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Archives de Tag: XXe

Arvo Pärt, le grand

01 jeudi Juin 2017

Posted by hilaire in Artiste, Musique

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Estonie, XXe

Connaissez-vous Arvo Pärt ? Il est Estonien. C’est un compositeur né en 1935. L’un des plus grands toujours vivants. Ces pièces musicales sont belles. Voilà.

Ceux qui ont le courage d’aller plus loin peuvent donc lire cet abécédaire, pour avoir une connaissance « impressionniste » du compositeur. Comme il manque quelques lettres, je compte sur les lecteurs pour compléter.

A comme Alina : Für Alina marque un tournant dans la carrière d’Arvo Pärt ; c’est une pièce de transition entre la première partie de sa vie de compositeur durant laquelle Pärt suit la mode occidentale de son temps : le dodécaphonisme et le sérialisme, et la deuxième partie où la recherche du pur son le rapproche de la musique ancienne et notamment du plain-chant.

B comme Berlin : la ville qui l’accueillit, après un court passage à Vienne, suite à son exil forcé d’Estonie en 1980. Il y vécut près de vingt ans et c’est là qu’il composa ses plus beaux morceaux. Depuis, il est revenu dans son pays natal, même s’il a acquis la nationalité allemande et qu’il revient à Berlin régulièrement.

C comme collage sur B-A-C-H : une œuvre de jeunesse (1964), « amusante » dans sa structure, avec un thème Si-La-Do-Sib (comme les lettres composant le mot Bach), mêlant des passages qu’auraient pu écrire le cantor de Leipzig et des passages beaucoup plus contemporains.

D comme dodécaphonisme : le grand modèle de la jeunesse de Pärt – Avec le dodécaphonisme, la musique devient atonale et chacune des douze notes de la gamme ont une égale importance. Ecoutez du Schönberg, du Webern ou du Berg et vous verrez. C’est spécial quand même.

E comme écriture : l’écriture de Pärt est un long travail. Si certains compositeurs trouvent leur style très jeune, pour Pärt, ce fut un long et tortueux chemin. Passée la fougue de la jeunesse, il s’arrêta presque de composer pendant dix ans (1968-1976), le temps de mûrir sa propre esthétique. Bien lui en a pris car le résultat est somptueux.

F comme Fratres (1977) : la pièce que je préfère (et je ne suis pas le seul), surtout dans sa version pour violon et piano (moins dans sa version orchestrale). Les deux instruments dialoguent et se fondent. Le thème récurrent des accords frottés puis en pizzicato rythme la pièce. C’est magnifique.

G comme chant grégorien ou plutôt plain-chant : Arvo Pärt puise son inspiration dans le plain-chant et son économie – des longues et des brèves, pas de rythme au sens contemporain du terme mais des phrases entières comme de longues respirations. Pas de tonalité mais une musique modale.

I comme ingénieur du son : c’est le premier métier d’Arvo Pärt, ce qui lui donnera une certaine acuité sonore. Son son est précis et juste. Point trop n’en faut, juste le nécessaire pour exprimer l’essentiel.

J comme Josquin des Prés : le grand compositeur de la Renaissance (1450-1521), sur lequel Pärt travaillera, à une époque où ce répertoire était passablement oublié, comme source d’inspiration pour son écriture propre et non comme pastiche.

K comme Kanon Pokajanen (1997) : une œuvre majeure, commandée par la cathédrale de Cologne pour ses 750 ans. Le retour à la foi et à la musique sacrée de son enfance est ici patent.

L comme liturgie : Pärt n’est pas un liturgiste au sens propre du terme, mais l’influence de la liturgie orthodoxe est visible dans son œuvre chorale – cf. musique sacrée.

Arvo PärtM comme minimalisme : s’il fallait faire rentrer Pärt dans une case, pour ceux qui aiment ça, nous pourrions dire que c’est un compositeur minimaliste. En réalité, si sa musique est épurée, le sens qu’elle porte n’est pas a minima. Evidemment pour ceux qui aiment le style de Richard Clayderman ou celui de Gigi d’Agostino, il faut reconnaître que c’est assez éloigné du style de Pärt (même si on peut aimer et Pärt et Gigi d’Agostino).

O comme Ockeghem : autre grand compositeur ancien dont Pärt s’est fortement inspiré. Et puis, il fallait bien trouver un mot commençant par O.

P comme patrie : sa patrie c’est l’Estonie, en particulier Talinn ou Pärt fut formé et où il habite désormais. Au bord de la Baltique, c’est une ville mystérieuse et envoûtante qui a façonné le compositeur. C’est là qu’il a appris à jouer de la musique (piano, hautbois) et à écrire.

R comme Rakvere : petit village d’Estonie où Arvo Pärt apprit à jouer du piano. La légende dit qu’il était particulièrement faux, sauf les registres extrêmes et que cela a permis au compositeur de se diriger vers une autre musique et d’explorer d’autres possibilités.

– Passez les deux premières minutes de bla-bla…

S comme musique sacrée : s’il y a un compositeur actuel qui écrit de la musique sacrée, c’est bien lui. Et l’on sent que ce n’est pas un placage d’un texte anodin sur des notes, mais qu’il y a vraiment une méditation sur les paroles du texte. Ecoutez le Requiem ou le Magnificat, vous serez convaincus.

T comme tintinnabuli : le noyau fondateur de la musique de Pärt, à mi-chemin entre la simplicité du son des cloches, le mélange « fusionnel » des notes et des voix et les accents du chant orthodoxe.

U comme Union soviétique : Pärt eut à souffrir de la censure soviétique. D’abord parce qu’il adoptait les formes occidentales de musique contemporaine, donc forcément dégénérées, et surtout parce qu’il écrivait des pièces de musique sacrée. A l’époque où Dieu était mort, c’était un sacrilège !

V comme musique vocale : Pärt écrit aussi bien de la musique instrumentale que la musique vocale. Les enregistrements avec le Hilliard ensemble ont fait date !

C’est grand, c’est beau, n’est-ce pas ?

 

L’ensemble Velut Umbra en vidéo

04 jeudi Mai 2017

Posted by hilaire in Musique

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Concert, XXe

Les fidèles lecteurs d’Artetvia se souviendront peut-être des concerts pédagogiques organisés par l’animateur de ce site.

L’activité prenant de l’ampleur, un film de promotion a été tourné.

N’hésitez pas à la diffuser largement. Notre cible :

  • les écoles ;
  • les maisons de retraite ;
  • les centres de loisirs.

Mais aussi :

  • les particuliers : hé oui, cela nous est déjà arrivé. Un particulier ouvrant son salon à ses amis pour un concert privé. L’organisateur peut même demander une participation modique à ses invités – A vingt ou trente spectateurs, les frais sont remboursés et tout le monde a passé une excellente soirée, bien plus sympathique qu’un concert prestigieux à 150 euros la place !
  • les mairies : dans le cadre de la politique culturelle de la ville ou des actions en faveurs du public scolaire, etc… N’oubliez pas que, comme le dit Jacques Brel dans l’Aventure c’est l’aventure « La politique, c’est du show-business »
  • les entreprises : dans le cadre d’un moment de détente ou au milieu d’un séminaire de travail. Le lien avec les compétences requises en entreprise sont réels (clarté du discours, prise de parole en public, travail en équipe…).

Par avance, merci !

Ensemble Velut Umbra

Manon Iessel, l’enfance en dessin

10 jeudi Nov 2016

Posted by hilaire in Artiste

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dessin, Illustration, Jeunesse, XXe

Nombre de lecteurs d’Artetvia – et surtout de lectrices – ont certainement eu le plaisir de lire dans leur enfance les romans de Thérèse de Marnyhac, plus connue sous le nom de T. Trilby. Ces histoires charmantes, fraîches et très morales – ce qui n’exclut pas des passages plus difficiles (nous ne nageons pas dans de la guimauve ouatée, vraiment pas, relisez donc En avant !) – ont été illustrées pour la plupart d’entre elles par une artiste au style inimitable, aisément reconnaissable : Manon Iessel. Mais qui est-elle en réalité ?

Manon Iessel - Dadou gosse de ParisManon Iessel est née en 1909. Elle fut d’abord formée par son grand-père maternel, artiste de son état qui l’encouragea dans sa vocation de peintre et illustrateur. Sa mère elle-même était peintre amateur. Elle entra ensuite dans l’atelier d’Adrien Bruneau, peintre, décorateur, enseignant à l’école Boulle, créateur de la cinémathèque de la Ville de Paris.

Au début des années 1930, très jeune donc, elle débuta une très longue (30 ans) collaboration d’illustratrice pour les éditions pour la jeunesse Gautier-Languereau, célèbres pour son personnage de « bande-dessinée » pour enfants, mais peu appréciée par les Bretons, Bécassine (dessinée par Joseph Pinchon).

Manon Iessel - Coco de FranceElle illustra de très nombreux romans, notamment la plupart des œuvres de T. Trilby. On lui doit aussi des illustrations pour des revues de jeunesse (Bernadette, Ames vaillantes, Capucine…). Elle a travaillé également pour la publicité, en dessinant des affiches, cartes postales, pochettes de disques et même des catalogues de vêtements pour enfants. Elle finit sa vie modeste et tranquille en 1985.

Son style est à la fois très personnel et très « de son époque ». De son époque, car elle adopte les caractéristiques de l’Art Déco : un trait vif mais pas nerveux, clair, précis, presque géométrique. Très graphique. Très personnel, car on sent qu’elle savoure à croquer un enfant joufflu, une fillette espiègle, un garnement parisien. Son dessin est tout en sensibilité, sans sensiblerie, charmant et frais.

Manon Iessel - Jerry dans l'ombreLes aquarelles originales passent parfois en vente aux enchères. Les prix restent raisonnables.

Alors, si vous ou vos enfants lisez un roman de Trilby, prêtez attention aux dessins. Vous serez conquis, à n’en pas douter.

Manon Iessel - Fantaisies estivalesManon Iessel - Couverture de CapucineManon Iessel - Catalogue

Les stations de métro de Paris

06 jeudi Oct 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Paris, XXe

Paris (et son agglomération) compte 302 stations de métro, sans compter les stations fantômes, fermées ou tout simplement jamais mises en service.

Ouvert en 1900, le métropolitain parisien a peu à peu étendu ses ramifications et multiplié ses arrêts. Les parisiens ont donc désormais la chance (et quelle chance, beuh…) de pouvoir aujourd’hui emprunter 16 lignes (les 14 plus la 3bis et la 7bis). Et qui dit stations, dit nom de station.

Métro parisien - Saint-MichelD’où viennent ces noms ? D’une réalité géographique et urbaine (quartier, gare, porte – il y a 23 stations comportant le mot « porte »…), d’une personnalité, etc… Pour ceux qui ont tendance à oublier les racines chrétiennes de la France, sachez que 43 stations portent un nom faisant référence au christianisme. Il n’est pas question de répertorier dans ce bref article l’ensemble des noms de stations de métro de Paris. Seulement quelques-unes, que nous empruntons quotidiennement ou moins souvent, sans savoir à quoi ou à qui elles font références.

Les Bretons débarquent à Paris à Montparnasse-Bienvenüe. La station rappelle l’œuvre de Fulgence Bienvenüe, breton, inspecteur général des Ponts et Chaussées, mais surtout créateur du métro. C’est ainsi que le 19 juillet 1900, il inaugure la ligne Porte-Maillot – Porte de Vincennes, l’actuelle ligne 1. Hé non, ce n’est en rien lié au chaleureux accueil et à l’amabilité coutumière des Parisiens.

Une promenade dans le XVIe arrondissement – c’est rare, mais ça peut arriver – nous mène parfois à la station Jasmin. Ici, pas de parfum léger tout droit venu de Chine, seulement un pseudonyme d’un obscur (en tout cas pour moi) poète et coiffeur (sic) occitan dénommé Jacques Boé, dit Jasmin. Dont acte.

Vavin ? C’est le nom d’un homme politique du XIXe siècle, député. Il faut avouer que la station est plus connue que le personnage. Et ce n’est pas, comme m’avait dit un jour un conducteur de bus facétieux ou éméché « la rue du Vin, mais je préférerais Varhum ».

Métro parisien - AbbessesLe quai de la Rapée n’a rien à voir avec du fromage en petits morceaux : c’est le nom d’un personnage suffisamment illustre pour qu’il n’ait laissé en souvenir qu’un quai.

La station Abbesses fait référence à l’abbaye de Montmartre, fondée au XIIe siècle et fermée à la révolution. Bon, évidemment, il n’y avait qu’une seule abbesse en même temps. Le lecteur qui trouve pourquoi le nom est au pluriel gagne ma plus grande considération.

Gaîté : la station tire son nom de la rue de la Gaîté, elle-même nommée ainsi pour ces lieux de plaisirs plus ou moins moraux. C’est toujours le cas…

Métro parisienPlus pieuse, la station Jourdain (la seule de cette liste que je n’ai jamais empruntée, sauf mémoire défaillante) est dédiée au Jourdain, oui, le fleuve, car elle donne sur la rue du même nom, menant à l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville.

Quant au Pont-Marie, il a été nommé en l’honneur de Monsieur Marie, pas celui des tartes et plats préparés. C’est l’ingénieur qui le construisit au début du XVIIe siècle !

Et à votre avis, à quoi ou à qui la station Blanche fait-elle allusion ? A Francis ? A Blanche-Neige ou de Castille ? A la coco qui y est quotidiennement distribuée ?

Vous vous coucherez moins bêtes ce soir ?

Question subsidiaire : sauriez-vous retrouver la station qui portait jadis mon nom de famille ?

Camille Oardă, graveur

22 jeudi Sep 2016

Posted by hilaire in Entretien avec un artiste, Général

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gravure, XXe

Camille me reçoit dans son atelier, à Paris. L’endroit est calme : de grands panneaux, des plaques de cuivre, des burins une odeur d’encre, voilà l’univers de Camille.

Bonjour Camille, comment devient-on artiste graveur ?

Un peu par hasard… Après mon bac, j’ai voulu suivre une formation d’art appliqué – à l’époque, je me destinais à l’illustration de livres pour enfants. J’ai intégré l’école Estienne – école supérieure des arts et industries graphiques de Paris (la plus réputée, note d’Artetvia) et là-bas, je me suis très vite rendu compte que tout n’était pas fait pour moi. L’école propose quatre enseignements traditionnels en lien avec le livre : reliure, illustration, gravure et typographie. Quand je suis entrée à l’atelier de gravure, ça a été une révélation : c’est ce que je voulais faire. L’odeur de vernis, l’ambiance d’atelier, le métier. Je me suis tout de suite sentie bien. Diplômée en 2009, j’ai poursuivi ma formation pendant un an chez René Tazé, imprimeur taille-doucier et maître d’art. Après, je suis partie voyager.Camille Oarda - Arbre

Voyager ?

Oui, j’ai obtenu une bourse de la Mairie de Paris pour aller au Mexique – pays reconnu pour sa gravure sur bois –, puis, grâce à la fondation Marc de Montalembert, j’ai suivi les pas de saint Paul en Terre Sainte et en Grèce. A Bethléem, je suis tombée par hasard sur un atelier d’écriture d’icônes. C’était passionnant et très complémentaire de ce que je connaissais déjà. Cela m’a permis « d’approfondir » mon art, et puis je retrouvais mes racines est-européenne (ma famille est d’origine roumaine). En 2013 j’ai commencé à travailler à l’ESAM (Ecole supérieure des arts et médias). Je gérais l’atelier de gravure de l’école. Je suis restée là-bas deux ans puis je suis retournée à Paris pour me consacrer totalement à la préparation des différentes expositions qui ont eu lieu cette année.

La gravure est un art qui semble très technique

Oui, c’est aussi bien un art qu’une technique, ou plutôt plusieurs techniques. C’est devenu davantage un art depuis que les moyens modernes permettent la reproduction des œuvres. La photographie a balayé le côté utilitaire de la gravure !

Camille Oarda - MontagnesRassure-toi, je ne vais pas te parler en détail de chaque technique mais en tracer quelques grandes lignes (c’est le cas de le dire).

La gravure en taille d’épargne (généralement sur bois) est la technique la plus ancienne : sur une planche de bois (du bois debout de préférence, taillée dans l’épaisseur du tronc et pas dans sa longueur – c’est beaucoup plus solide), je creuse des sillons avec une gouge. Au final, tout ce que je creuse restera blanc, ce qui reste sera encré. Puis, j’applique l’encre au rouleau sur le support que l’on appelle matrice ensuite j’applique au-dessus une feuille que je passe sous la presse.

C’est difficile, car tu dois voir l’image en « négatif »

Camille Oarda - PaysageEn effet, c’est une vue en miroir. Pour plus de facilité, on peut utiliser un calque, ça permet de « retourner » le dessin à l’envers et de le transférer sur la plaque. Dans l’histoire de l’art la gravure est une technique qui apparait tard, mais parce qu’elle a été remplacée par d’autres techniques de reproduction elle nous paraît très ancienne. La gravure s’est beaucoup développée au moment de la diffusion de la Bible. Il fallait bien trouver une technique qui permette, autant que les lettres, de reproduire des images. L’imprimerie et la gravure sont intrinsèquement liés.

Deuxième technique : la gravure taille-douce (on grave sur un « métal doux », c’est-à-dire une feuille de métal lisse et polie). L’artiste creuse la plaque de cuivre avec un outil pour obtenir des sillons et un dessin gravé destiné à être encré et imprimé.

Camille Oarda - GravureUn des outils qui a donné ses lettres de noblesse à la gravure est le burin, technique que j’affectionne particulièrement. Cet outil permet de graver des lignes très fines, très pures. C’est un travail assez aride. Il faut beaucoup de temps et de patience pour acquérir cette technique. En plus d’être une technique laborieuse, lorsque l’on commence, le rendu n’est jamais satisfaisant ; mais au final, cela donne les plus belles œuvres. Là, il faut que le graveur soit sûr de son geste, chaque trait compte. Une fois la plaque terminée, on peut l’encrer autant de fois que l’on désire.

L’eau forte est une autre technique, qui permet de gagner du temps. La plaque est recouverte de vernis. Avec une pointe, le graveur dessine son œuvre, puis la plaque est plongée dans un bain d’acide qui vient mordre le métal à nu. Plus le bain est long, plus la ligne est creusée, plus le résultat sera sombre (la taille sera plus large et plus profonde, elle accueillera plus d’encre). Par bains successifs, on peut obtenir tous les gris et noirs que l’on veut. Cette technique trouve son apogée au XVIIIe siècle, elle permettait de reproduire rapidement et de diffuser plus largement les œuvres peintes des grands maîtres.

Pourtant ce n’est pas de la peinture ?

Non, mais la gravure s’est toujours positionnée par rapport à la peinture. En gros, la gravure, c’est un peu une peinture que l’on peut reproduire à l’infini. Jusqu’à présent, on s’attachait aux lignes, aux traits. Avec la quatrième technique, on aborde la notion de surface. L’aquatinte permet en effet, par un processus assez complexe d’obtenir des surfaces quasi homogènes.

Et la couleur dans tout ça ?

Camille Oarda

C’est le troisième grand travail des graveurs, après le dessin et la taille : l’impression. Avant, les métiers étaient séparés : il y avait le dessinateur qui créait, le graveur et l’imprimeur. Par exemple, assez rapidement, Gustave Doré ou Hokusai ont délégué la gravure et l’impression à des assistants pour se concentrer sur le dessin. Au XXe siècle les artistes aimaient toucher à la gravure qui est devenue grâce à eux un art à part entière. Maintenant, il n’existe plus de graveurs qui reproduiraient l’œuvre d’un artiste. Chacun crée et grave son propre travail, mais l’impression est encore un métier qui à son importance, la plupart des artistes font imprimer leurs gravures dans les quelques ateliers qui tournent encore en France et à Paris en particulier.

Pour la couleur, il y a plusieurs méthodes. Soit, on place toutes les couleurs directement sur la plaque. Il faut avouer que c’est une horreur, car c’est très difficile de ré-encrer de la même manière. Certains vont mettre jusqu’à dix couleurs sur la même plaque… La technique la plus utilisée est l’impression de plusieurs plaques (une couleur par plaque) imprimées en superposition sur le même papier.

Tu utilises un papier spécial ?

Un papier traditionnel en chiffon et non pas du papier couché. En effet, il faut pouvoir l’humidifier pour qu’il devienne souple… sans qu’il se déchire comme le papier que nous utilisons au quotidien.

Camille Oarda - ExpositionEt si tu te trompes ?

La gravure est un métier où il faut savoir accepter ses erreurs. De toute manière, on ne maîtrisera jamais tout. Avec l’expérience et la connaissance précise de ses outils, le risque d’erreur diminue. Il faut savoir changer son œuvre en fonction de l’évolution du travail : pour un paysage, ce n’est pas trop compliqué, pour un visage beaucoup plus.

Pour finir, tu as des projets ?

J’aimerais déjà avoir mon atelier avec ma propre presse pour pouvoir imprimer mes œuvres facilement. Je vais poursuivre mon travail de recherche : c’est parfois difficile car il y a toujours la peur de l’imposture – suis-je une bonne artiste ? Il faut que je continue à travailler. L’excellence est une nécessité !

Merci Camille.

Pour voir les œuvres de Camille, c’est ici : https://camilleoarda.com

Par ailleurs, Camille exposera à Lyon à partir du 7 octobre au Simone

Découvrons Reynaldo Hahn, avec l’aide éclairée de Nicolas Vardon

21 jeudi Jan 2016

Posted by hilaire in Artiste, Musique

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Compositeur, XXe

Aujourd’hui, j’ai la joie d’accueillir Nicolas Vardon qui va nous parler de Reynaldo Hahn (1874-1947). Nicolas est professeur agrégé de musique à Saint-Jean-de-Passy. Il est l’auteur de travaux reconnus sur ce compositeur.

Bonjour Nicolas, Reynaldo Hahn est assez peu connu, quelques-unes de ses œuvres – beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit- sont diffusées sur les radios dites classiques, mais ne laissent pas toujours un souvenir impérissable. Et on ne pense pas toujours que Ciboulette («  Nous avons fait un beau voyââge… ») est de lui. Peux-tu nous brosser en quelques traits le portrait de ce compositeur ?

Reynaldo Hahn a une personnalité très intéressante et une œuvre aussi riche que méconnue. D’abord, le fait de n’être pas né Français a eu de grandes répercussions sur sa vie et son œuvre. Il est né à Caracas, au Venezuela, d’un diplomate juif hollandais et d’une mère vénézuélienne. A l’âge de cinq ans, il débarque à Paris, mais n’obtient la nationalité française qu’en 1912. Il s’attachera donc toute sa vie à être plus « français » que beaucoup de Français, y compris en demandant sa mobilisation, à 40 ans passés, pour aller se battre sur le front pendant la première guerre mondiale.

Ensuite, c’est un personnage qui, toute sa vie, a baigné dans la « haute société » française, et ce dès le plus jeune âge. Sa famille habite rue du Cirque, à deux pas de l’Elysée, dans un grand appartement et, encore enfant, il joue du piano dans les salons mondains de l’époque. Il va ainsi côtoyer quantité d’artistes et d’intellectuels : écrivains (Leconte de Lisle, Henri de Régnier, José-Maria de Heredia, Marcel Proust) peintres, ambassadeurs, académiciens et se créer ainsi ce que nous appellerions maintenant un grand réseau de relations.

Enfin, ce qui caractérise le personnage, et qui influence profondément son œuvre, c’est l’attrait de la littérature. Reynaldo Hahn est un compositeur du verbe. N’oublions pas qu’il a été pendant longtemps critique musical, à la plume parfois acerbe. Il est aussi l’auteur de carnets, aux aphorismes ciselés. On ne peut pas comprendre sa musique si on n’a pas cela à l’esprit : c’est un homme de lettres !

J’ajouterai également qu’Hahn possède un esprit classique, dans sa vie, comme dans ses œuvres. Alors qu’il vivait à une époque post-romantique où Wagner était très couru et les roucoulades des grandes cantatrices très appréciées, il préfère la retenue, la simplicité, et non l’emphase. Il aime Rameau (pourtant peu à la mode). Il est à l’inverse de l’image qu’il peut donner, celui d’un dandy à la Robert de Montesquiou.

Et ses compositions principales reflètent-elles cette personnalité ?

Reynaldo HahnIndéniablement ! Il est surtout connu pour ses mélodies accompagnées au piano, à partir de textes littéraires. A 16 ans, il met en musique des poèmes de Verlaine. En les écoutant, le vieux Verlaine en en aurait eu les larmes aux yeux. Reynaldo Hahn n’était pas forcément un pianiste virtuose, mais il a utilisé toutes les possibilités de l’instrument en tant qu’accompagnement d’une mélodie. Pour lui, la mélodie et la phrase musicale sont tout ; il travaille moins sur l’harmonie ou l’orchestration par exemple. Son esprit classique lui faisait détester la musique américaine qui commençait à arriver à Paris, faite de syncopes et de rythmes sans âme, de même que le vibrato des cantatrices d’opéra.

Dans les années 1920, il a commencé à écrire des opérettes – la plus connue étant Ciboulette. Il a également composé un opéra, à partir du Marchand de Venise de Shakespeare. Dans les années 1930, il a surtout écrit des critiques musicales et moins composé. Il faut dire qu’une époque était révolue et qu’un monde avait disparu. Ses maîtres et nombre de ses amis sont morts : Camille Saint-Saëns, Marcel Proust, Maurice Barrès, Anatole France… Heredia, Huysmans et Gounod les ont précédés. Il écrit alors dans le Figaro, avec une plume parfois acérée.

C’était un homme exigeant ?

Sur le plan artistique, clairement oui. C’était un travailleur perfectionniste qui n’admettait pas la médiocrité. Il refusait ce que nous nommerions « la starification » des chanteurs qui était pour lui un artifice : l’essentiel est la musique, et la rigueur permet de s’y concentrer, sans avoir à faire de l’esbroufe. Bien faire les choses, simplement, ce qui est loin d’être… le plus simple. Son écriture n’est pas forcément insurmontable techniquement, mais elle requiert une sensibilité importante, et une compréhension fine du texte De même, il préférait les voix moyennes (mezzo et baryton, donc pas de basse profonde russe, ni de ténor italien), qui permettaient de faire ressortir la mélodie et le texte avant tout.

Et finalement, Hahn était-il vraiment le modèle de Vinteuil dans la Recherche ?

Justement non, il était l’opposé de Vinteuil. La personne et l’œuvre d’Hahn ne correspondent pas du tout aux personnages de la Recherche, assez décadents, dans un monde qui s’achève et il faut le dire assez dépourvus de profondeur. Il y avait une réelle opposition esthétique entre Proust et Hahn.

Pour finir, quelles œuvres conseilles-tu d’écouter ?

Celles-ci !

 Un extrait d’un concerto retrouvé dans les années 1990 à Caracas.

 Un extrait de son opérette Ciboulette.

Merci beaucoup Nicolas !

L’inconnu du jour : René Pinard, peintre et graveur

07 jeudi Jan 2016

Posted by hilaire in Artiste, Peinture

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Marine, Nantes, XXe

Après un article sur un graveur et peintre connu (Gustave Doré), voici une brève notice sur un artiste qui l’est beaucoup moins : René Pinard. Comment, vous ne connaissez pas René Pinard ? Pourtant, que ses œuvres sont belles et en plus, détail non négligeable, relativement accessibles.

René Pinard - Baleinier

René Pinard – Baleinier

Pur Nantais – il y est né en 1883 – il se forme tout d’abord dans cette ville puis est reçu à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, qu’il fréquente de 1902 à 1905. Il se spécialise dans l’eau forte. Après un début de carrière dans divers ateliers et un engagement dans la marine pendant la Première Guerre Mondiale, il est nommé peintre de Marine en 1921. C’est à ce titre qu’il embarque sur le croiseur-école Jeanne d’Arc, sur lequel il voyage beaucoup : Algérie, Maroc, Tunisie, Turquie…

En 1923 il reçoit le grand prix de dessin de l’Académie des Beaux-Arts, premier d’une longue série de prix à des concours plus ou moins connus (vous connaissiez le concours Chenavard ? Moi pas, bon René Pinard en a reçu le premier prix). Il travaille pour la Marine jusqu’en 1937. Il meurt en 1938 et est enterré à Nantes.

Une vie somme toute assez tranquille, sans coup d’éclat, ni scandale.

René Pinard - Chalutier

René Pinard – Chalutier

Et pourtant, pendant ces 35 ans de carrière de peintre, il a produit quantité de belles œuvres : des gravures, des dessins, des aquarelles, caractérisées par une utilisation systématique d’un noir puissant. De son père photographe, il a hérité un sens aigu de la perspective et de la composition. En revanche, contrairement à Marin Marie, le traitement de la couleur et des textures ne semble pas l’intéresser.

Forcément, comme peintre de marine, l’essentiel de son œuvre a pour thème la mer, la marine et les marins. D’ailleurs plus souvent les bateaux que la mer elle-même. Mais surtout, René Pinard a dessiné et peint les ports, de tous horizons, Nantes bien sûr, mais aussi pêle-mêle : Malte, Istamboul, Saint-Nazaire, le Croisic, Philippeville (Algérie), Lorient, Concarneau… On lui doit également quelques scènes de guerre, notamment la guerre sous-marine – tirée de son expérience de combat sur un dragueur de mines, ainsi que l’illustration de plusieurs ouvrages, en particulier un livre de Paul Chack et un de Marc Elder.

René Pinard - Nantes

René Pinard – Nantes

Même s’il a été formé à Paris, Nantes reste son port d’attache et pendant toute sa carrière, il ne cessera de peindre la ville, qui à l’époque était encore largement industrielle : on y voit le port de Nantes, le fameux pont transbordeur, mais aussi le château des Ducs de Bretagne.

Amoureux de la mer et de Nantes, n’hésitez pas ! Ses gravures apparaissent régulièrement dans les ventes aux enchères, à des prix raisonnables qui plus est. Faites-vous plaisir, achetez du Pinard, sans modération !

René Pinard - Saint-Nazaire

René Pinard – Saint-Nazaire

Joseph Canteloube, le compositeur du folklore

10 jeudi Déc 2015

Posted by hilaire in Artiste, Musique

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Auvergne, Compositeur, XXe

« Son nom chante comme sa musique » : c’est ainsi que le décrivait un personnage illustre (trouvez lequel – ceux qui me donnent la bonne réponse auront un cadeau de Noël, une orange ou une boîte de tripoux par exemple !) à propos de Joseph Canteloube.

Quand on s’appelle Canteloube, il est difficile d’imaginer une origine bretonne ou alsacienne. En effet, Joseph Canteloube est né en 1879 en Ardèche, d’une mère cévenole et pianiste et d’un père auvergnat et banquier.

Il commence la musique très jeune, formé au piano par une vieille dame, Amélie Doetzer qui dira-t-il avec imagination « avait été l’élève chérie – et même plus que cela – de Chopin ». A huit ans, il débute l’apprentissage du violon. Son bac en poche (à l’époque 1% d’une classe d’âge l’obtenait, chapeau l’artiste), il devient banquier, métier qu’il abandonne rapidement pour se consacrer à la musique. En 1901, il se marie et devient l’élève de Vincent d’Indy (1851-1931), d’abord par correspondance, puis à la Schola cantorum de Paris. Là, il se lie d’amitié avec Déodat de Séverac – qui fera, un jour, le sujet d’une notice sur Artetvia.

Ces premières œuvres sont tout à fait de son époque : une Suite pour piano et violon, un Colloque sentimental (tout un programme). Son premier poème symphonique, Vers la Princesse lointaine, est donné au Châtelet en 1912.

Joseph CanteloubeLes années 1920 voient l’éclosion de sa carrière de compositeur folkloriste – même s’il avait débuté la collecte de chants longtemps auparavant – avec ses célèbres Chants d‘Auvergne dont nous reparlerons. Il va tirer la pelote et produire un recueil de Chants de Haute-Auvergne, du Rouergue, du Limousin, du Quercy. Il écrit même une Pastorale roumaine.

Dans les années 30, il répond à la commande d’Etienne Clémentel, président socialiste de l’assemblée départementale du Puy-de-Dôme, en composant un Hymne des Gaules et un drame lyrique Vercingétorix.

Pendant la guerre, il produit des émissions radiophoniques de chants folkloriques et écrit dans l’Action Française, toujours sur ce thème. En 1949, il publie une Anthologie des chants populaires français. Il meurt en 1957. Voilà pour le personnage.

Si vous avez bien suivi, Joseph Canteloube est à la fois compositeur et folkloriste.

Folkloriste, car il a passé sa vie à recueillir des airs populaires et à les diffuser, de « manière scientifique » dirions-nous aujourd’hui. Comme le vous savez tous, c’est durant la première moitié du XXe siècle que le folklore a acquis ses lettres de noblesse, notamment avec les travaux d’Arnold van Gennep, que tout le monde a lu bien entendu, qui, plus qu’un simple objet de curiosité, y voit les derniers soubresauts d’une culture populaire, orale et souvent rurale, qui se meurt. Canteloube s’inscrit totalement dans ce contexte : collecter en masse, rapidement et intelligemment un patrimoine qui disparaît. L’exode rural a commencé et avec lui la perte de la culture rurale et l’uniformisation des modes de vie. Si son recueil de chants d’Auvergne est connu, il s’intéresse à nombre d’autres régions : Touraine, Angoumois, Pays basque, Languedoc, Béarn (il écrit même un chant béarnais pour scie musicale), Rouergue, Alsace, Canada…

Compositeur car il a allègrement puisé dans ce riche patrimoine la matière pour créer de nouvelles œuvres, puissantes et délicates. Qu’on ne s’attende pas à entendre résonner les vielles à roues, accordéons et autre cabrette (la cornemuse locale). Nous sommes loin de Malicorne ou de Tri-Yann : Canteloube, en bon bourgeois parisien, s’inspire du folklore et le classicise en harmonies délicatement ciselées. Certes, il porte l’étiquette de « régionaliste », mais elle n’est pas infâmante et il n’en reste pas moins un compositeur « académique », connu et reconnu à son époque. Par exemple, son premier opéra, Le Mas, est donné à Garnier en 1929 et ses partitions sont largement diffusées.

Une trentaine de ses Chants d’Auvergne ont été harmonisés pour orchestre et voix soliste. Ils ont été interprétés par les plus grandes cantatrices : Victoria de Los Angeles, Kiri Te Kanawa, Véronique Gens, Anne Sofie von Otter… Les mélodies sont simples, sans trop de mélismes et d’ornements, d’ambitus limité, souvent très proches de la « réalité ». En revanche, les accompagnements sont des créations de Canteloube. Et cela s’entend. Allons-y donc

 

Sa pièce la plus connue

 

 

Ce morceau date de 1946 – La même année que la première œuvre dodécaphoniste de Boulez.

Un hommage en sculpture : les monuments aux morts de la première guerre mondiale

12 jeudi Nov 2015

Posted by hilaire in Sculpture

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XXe

Connaissez-vous Etienne Camus ou Eugène-Paul Benet ? Non bien sûr. Et pourtant, vous avez certainement vu l’une ou l’autre de leurs œuvres. En effet, le premier a sculpté 274 monuments aux morts, le second plus de 120. Partons donc aujourd’hui, puisque l’époque s’y prête, à la découverte des monuments commémoratifs de la première guerre mondiale.

Monument aux morts - Champdieu

Monument aux morts – Champdieu

La France compte plus de 36 000 communes (36 744 précisément en 2015). Une immense majorité d’entre elles possède(nt ?) un monument aux morts. 19 communes n’en n’ont pas eu besoin, ne comptant aucun mort pour la Patrie parmi leurs enfants, tandis que 200 autres se sont abstenues d’en ériger, certaines pour des raisons bassement politiques.

Ajoutons à cela les autres monuments dans les églises, les écoles, les régiments… sans oublier les communes des anciennes colonies : cela nous donne des dizaines de milliers de stèles à imaginer, concevoir, fabriquer et installer. Et donc des milliers d’artistes et entrepreneurs : sculpteurs, marbriers, ferronniers, peintres, mosaïstes…

Bien entendu, tous les monuments aux morts ne sont pas des chefs-d’œuvre, loin de là. Les municipalités avaient à leur disposition de véritables catalogues de modèles, plus ou moins personnalisables. Par exemple, le soldat dit en Résistance d’Henri-Charles Pourquet – le numéro 854 de la fonderie du Val d’Osne – a été l’un des plus gros succès du moment : grandeur nature, l’air martial, le regard vers le ciel, il illustre à merveille le « on les a eus » cher à de nombreuses municipalités. Et puis, choisir un monument de série était d’un moindre coût.

Monument aux morts - Nice

Monument aux morts – Nice

Il faut avouer que le vocabulaire est assez restreint. Les mêmes symboles apparaissent inévitablement : un poilu, un coq, une allégorie de la victoire… Dans l’ensemble les communes ont davantage axé leur hommage vers la gloire, le courage et l’héroïsme des poilus que vers des sentiments anti-militaristes, voire anti-patriotiques. S’ils ont parfois leur notoriété locale, les monuments aux morts pacifistes sont en réalité peu nombreux, au maximum une soixantaine pour toute la France, allant du simple « Plus de guerre » jusqu’à l’inscription d’une citation de Karl Marx « L’Union des Travailleurs fera la paix dans le monde ».

CatalogueA côté de cette armada de « Prêt à honorer » décorant la plus grande partie du territoire, les communes plus riches ou appuyées par de généreux donateurs pouvaient s’offrir le luxe d’une création originale sur-mesure.

Par exemple, le monument aux morts de Nice est réalisé par Roger Séassal, architecte et grand prix de Rome. Classé Monument Historique, il mesure 32 mètres de haut, à flanc de rocher.

Le monument aux morts de Lodève est également une belle pièce artistique, Paul Dardé, son auteur n’ayant d’ailleurs pas caché son antimilitarisme. Il évoque la souffrance des mères et femmes de poilus.

Autre exemple, le monument aux morts de Champdieu (Loire), situé dans l’église du village, est une Pieta de facture honorable.

Monument aux morts - Trévières

Monument aux morts – Trévières

Certains monuments sont originaux, tels celui de Camplong (Hérault) qui repose sur un casque prussien ou celui de Trévières (Manche) défiguré par un obus… pendant le débarquement en Normandie et qui l’a transformé en gueule cassée.

Et vous ? Connaissez-vous le monument aux morts de votre commune ? Comment est-il ? Envoyez-nous une photo !!

 

Monuments aux morts - Lodève

Monuments aux morts – Lodève

Monument aux morts - Camplong

Monument aux morts – Camplong

Addendum : une fidèle lectrice m’envoie cette photo – il s’agit du monument aux morts de Fonts-Saint-Denis réalisé en 2000 par Louis Réminy pour remplacer le précédent, volé, et qui représentait un soldat de type européen, auquel les Martiniquais avaient du mal à s’identifier…

DSC04973Une nouvelle contribution, en Nouvelle-Calédonie cette fois, en hommage à l’ancêtre d’une lectrice.

Voh

Voh

Une autre lectrice (décidément) nous parle du monument aux morts de Tourcoing, particulièrement imposant, avec sa théorie de soldats. On pourrait l’appeler « Poussez-pas derrière ! »

Monument aux morts de Tourcoing

La vallée des saints, un projet fou pour l’éternité !

15 jeudi Oct 2015

Posted by hilaire in Sculpture

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Bretagne, Monument, XXe

Depuis sa création, Artetvia vous a présenté des sites et des monuments dont l’intérêt artistique est indéniable (sinon, ils n’auraient pas été choisis, évidemment…) et dont l’histoire est souvent mouvementée.

Vallée des saints - Saint Lunaire

Saint Lunaire

Partons aujourd’hui à la découverte d’un « site historique »… en construction ! Non, ce n’est pas Guédelon et son éternel chantier, non ce n’est pas l’Hermione qui parcourt les mers. Nous partons au contraire au cœur de la Bretagne, dans la vallée des saints (sans mauvais jeu de mots).

Le lieu est situé à Carnoët, à quelques kilomètres de Carhaix et des gorges du Corong, autrement dit au milieu de la Bretagne, dans cet Argoat quelque peu délaissé par le tourisme et la vie économique, dans un paysage très vert, délicatement mamelonné, parsemé d’un tumulus, d’une motte féodale, d’une chapelle gothique pointant vers le ciel, d’une fontaine sacrée et d’une dentelle de sentiers. Le site s’ancre vraiment dans une histoire !

L’idée vient d’un homme, Philippe Abjean, suffisamment fou pour avoir de tels projets, suffisamment sage pour les mener à bien. C’est lui qui a ressuscité il y a vingt ans le Tro Breizh, pèlerinage reliant les sept villes des sept saints fondateurs de la Bretagne : Corentin, Pol Aurélien, Tugdual, Brieuc, Malo, Samson et Patern. En 2008, il fait émerger une autre intuition.

Qu’elle est-elle ? Il s’agit de présenter au public une collection de 1 000 statues monumentales de saints bretons, le tout dans un parc de 40 hectares. Vous avez bien lu, 1 000 grandes statues, en gros granit breton.

Vallées de saints - Saint Conogan

Saint Conogan

C’est un projet très ambitieux, placé entre le témoignage de foi, l’affirmation de la culture bretonne, la revitalisation rurale, le soutien à la filière du granit et l’éclosion de talents artistiques.

Nul n’est pressé, le matériau choisi est solide, les sculpteurs nombreux, le lieu quasi immuable. Les 50 premières sculptures sont d’ores et déjà mises en place, financées par des mécènes ou des souscriptions. Plusieurs communes de la région se sont déjà offert « leur » saint patron. Chacun d’entre eux est représenté avec son attribut : saint Lunaire et son épée princière, saint Cornély transformant ses ennemis en menhir, Sainte Gwenn et… ses trois seins car reconnue pour sa fécondité ! Vous pouvez vous aussi participer au financement de la statue de Servan, Riwal, Marzin, Fiacre ou Coulit et de centaines d’autres.

Vallée des saints - Saint Herbot

Saint Herbot

L’intérêt est aussi de faire travailler différents sculpteurs, ce qui donne un évident camaïeu de styles, parfois fort étonnants, de temps en temps pas très heureux il faut le reconnaître. D’une manière générale, les statues sont massives, les traits rugueux, un peu à l’image de l’environnement. En même temps, il faut qu’ils résistent aux intempéries et au temps.

Saint Lunaire, saint Tugdual ou saint Samson auraient pu clairement se trouver sur l’île de Pâques ou chez les Olmèques, saint Hervé ou saint Patrick dans une église des années 1930, saint Thuriau à Beaubourg. Sainte Anne est plus classique tout comme saint Idi ou sainte Coupaïa (ah oui, vous cherchez un prénom original ? Vous avez le choix : Derrien, Caduan, Herbot, Telo…). Le hiératisme des statues de Seenu Shanmugam vient s’opposer aux traits très épurés de Jacques Dumas. La douceur du ciseau de Patrice le Guen contraste avec la puissance de Philippe Leost.

Les statues sont posées à même le sol, sans chichi, ni écriteau, un peu comme des mégalithes posés pour l’éternité. Certains ont même parlé de « Stonehenge du XXIe siècle », christianisé celui-là !

C’est une œuvre originale et puissante que je vous invite donc à visiter et pourquoi pas à encourager.

http://www.lavalleedessaints.com

Vallée des saints - Saint Malo

Saint Malo

Vallée des saints - Saint Konan

Saint Konan – Regardez la taille de la bête ! C’est monumental

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