui ériger ce monument. Elle fit appel à l’un des plus grands sculpteurs de l’époque, James Pradier (1790-1852), qui réalisa ce magnifique groupe sculpté en marbre, où le prince est représenté mourant dans les bras de la Religion. Sur le côté du monument est gravée la phrase que le prince répéta plusieurs fois durant son agonie, sachant le sort qui allait être réservé à son assassin : « Grâce ! Grâce pour l’homme ! ». Louvel fut néanmoins guillotiné quatre mois plus tard en place de Grève…

Versailles - Cathédrale Saint-Louis - Chaire– Chapelle Saint Jean-Baptiste : outre un superbe tableau de François Boucher représentant Saint Jean-Baptiste prêchant au désert, on y trouve surtout un vestige très émouvant du vieux Versailles. En effet, c’est dans cette chapelle qu’a été placé l’ancien autel de la vieille église Saint-Julien que Louis XIV avait fait détruire. Il avait été préservé à cette époque et fut replacé ici lors de la construction de la nouvelle église Saint-Louis. Parvenu intact jusqu’à nous, il constitue un élément essentiel de l’histoire de Versailles. Les panneaux, sculptés dans le chêne au début du XVIIe siècle, représentent : à gauche, saint Joseph et l’Enfant-Jésus. Au centre, sur le tabernacle, le baptême du Christ. A droite, Sainte Elisabeth de Hongrie faisant l’aumône aux pauvres.

Je m’arrête là et vous laisse continuer la visite seuls… Il n’y a que des belles choses à voir !

Mais au fait, et la cathédrale dans tout ça ? Et bien, aussi surprenant que cela puisse paraître, vous savez maintenant que cette énorme église Saint-Louis n’était qu’une simple église paroissiale jusqu’à la Révolution. Mais lorsque les départements furent créés, Versailles devint préfecture et siège d’un nouvel évêché. Le nouvel évêque dut donc choisir une des églises pour en faire une cathédrale. Après avoir hésité, il finit par choisir Saint-Louis qui était la plus grande église de la ville. Voilà, vous savez tout !

La cathédrale Saint-Louis de Versailles (I)

23 jeudi Juin 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Versailles, XVIIIe

J’ai aujourd’hui la joie de laisser la plume à Jean-Baptiste Champion, que les lecteurs d’Artetvia connaissent pour son activité de marchand d’art. Jean-Baptiste est avant tout un historien de l’art, passionné par sa ville : Versailles. Il nous propose de découvrir un monument méconnu de la cité royale : la cathédrale Saint-Louis.

Il serait injuste de parler de ce superbe édifice religieux sans évoquer le vieux Versailles… Et oui, contrairement à ce que beaucoup pensent, Versailles n’a pas été construit de toute pièce par Louis XIV. On peut facilement être tenté de se représenter l’ancien petit château de Louis XIII, isolé sur sa butte, au milieu de nul part. Et bien non, ce château (qui fut lui-même précédé d’un logis seigneurial) se trouvait à proximité d’un village de 300 habitants et de son église paroissiale du Moyen-Age, l’église Saint-Julien. Et le nom de ce village était déjà… Versailles. Difficile d’imaginer lorsqu’on se promène dans la ville royale, aujourd’hui préfecture des Yvelines (90 000 habitants), si rectiligne et si classique dans son architecture, qu’elle fut avant le XVIIe siècle un petit village médiéval aux ruelles tortueuses, dont les maisons se regroupaient autour d’une petite église gothique et d’un cimetière aux tombes très anciennes… De cette époque, il ne reste rien ou presque…

Versailles - Plaque de rue du XVIIIe siècleLorsque Louis XIV décide de faire de Versailles le siège du gouvernement, il ordonne en 1679 la destruction du village, de l’église Saint-Julien et de son cimetière, dans le but d’agrandir le château et de faire du vieux Versailles un nouveau quartier. Celui-ci constituera le pendant sud du quartier Notre-Dame que le roi fait sortir de terre ex nihilo au nord du château. Mais si le tout nouveau quartier Notre-Dame est doté d’une superbe église paroissiale dès 1686 (par l’architecte Hardouin-Mansart), le vieux Versailles, lui, se retrouve privé de son église d’origine et ses habitants obligés d’aller à la messe dominicale à Notre-Dame. Ceux-ci s’en plaignent d’ailleurs énergiquement, considérant qu’il est tout à fait anormal de devoir aller si loin pour assister au culte… 300 mètres au moins! Louis XIV leur a pourtant promis une nouvelle église, mais il n’aura jamais le temps de la construire. Et lorsqu’il meurt en 1715, il n’y a toujours qu’une seule paroisse à Versailles. Les habitants du vieux Versailles (ils sont tout de même 4 000 à la fin du XVIIe siècle) qui vont tous à la messe bien-sûr, seront privés d’église pendant plus de 40 ans.

Versailles - Eglise Notre-Dame

Versailles – Eglise Notre-Dame

Dix ans après la mort du grand roi, en 1725, une petite chapelle Saint-Louis est  édifiée en face du potager du roi. Mais elle ne mesure que 30 m de long, ce qui est très insuffisant pour les milliers d’habitants du quartier (qui devient peu à peu le quartier Saint-Louis), et le dimanche, la chapelle est pleine à craquer. Cette situation va encore durer 15 ans… Enfin, sous la pression de plus en plus importante des habitants du quartier, le roi Louis XV décide de faire construire une vraie église paroissiale, suffisamment grande pour accueillir tout le monde. Et cette fois-ci, on va voir les choses en grand ! Construite au même endroit que la chapelle, la nouvelle église Saint-Louis est prévue plus grande encore que Notre-Dame : 93 mètres de longueur à l’intérieur et 26 mètres de hauteur sous les voûtes. Contre toute attente, Louis XV ne choisit pas Gabriel, son architecte attitré, pour ce grand projet. Il nomme Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1711-1778), le petit-fils de l’architecte de Notre-Dame, sans doute pour inscrire la nouvelle église royale dans une filiation illustre. Celui-ci va s’acquitter de cette tâche avec brio.

Versailles - Cathédrale Saint-Louis

Versailles – Cathédrale Saint-Louis

Le sol étant marécageux, il commence par asseoir les fondations de la future église sur une immense plateforme en bois, immergée à la manière de la célèbre Corderie de Rochefort. Une fois ces fondements réalisés, la première pierre est posée par l’archevêque de Paris le 12 juin 1743, en présence de Louis XV. La construction sera longue… 12 ans ! En comparaison, Notre-Dame fut édifiée en deux ans seulement! Le gros oeuvre est terminé dans le courant de l’année 1754 et la bénédiction de la nouvelle église Saint-Louis a lieu le 24 août. Enfin ! Ce quartier de Versailles aura été privé d’église paroissiale digne de ce nom de 1679 à 1754, c’est à dire pendant 75 ans. Cependant, cette inauguration tant attendue se fait sans tambour ni trompette, car ce jour-là, le roi et la cour sont absents… Ils auraient bien aimé venir, mais ils sont retenus au château car la Dauphine vient d’accoucher d’un petit prince : c’est le petit duc de Berry, futur Louis XVI.

La suite, que vous attendez certainement tous avec impatience, sera publiée jeudi prochain. D’ores et déjà, merci Jean-Baptiste !

Mon trésor est en Touraine

19 jeudi Mai 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Touraine, Villes et villages

Montrésor ! Il faut avouer qu’avant même de connaître le village, son nom parle en sa faveur. Il est situé dans le sud de la Touraine, à proximité de Loches, dans le département qui accueille aussi les communes d’Avoine, du Boulay, de Chinon, de Crotelles ou de Villeperdue…

C’est la plus petite commune du département en terme de superficie : 98 hectares, pour 350 habitants. Et pourtant, son aura dépasse largement ses voisines, de par son histoire et ses monuments.

Montrésor - Vue du châteauMontrésor, c’est d’abord un château, perché sur sa butte autour de laquelle s’étend le village. Dominant l’Indrois, à la fois massif et de belle proportion, il a été érigé par le comte d’Anjou Foulques Nerra (965-1040), sans doute à partir d’un bâti existant. Jusqu’au XIIIe siècle, il appartient aux Plantagenêts, via les Anjou. A la Renaissance, il est embelli par Imbert de Batarnay qui construit un grand et élégant logis, toujours existant. Les années passent et le château connaît divers propriétaires qui l’entretiennent plus ou moins bien, avant de tomber en 1849 entre les mains d’une riche famille polonaise, les comtes Branicki, qui rachètent en même temps la moitié du village. Depuis, les Branicki ont eu le dos suffisamment large pour pouvoir garder le château jusqu’à aujourd’hui et ouvrir à la visite les principaux bâtiments et leurs intérieurs, avec un mobilier et une décoration de grande valeur. N’hésitez pas à en pousser la porte, cela vaut vraiment le coup !

Montrésor- CollégialeAutre fierté légitime des Montrésoriens : la collégiale Saint-Jean-Baptiste. On la doit à nouveau à Imbert de Batarnay, qui y repose désormais – admirez son superbe gisant à gauche en entrant. Au XVIIIe siècle, de collégiale, l’église change d’affectation pour devenir église paroissiale. Passée la tourmente révolutionnaire qui a en partie saccagé le lieu, l’église est restaurée, notamment par les Branicki. Un clocher est élevé en 1875. Aujourd’hui, nous pouvons admirer un bel ensemble architectural, dont les différents styles architecturaux sont visibles mais harmonieusement assemblés. La nef est vaste, les splendides verrières venant apporter une belle lumière qui colore la pierre blanche. Notez deux passages berrichons, passages voutés en bas-côté permettant d’accéder aux chapelles situées au niveau de la dernière travée du chœur. Admirez, outre le tombeau des Batarnay, la superbe Annonciation de Philippe de Champaigne et quatre tableaux de Marcello Fogolino, peintre italien de la fin de la Renaissance. Les stalles sculptées sont du XVIe siècle et de grande beauté. Pour une église de village, c’est quand même pas mal…

Enfin, dernière curiosité qui mérite le détour comme dirait bibendum, le village lui-même, classé parmi les Plus beaux villages de France. Perdez-vous dans les ruelles bordées de maisons anciennes, promenez-vous le long de l’Indrois, un parcours bucolique embrassant tout le village le surplombant, avec ses lavoirs, son bélier hydraulique, son pont métallique forgé dans les ateliers d’Eiffel, l’ancienne chapelle Saint-Roch, etc…

Alors venez visiter et admirer Montrésor !

Montrésor - Le village

Trèves, ville impériale

07 jeudi Avr 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Allemagne, architecture, Villes et villages

Une fois n’est pas coutume, franchissons la frontière pour faire connaissance avec une ville allemande. Il y a quelques mois, nous avions pu visiter Dinkelsbühl, cité aussi jolie que méconnue. Aujourd’hui, restons de « notre » côté du Rhin, traversons le Luxembourg et découvrons Trèves. Plurimillénaire, la ville possède une longue et prestigieuse histoire. Dont il reste de beaux vestiges. De ceux-ci, un unique article d’Artetvia ne suffirait pas à présenter toutes les facettes, tant elles sont nombreuses.

Voici donc quelques joyaux d’un bien beau trésor.

Trèves est avant tout une ville romaine, considérée comme une « deuxième Rome ». Choyée par les empereurs, elle conserve divers monuments de l’époque où elle régnait sur un immense territoire.

Trèves - BasiliqueLa basilique de Constantin étonne par sa taille. Comme son nom l’indique, le célèbre empereur en fut l’initiateur et le premier occupant, puisqu’elle lui servait de salle du trône. C’est la plus grande pièce de l’époque romaine qui nous soit parvenue intacte. Il est vrai que l’ensemble est impressionnant : 33 mètres de haut (un immeuble d’une dizaine d’étages), un puissant plafond à caissons pas d’époque, de larges et hautes fenêtres. Même l’orgue contemporain est extrêmement imposant – et pas très beau. Les murs sont construits en fines briques, autrefois couvertes d’un crépi, disparu depuis des siècles. Aujourd’hui temple protestant, la basilique reste un témoignage émouvant de la grandeur de Rome « hors d’Italie ». Elle est en partie masquée par le palais du Prince électeur. D’un style très rococo, bien chargé d’angelots joufflus et fessus, de dorures et de crème chantilly, il contraste avec l’austérité de la basilique. Le parc attenant offre une perspective vers les thermes impériaux, dont les vestiges sont vraiment imposants.Trèves - Palais

Autre monument romain, la Porta Nigra (que je n’ai vue que de loin par manque de temps, hélas, et puis, sous la pluie, c’est moins joli), le symbole de la ville par excellence. Ce n’est pas une simple porte mais un large et profond bâtiment. Une partie a servi d’église pendant plusieurs siècles. Non, elle n’est pas construite en pierres volcaniques ! Son côté « nigra » lui vient tout simplement de la patine du temps, sur des pierres originellement claires.Trèves - Porta Nigra

La cathédrale et l’église Notre-Dame qui la jouxte offrent un panorama sur l’évolution de l’architecture sacrée de la région. Si l’église Notre-Dame d’un pur style gothique est assez élégante avec sa forme en croix grecque, quoiqu’un peu froide et défigurée par un mobilier contemporain, la cathédrale est un magnifique et très imposant bijou de l’art roman rhénan. L’édifice est gigantesque et pourtant au IVe siècle, l’ensemble était quatre fois plus étendu (il y avait 4 basiliques), prouvant la renommée et la richesse de la ville. On dit que sainte Hélène en personne en posa la première pierre. La décoration est en grande partie baroque, avec quelques chefs d’œuvre comme plusieurs tombeaux d’évêques, un chœur assez élevé et un buffet orgue très… particulier.

Trèves - Cathédrale et église Notre-Dame

Il y a quantité d’autres monuments à visiter, mais une seule journée ne suffit pas : le plus vieux pont d’Allemagne, la tour des Francs, l’ancien amphithéâtre… et la maison natale de Karl Marx ! Pour finir, n’hésitez pas à déambuler dans les charmantes rues anciennes, la grand’place où même le McDo sait rester discret…

A voir et revoir !

De l’architecture décorative : la fabrique

04 jeudi Fév 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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architecture

Une fabrique ? Le mot est polysémique bien entendu. L’autre terme pour l’usine ou l’atelier de fabrication ? Ce n’est pas ça. Le « conseil économique » de la paroisse, toujours établissement public en Alsace-Moselle ? Vous n’y êtes pas non plus.

Pour vous aider, cherchons dans le Larousse, qui donne cette définition : « Petit temple, ruine ou autre construction de fantaisie servant à l’ornementation d’un jardin (particulièrement à l’anglaise), d’un parc paysager. ».

Hé oui, une fabrique est une construction ornementale. Certains lui accolent le substantif « de jardin », puisque en effet, il s’avère que ces monuments sont placés le plus souvent dans ce lieu.

Avant toute chose, la fabrique est ornementale ; c’est même son objectif premier. C’est un monument d’agrément pour les yeux : dans un univers naturel, jardin ou parc, plus ou moins modelé par l’homme, la présence d’une construction humaine permet de rythmer la promenade, quand elle n’est pas son but, et d’unir esthétiquement le végétal et le minéral.

Ermenonville

Ermenonville

La fabrique est une construction : un amas de rochers présent naturellement ne rentre pas dans cette catégorie. En revanche, une grotte artificielle, un faux dolmen est une fabrique.

Enfin, beaucoup d’entre elles ont un objectif également utilitaire : c’est un lieu de détente et de rafraîchissement, du style « Baguenaudons gentiment à travers prés et reposons nous à l’ombre de la pagode », ou bien du style « O Melpomène, viens inspirer mes vers tel un nouvel Orphée ». Bon, moins poétiquement, elles peuvent servir aussi de remise pour les râteaux, binettes et autres fourches.

Cette mode nous vient, dit-on, d’Angleterre, où l’art des jardins atteint son apogée au XVIIIe siècle. L’époque est au romantisme, à l’exotisme et au classicisme et les immenses parcs des châteaux anglais voient fleurir des constructions dédiées à l’agrément : temples et ruines antiques, pagodes et pyramides, chaumières et fermes.

Schönbrunn

Schönbrunn

Certaines peuvent avoir une taille conséquente : l’exemple le plus connu est sans doute le hameau de la Reine à Versailles, qui regroupe une ferme, une laiterie, une grange, un colombier, un moulin, etc… : la Reine voulait sans doute respirer un peu, retrouver les joies simples et s’imaginer vivre une grande aventure (un peu comme nos bobos parisiens qui louent à prix d’or des cabanes dans les arbres, avec lait de soja bio et toilettes sèches en prime).

Au XIXe siècle, la mode change un peu : on continue à apprécier grottes et sources, on y ajoute des tours gothiques, des pagodes chinoises. Elle se poursuit au XXe siècle suivant, dans une moindre mesure, faute d’espace et d’argent. On note par exemple les fabriques du château de Groussay (Yvelines), érigées après la seconde guerre mondiale, conservant une source d’inspiration très classique.

Staunton Country Park

Staunton Country Park

Bon nombre d’entre elles sont d’une belle qualité architecturale. Et de grands artistes se sont prêtés à l’exercice : Vignole à Bomarzo, Jean-François Leroy, architecte du Prince de Condé, à Chantilly, Hubert Robert pour le Parc Jean-Jacques Rousseau, Augustin Pajou pour le Cénotaphe de Cook au château de Méréville, etc.

Près de Paris, vous pouvez aussi visiter le Désert de Retz à Chambourcy, Bagatelle bien entendu, le parc de Jeurre, la Folie Saint-James à Neuilly.

Désert de Retz

Désert de Retz

Les Ganuchaud, une famille au service du patrimoine – II : le Fils

10 jeudi Sep 2015

Posted by hilaire in Arts divers, Entretien avec un artiste, Patrimoine

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architecture

Il y a quelques mois, Artetvia vous proposait en entretien avec Marc Ganuchaud, architecte du patrimoine, qui nous a présenté de manière vivante et vraie son métier, notamment au service de la ville de Saumur, qui compte près de 50 monuments historiques. Aujourd’hui, nous rencontrons Joachim Ganuchaud, son fils, architecte lui aussi, qui évoquera d’autres aspects, non moins intéressants, du métier.

Bonjour Joachim, comment ta vocation d’architecte t’est-elle venue ? J’imagine que ta famille n’y est pas étrangère…

Château d'ApremontIl faut l’avouer, j’ai indéniablement été influencé par mon père et mon grand-père. Cela dit, le choix de la carrière d’architecte n’est pas venu d’eux, mais de moi ! Il est vrai que très tôt, j’ai été confronté à la « réalité » de l’architecture. Pour moi, ce n’était pas un mot abstrait vide de sens : c’était d’abord la table à dessins, les innombrables stylos, les maquettes, les photos qui encombraient le bureau de mon père. Ensuite, ce sont les chantiers, que je partais visiter avec lui ; cela me plaisait beaucoup. Et puis, j’ai vu de mes yeux la construction d’une maison : celle de notre famille. A partir d’une ruine très ancienne, nous avons reconstruit une belle bâtisse, bien agencée, pratique et très belle à la fois. Cela m’a beaucoup marqué ! Pour moi, observer qu’à partir d’une idée et différents matériaux (sable, bois métal, pierre) que l’on assemble, on peut réaliser une construction habitable, a toujours été fascinant. L’architecture c’est cela : on imagine un concept, on le mûrit doucement, on le dessine (deux dimensions), on construit une maquette (trois dimensions) et enfin on construit le bâtiment. Outre l’aspect programmatique, c’est avant tout une question de forme et de structure, le reste (matériaux, couleurs, textures, etc.) viendra ensuite.

Ce n’est pas tout de vouloir faire ce métier, encore faut-il le pouvoir !

J’ai commencé très jeune, en construisant des Lego et des cabanes dans les arbres ! Plus sérieusement, j’ai passé l’option arts plastiques au bac avec une thématique sur le patrimoine en péril. Ensuite, je suis entré à l’école d’architecture de Nantes. En 5ème année (sur les 6 ans d’études), je suis parti à Hambourg, en Allemagne.

 

Hôtel Mercy-Argenteau

Avant le passage de l’architecte… (cliquez sur les photos, cela rend mieux)

Hôtel Mercy-Argenteau

...après

Pourquoi Hambourg ?

L’école de Nantes est réputée, mais reste très conceptuelle. A l’occasion d’un échange entre mon école et celle d’Hambourg, organisé en 4ème année, j’ai pu découvrir une autre facette et une autre approche de la formation au métier d’architecte. Et j’ai trouvé cela génial. J’ai donc décidé de passer une année complète en Allemagne et d’y faire mon stage de fin d’étude. Là-bas, un peu comme à Nantes, mais en beaucoup plus grand, nous avions un terrain d’expérimentation « grandeur nature », avec la réhabilitation des friches portuaires. J’ai beaucoup appris, notamment l’importance des détails et l’urbanisme. Cela m’a bien servi par la suite. En effet, c’est bien d’avoir un excellent concept, mais le diable et la qualité d’un dossier se niche dans les détails ! Nous vendons de la réalité, pas un simple plan.

Diplômé en 2003, j’ai rejoint l’agence de Pascal Prunet, architecte en chef des Monuments Historiques.

Un nouveau domaine…

Joachim GanuchaudOui et non. Par exemple, à Nantes, j’avais suivi un séminaire organisé sur ce thème : nous étions très peu nombreux. Rétrospectivement, je me rends compte que c’est assez affolant : dans le cursus commun, il y avait très peu d’histoire de l’architecture. Cela paraît impensable et pourtant, c’est vrai : on inculque aux élèves un amas considérables de notions, sans savoir d’où elles viennent. Sans racines, on risque de faire n’importe quoi !

Pour parfaire ma formation, en plus de mon travail à l’agence Prunet, j’ai suivi l’école de Chaillot qui m’a donné le titre d’architecte du patrimoine.

Cela m’a permis de me confronter au terrain en connaissance de cause, les cours de l’école de Chaillot étant la « théorie », le travail à l’agence, la « pratique ». Le travail était passionnant : établissements de relevés – c’est-à-dire, l’ensemble des mesures d’un bâtiment – et d’état sanitaire (noter tout ce qui est dégradé), études historiques, structuration de Projets Architecturaux Techniques pour validation par un inspecteur de la commission des Monuments Historiques….

J’ai eu la chance d’intervenir sur des projets très intéressants : les remparts de Guérande, le château d’Apremont, la flèche de l’église Saint-Nicolas de Nantes, reconstruite par mon grand-père dans les années 1950, le château de Tiffauges…

Et maintenant ?

Depuis quelques années, je travaille quasi uniquement pour la réhabilitation d’immeubles parisiens. Cela permet d’allier les aspects patrimoniaux et la créativité de l’architecture actuelle. De nouveaux aspects sont apparus, moins prégnants dans les dossiers de Monuments Historiques : les délais, la gestion des entreprises du bâtiment, les permis de construire, la réglementation, le travail avec d’autres corps de métier comme les paysagistes…

Actuellement, je commence un chantier de réhabilitation lourde de plus de 20 000 m2, avec un bâti très hétérogène (des bâtiments du XIXe siècle, d’autres des années 1950) : le défi est de trouver de l’homogénéité là-dedans pour obtenir un ensemble architectural cohérent. C’est passionnant !

Hôtel Mercy-Argenteau

Avant

Hôtel Mercy-Argenteau

Après

Parlons un peu de la règlementation, est-ce contraignant ?

Oui, il faut le reconnaître. Et de plus en plus. Les normes handicapés, les normes de sécurité, les normes de développement durable… C’est une réelle contrainte, mais il faut être malin et ne pas se laisser accaparer. Au final, je me rends compte que cela ne bride pas trop l’imagination et la créativité, peut-être que cela me pousse à être encore plus créatif ! Et je citerai là le grand architecte André Bruyère qui disait que « l’Architecture, c’est mouler une tendresse sur une contrainte »

Plus de dix ans après tes débuts, quel regard portes-tu sur le métier ?

Cela me fascine toujours, heureusement. C’est un métier très complet : c’est à la fois conceptuel, créatif et aussi très concret. L’esthétique, quoiqu’on en dise est toujours essentielle dans un projet architectural. Après, au contact de mes prédécesseurs, j’ai appris la rigueur de la réflexion… et de la pratique. C’est bien d’avoir de belles idées, mais il faut être précis et rigoureux, sinon, c’est fumeux. Après, l’architecte ne peut pas tout : si le maître d’ouvrage tire vers le bas, avec toute la bonne volonté du monde, il sera difficile à l’architecte de créer un bâtiment de qualité.

L’éternelle question est vraiment : que va-t-on laisser aux générations suivantes ? L’architecture a ceci de particulier qu’elle est un art dont les œuvres durent, très longtemps parfois, donc autant ne pas se tromper et bien faire !

Merci Joachim !

Salers, au cœur du Cantal

03 jeudi Sep 2015

Posted by hilaire in Patrimoine

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Auvergne, Cantal, Villes et villages

C’est la rentrée ! Pour garder un air de vacances, Artetvia vous propose de découvrir un morceau de Cantal et plus précisément Salers.

Salers ? Vous connaissez certainement tous ce nom. Pour certains, c’est une race bovine à la robe acajou et portant fièrement ses cornes en forme de lyre ; pour d’autres, c’est un fromage, assez proche du cantal, élaboré uniquement en ferme – c’est d’ailleurs le fromage AOC français dont le cahier des charges est le plus strict.

Mais surtout, Salers est un village ! Juché sur son éminence volcanique, il domine la vallée de la Maronne, affluent de la Dordogne, qui parcourt une vallée particulièrement encaissée. Nous sommes aux pieds du massif cantalien, vestige d’un ancien strato-volcan de plus de 50 kilomètres de diamètre, le plus étendu d’Europe (attention, s’il se réveillait…), à près de 1 000 mètres d’altitude. Avant d’aller plus avant dans sa découverte, sachez que le « s » final ne se prononce pas : ça fait parisien ou plouc.

Son histoire est ancienne et prestigieuse. D’ailleurs, le visiteur est étonné de visiter tant de beaux monuments pour une si petite bourgade : hé oui, la commune ne compte que 345 habitants, écarts compris.

Salers - Vue généraleIl n’en a pas toujours été ainsi. Il y a deux siècles, elle en comptait cinq fois plus. Des habitants visiblement assez remuants et difficiles à « administrer » : la famille Salers, bien qu’auréolée de plusieurs départs à la croisade, n’a eu de cesse de se disputer le pouvoir avec les « bourgeois », quand elle n’était pas occupée à régler ses propres querelles intestines. C’est ainsi qu’au XVe siècle, la ville prend seule la décision de se fortifier, lasse des raids de routiers anglais désœuvrés. Le roi donnera raison aux bourgeois contre leur seigneur qui contestait la chose ! Le siècle suivant verra la construction des principaux monuments actuels de la ville et l’obtention du baillage des monts d’Auvergne et d’un tribunal royal. La ville, jusque-là fortement rurale, se transforme en cité administrative – une ville de fonctionnaires quoi… En 1586, l’assaut des protestants fut repoussé : un tableau commémoratif existe toujours dans l’église Saint-Matthieu – à l’image de la chapelle d’Aurinques à Aurillac. Autre fait mémorable, le 21 janvier 1666, à l’issue des Grands jours d’Auvergne (sorte de cour de cassation mobile, présidée par un commissaire du roi), le marquis de Salers fut condamné à mort pour assassinat « condamné sur la fin, par contumace, à avoir le col coupé, à une forte amende et au rasement de sa maison », moralité le château de Salers n’existe plus !

Salers - Place Tyssandier d'EscousAprès la révolution, Salers perdit ses prérogatives administratives et son lustre en pâtit. La ville est devenue une bourgade à l’influence simplement locale, mais grâce à la restauration de son patrimoine, restauration un peu trop visible, à la limite de l’artificiel d’ailleurs, les touristes accourent.

Alors que visiter à Salers ?

Après avoir garé votre véhicule sur le parking le plus bas (gratuit, les autres sont payants et assez chers), montez prestement en direction de l’église Saint-Matthieu : reconstruite au XVe siècle, le bâtiment est superbe et en excellent état ; admirez en particulier au fond de l’église, une superbe Mise au tombeau polychrome, typique de la fin du XVe. Ignorant les magasins attrape-touristes qui proposent tous de l’aligot, des bobs « J’aime l’Auvergne », des tripoux et des vrais-faux couteaux de Laguiole, dirigez-vous vers la place Tyssandier d’Escous, du nom du restaurateur de la race bovine de Salers – son buste trône à la place des anciennes halles, malheureusement détruites : au centre du village, elle est entourée de jolies maisons Renaissance et notamment la maison dite du Baillage, qui ne l’a sans doute d’ailleurs jamais abrité… C’est beau et les jours de marché, les couleurs des étals contrastent avec la pierre sombre et froide des monuments. Auparavant, vous serez passés sous la porte du beffroi, vestige de l’ancien rempart.

Salers - Eglise Saint-MatthieuVous pouvez aussi prendre le temps d’admirer la Maison des Templiers, qui n’a de templier que le nom, les recherches historiques ayant démontré qu’elle n’a jamais accueilli qui ou quoi que ce soit en lien avec l’Ordre du Temple. Simplement, l’un de ses propriétaires Israël de Mossier (1685-1745) était commandeur de l’Ordre de Malte… La maison est aujourd’hui le siège du musée de Salers.

Salers - Vue du belvédère

Vue du belvédère

Vous pouvez aussi visiter pêle-mêle : la chapelle Notre-Dame de Lorette, à l’autre bout du village, en style néo-byzantin, la maison de la Ronade datant du XIIIe siècle, les hôtels particuliers et les rues pavées. Et puis, finalement, dirigez-vous vers le belvédère, qui permet d’embrasser du regard un superbe panorama sur les montagnes cantaliennes. Vous pourrez ainsi préparer « visuellement » vos randonnées vers le Puy Violent, le Puy Mary, ou le Puy Chavaroche, pour profiter à plein des richesses culturelles et naturelles de cette si belle région.

De bonnes vacances en perspective !

 

En réaction à cet article, un lecteur auvergnat – dénommé Jaja G. – tenait à signaler qu’à Salers, les mouches abondent et que le temps est mauvais trois jours sur quatre, surtout en été : n’aimant pas être dérangé par les touristes, ceci explique peut-être cela 😉

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