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Archives de Tag: Musée

Allons visiter le musée des Beaux-Arts de Strasbourg !

07 jeudi Mai 2015

Posted by hilaire in Peinture

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Alsace, Beaux-Arts, Musée, Strasbourg

Il est des musées dont la physionomie austère empêche toute velléité de visite : un bâtiment magnifique mais glacial, un personnel d’accueil qui l’est tout autant, des panneaux d’informations peu clairs et une signalétique extérieure placée pour perdre le visiteur… et pourtant ils peuvent cacher des trésors. L’avantage est que vous êtes quasi seul à en profiter, même un samedi après-midi de printemps pluvieux. C’est le cas du musée des Beaux-Arts de Strasbourg. Situé au premier étage de l’hôtel de Rohan, palais construit en 1732 pour le cardinal du même nom, prince-évêque de Strasbourg (hé oui, nous sommes en terre d’Empire…), abritant également le musée des Arts décoratifs et le Musée Archéologique de la ville.

Palais Rohan - Strasbourg

Comme beaucoup de grands musées de province, il possède une collection d’œuvres très variées, héritière des différentes donations, ce qui lui donne d’ailleurs tout son charme. On note notamment la présence :

  • d’une très belle série de peintures italiennes, de la fin du trecento au XVIIIe siècle : Filippino Lippi, Piero di Cosimo, un superbe saint Roch de Cima da Conegliano… et plus tard un portrait de Raphaël, une scène du Corrège, un paysage de Canaletto (Venise… pour changer). J’aime moins Véronèse, Le Tintoret, mais ceux qui apprécient seront comblés.
  • de plusieurs salles dédiées à la peinture flamande et hollandaise : scènes de genre, paysages où l’on trouve des œuvres de Ruysdael, de Hooch, Van Dyck, Jordaens et un Rubens très sage (les donateurs étaient souvent protestants…). Les natures mortes sont nombreuses et somptueuses !
  • de quelques peintures françaises, peu il faut l’avouer : Chardin, Greuze, Largillière, un portrait de Richelieu par Champaigne, un magnifique tableau de Simon Vouet, etc…
  • Un immense tableau de Cornelis Engelsz. que vous connaissez sûrement : la Garde civique de Saint Adrien. On le savait grand, mais pas à ce point : plus de cinq mètres de long, près de deux mètres de haut. Un portrait collectif de 46 personnages !

 

La Garde civique de Saint-Adrien - Cornelis Engelsz.jpg

Cliquez et cherchez Cornelis…

Enfin, jusqu’à la fin du mois de mai, le musée propose une très belle exposition sur Ribera à Rome, comprise dans le billet d’entrée aux collections permanentes. Vous assistez à une véritable enquête policière : pendant longtemps les historiens de l’art ont attribué une série de tableaux romains à un dénommé Maître du Jugement de Salomon tout aussi mystérieux que talentueux, en particulier une série de cinq apôtres. En 2000, on donnait à ce bel inconnu la paternité d’une vingtaine d’œuvres de grande qualité. En 2002, un historien de l’art florentin (on ne se refait pas) publia un article où il démontra que ce fameux Maître du Jugement de Salomon était en réalité Ribera lui-même, dont on ne connaissait aucune œuvre de sa période romaine (1606-1616), avant de partir pour Naples. Un grand mystère de l’histoire de l’art était résolu.

Saint Thadée - RiberaLe musée consacre donc une brève exposition temporaire sur cet épisode. En plus des œuvres attribuées certainement ou moins certainement au peintre espagnol, une salle spécifique est réservée à la série des apôtres réunissant pour la première fois les six tableaux connus… et les sept disparus (oui, cela fait treize, mais il y a le Christ et peut-être en plus saint Paul), dont on ne voit que… les cartels. L’ensemble est saisissant !

 

La muséographie est classique mais pas poussiéreuse pour un sou. Le musée se visite facilement. On passe un très agréable moment.

A visiter donc !

http://www.musees.strasbourg.eu/index.php?page=Musee-des-Beaux-Arts

Pieter de HoochChampaigne - Richelieu

Waterloo à la bibliothèque Paul-Marmottan : une exposition à visiter

30 jeudi Avr 2015

Posted by hilaire in Evénement

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Exposition, Musée, XIXe

En France, que cela soit sur les champs de bataille ou dans les stades, on aime rendre hommage aux combattants, surtout quand ils perdent mais… « avec les honneurs ».

Le centenaire des batailles napoléoniennes – victoires ou défaites – a été fort peu médiatisé, il faut le reconnaître. Waterloo ne fait pas exception.

Sauf à la bibliothèque Paul-Marmottan, que les lecteurs d’Artetvia connaissent pour avoir lu un entretien avec sa conservatrice il y a quelques mois.

Nicolas Renard - WaterlooSpécialisée dans l’histoire napoléonienne, la bibliothèque nous propose aujourd’hui une rétrospective sur cette bataille, illustre par son ampleur (200 000 hommes y participent), la notoriété de ses protagonistes, Napoléon, Wellington, Blücher, Grouchy ; illustre car « ces soldats de la dernière guerre furent grands ; ils avaient vaincus toute la terre » ; illustre par ses conséquences sur la géopolitique européenne et tout simplement parce qu’elle a changé le cours de l’histoire de France.

Le parcours, simple, est structuré en quatre temps forts.

  • Le contexte : les Cent-Jours, l’état de la coalition…
  • La bataille elle-même, pendant la campagne de Belgique : la composition des armées et des états-majors, son déroulement, la garde qui ne se rend pas, mais enfin un peu quand même (voyez Goscinny, il faudrait toujours relire régulièrement Astérix…), les considérations stratégiques, tactiques, les faits mémorables – réels ou imaginaires.
  • « Défaite glorieuse et mémoire éclatée » : Waterloo a suscité quantité d’œuvres artistiques ou littéraires. Fait héroïque de l’armée française conduite par un lâche tyran du nom de Napoléon pour les uns. Chute de l’Aigle, trahi par les siens pour les autres… Tout dépend de l’utilisation politique que l’on veut en faire. Les caricatures et pamphlets abondent, la littérature hagiographique également.
  • Et enfin, l’exposition inédite (du moins sous cette forme) d’un artiste contemporain, Nicolas Renard, amoureux éperdu de la geste napoléonienne.

La scénographie est soignée et de bon goût. Les œuvres présentées sont, pour la plupart, des estampes, dessins, lithographies, gouaches et aquatintes (une variante de l’eau-forte), les collections provenant en majorité du fonds de la bibliothèque. Les écrits tiennent une place importante, la bataille étant source d’inspiration inépuisable, d’Hugo à Chateaubriand, en passant par Veuillot ou Stendhal. Le cinéma n’est pas oublié, avec les affiches des films de Karl Grune (1929), Sergueï Bondartchouk (1970) et… Mussolini (pas Benito mais son fils Vittorio). On y voit même le vieux vinyle du tube d’ABBA !

Waterloo à MarmottanOn note la présence notable de cartes détaillées de la bataille, de dessins des troupes de toute beauté (amateurs d’uniformes, venez !)… et de l’original de la page d’Astérix chez les Belges qui évoque Waterloo (la garde meurt mais ne se rend pas – Mais si elle se rend) où l’on peut admirer de près la qualité du dessin d’Uderzo. Quant aux dessins et peintures de Nicolas Renard, elles sont fort réussies, avec une nette préférence pour les dessins à l’encre en petit format. L’artiste s’attachant au mouvement plus qu’aux détails, les représentations de charges de cavalerie ou d’infanterie sont particulièrement évocatrices.

L’originalité de cette exposition ? Présenter Waterloo non pas seulement comme une bataille (une défaite qui plus est !), mais aussi comme un « moment clé » de l’histoire française. Présenter Waterloo à partir d’œuvres françaises mais aussi étrangères, la bataille vue de l’autre côté donc !

Une exposition dont l’intérêt est tout autant historique qu’artistique.

Cela se passe du 15 avril au 11 juillet, 7 place Denfert-Rochereau à Boulogne-Billancourt (et pas à Paris, attention). Mercredi au vendredi : 9h30-13h/14h-18h – Samedi : 9h30-13h/14h-17h.

Plus d’informations sur le site de la mairie.

 

 

 

 

La mer à Paris : le musée de la Marine

05 jeudi Mar 2015

Posted by hilaire in Arts divers

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Mer, Musée

Il est des musées que tout le monde connaît… seulement de nom. Certains les ont visités avec l’école ou les grands-parents, par une après-midi d’hiver froide et maussade. Mais c’est tout.

Indéniablement, le musée de la Marine, occupant une aile du Palais de Chaillot, en fait partie.

Musée de la Marine - La RéaleEt pourtant, nous devrions tous y courir tant les pièces présentées sont de toute beauté. Bien entendu, le thème est vaste, très vaste et il serait impensable et impossible de couvrir l’ensemble de l’histoire maritime mondiale, ni même celle de la marine française. Cela dit, en quelques grandes et hautes salles, le visiteur peut découvrir tout un patrimoine méconnu.

Trois grandes catégories d’œuvres sont exposées : des tableaux de marine, des maquettes et des objets. Le musée s’attache surtout à faire découvrir aux visiteurs la période allant du XVIIe siècle au début du XXe siècle. La marine française de la deuxième moitié du XXe siècle est abordée rapidement, avec une salle dédiée à l’aéronavale et quelques maquettes de bâtiments contemporains (le Charles De Gaulle et le Chevalier Paul par exemple).

Canot de NapoléonLes peintures navales : vous pourrez admirer par exemple de nombreuses grandes œuvres de Joseph Vernet, le papy d’Horace, ou plus proche de nous de Félix Ziem ; les sujets sont variés : paysages, tempêtes, ports (Brest, Bordeaux, Cherbourg, Toulon, mais aussi Mers-el-Kébir), batailles navales nombreuses, peintes de manière très réalistes, des portraits de hauts personnages, etc…

Les maquettes : elles sont très nombreuses. De véritables bijoux de minutie et de précision. Cela va des pirogues monoxyles polynésiennes aux 118 canons de la Royale, véritable plate-forme d’artillerie quasi insubmersible (un seul de cette classe « périra » en mer), en passant par les galères du XVIIe siècle et la Santa Maria de Christophe Colomb – qui, à la même échelle, paraît ridiculeusement petite comparée aux trois mats des périodes ultérieures. A noter également une maquette (réalisée quasi en même temps) de la déposition et du transport de l’obélisque de la Concorde.

Musée de la Marine - MaquettesEt puis il y a les « vrais » objets : on est ébloui par le canot d’apparat de Napoléon Ier – c’est sans doute l’un des plus vieux bateaux encore en état existant en France. Quelques mètres plus loin, c’est au tour de la Réale, la galère royale de Louis XIV, de nous montrer sa poupe : exceptionnel ! Des figures de proue gigantesques (un Charlemagne, un Henri IV de trois mètres de haut) l’encadrent : on se sent tout petits. Et puis, des armes de toutes sortes, les mêmes que dans la série Barbe-Rouge de notre jeunesse : sabres d’abordage, haches, espingoles, pistolets. Et enfin, des objets du quotidien, témoins de la vie très dure des marins de la marine à voile : trousse de chirurgie, vêtements, fanaux.

Musée de la Marine - ObélisqueLe musée présente enfin un « fourre-tout » de pièces et de documents sur des thèmes variés : les sous-marins, une lunette de phare, un scaphandrier de grande profondeur impressionnant, un vrai transat des années 1930. On en ressort charmé.

Le seul regret : il faut reconnaître que la muséographie est un peu vieillotte et le parcours, pourtant simple sur le papier, est étrange dirions-nous.

Cela dit, cela vaut vraiment le coup. A découvrir en prenant son temps : on apprend beaucoup de choses passionnantes et on voit de beaux objets : que demander de plus ?

http://www.musee-marine.fr

Marion Abbadie : le jouet comme oeuvre d’art

27 jeudi Nov 2014

Posted by hilaire in Arts divers, Entretien avec un artiste, Patrimoine

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Musée, XIXe, XXe

Il y a quelques mois, nous avions pu rencontrer Gabrielle de Roincé qui nous présentait « sa » bibliothèque-musée. Aujourd’hui, c’est au tour de Marion Abbadie qui nous parle du métier d’attaché de conservation et de « son » lieu de travail : le musée du Jouet à Poissy.

Bonjour Marion, comment en es-tu venue à travailler dans cet endroit magique ?

De manière toute simple : j’ai postulé et j’ai été retenue ! Bien évidemment, je ne suis pas arrivée dans un musée totalement par hasard. Après une prépa en lettres classiques, je me suis orientée vers une maîtrise d’histoire de l’art, tout en suivant l’enseignement de l’école du Louvre dont j’ai achevé le premier cycle et l’année de spécialisation (quatre ans au total), sans oublier deux ans d’école préparatoire au concours du Patrimoine (conservateur). Au final, je me rends compte que cela fait pas mal d’années d’études…

Poissy - Musée du jouet 4Après avoir réussi le concours d’assistant de conservation et travaillé dans différentes institutions culturelles, notamment au Domaine départemental de Chamarande (un château du XVIIe siècle, avec parc à l’anglaise peuplé d’art contemporain, le lien n’est pas toujours simple…), j’ai finalement trouvé un poste au musée du Jouet à Poissy, dont je suis devenue l’attachée de conservation (encore sur concours !) il y a peu de temps. Voilà pour la biographie…

Mon titre officiel est « responsable du service des publics ». En réalité, mon travail va bien au-delà de cet intitulé car il comporte un temps important consacré à la conservation. En fait, j’ai toujours souhaité intervenir dans les deux domaines, médiation et conservation, bien que la plupart des musées soient organisés en deux filières bien distinctes. Dès mon année de spécialisation (muséo) à l’Ecole du Louvre, il a fallu choisir : je n’ai jamais su ! C’est toujours le cas. Et je crois y trouver un équilibre entre étude des collections, réflexion muséologique et relation avec le public.

Peux-tu nous décrire le musée du Jouet ? Quand on parle d’un musée, on imagine des tableaux, des sculptures, pas des jouets !

Poissy - Musée du jouetHé oui, c’est étonnant. Je ne m’imaginais pas du tout dans cet univers pendant mes études. Rien ne m’y prédestinait, sauf peut-être le goût des beaux jouets inculqué par mon grand-père qui offrait à chaque tribu de ses petits-enfants un jouet signé de sa main pour Noël. M’y voilà pourtant depuis 8 ans, et j’y suis bien. Le musée a été créé en 1975, sous l’égide de la commune de Poissy. Il occupe les murs (du XIVe siècle s’il vous plaît) de la porterie fortifiée de l’ancienne abbaye Saint-Louis de Poissy, voulue par Philippe-le-Bel, et détruite en grande partie à la Révolution.

Nous présentons une collection de 600 jouets (ainsi que quelques jeux), datant du milieu du XIXe siècle, au milieu du XXe siècle, sachant que nos collections (environ 8 000 objets) couvrent une période beaucoup plus large (notre jouet le plus ancien date du XVIIe siècle et nous possédons quelques jouets contemporains servant de référent XXIème siècle pour nos expositions temporaires). Tous les objets sont manufacturés, c’est-à-dire qu’ils ont été fabriqués en série, si on peut parler ainsi : ce sont des jeux industriels ou pré-industriels pour les plus anciens. Il n’y a donc pas de jouets uniques, fabriqués par un grand-père pour son petit-fils par exemple.

Et d’où vient la collection ?

Comme pour la plupart des musées, les objets ont des origines variées : la collection d’une passionnée issue du musée de l’Education de Rouen, des dons – de moins en moins, car les propriétaires savent désormais que les jouets anciens ont une grande valeur – des achats chez les marchands ou en ventes aux enchères, etc.

Il faut savoir aussi que nous effectuons un important travail de restauration sur lequel je reviendrai plus tard.

Et qui vient voir ce musée, des enfants, j’imagine ?

Marion AbbadieBien entendu, mais pas seulement. Cela va surprendre certains, mais nous avons, en plus des familles avec enfants, des groupes d’adultes. En effet, ce sont des objets pour lesquels les visiteurs ont un attachement « affectif » : ce sont les jouets de leur enfance, ou de l’enfance de leurs parents ou grands-parents. Le public scolaire est bien entendu important et vient souvent pendant l’hiver, notamment avant Noël. Notre fréquentation tourne autour de 18 000 entrées annuelles, ce qui est tout à fait correct pour un petit musée municipal. Les visiteurs viennent principalement d’Ile-de-France et en particulier des Yvelines, mais pas seulement.

Alors, ton travail d’accueil des publics ?

Nous organisons des programmes d’accueil pour les enfants, mais aussi pour les adultes. Pendant les vacances scolaires, nous organisons des ateliers pédagogiques et ludiques, destinés aux enfants de 4 à 12 ans et dont les thèmes sont très variés (construction d’une poupée en laine identique à celles que fabriquaient les enfants de poilus pendant la Première Guerre mondiale, leur servant d’ailleurs de porte-bonheur…). Les enfants sont pris en charge par la médiatrice du musée ou bien une personne extérieure. Nous proposons aussi chaque mois un spectacle destiné aux familles : contes, marionnettes, magicien. Pour le coup, les participants viennent de la région de Poissy.

Et la conservation ?

Poissy - Musée du jouet 2C’est un travail plus souterrain de documentation et de préservation des jouets en réserve qui devient visible du public à travers les expositions temporaires annuelles (par exemple Autos mobiles! Une aventure racontée par le jouet, Y’a du sport au musée, Quand j’étais bébé… Le baby-boom des jouets d’éveil, Drôles de jouets! André Hellé ou l’art de l’enfance…). C’est un travail d’équipe avec la conservatrice du musée, un scénographe, un commissaire scientifique, les équipes techniques municipales. Chaque exposition donne lieu à la publication d’un catalogue qui représente un important travail de recherche et de coordination. J’assure la gestion des contrats de prêts, des moyens de transport, des assurances. Nous sommes en effet très souvent sollicités par d’autres musées. Et puis je suis en charge du suivi des restaurations.

Ca se restaure un jouet ?

Bien entendu ! Même si nous souhaitons conserver des objets dans leur état d’usage : ce sont de vrais jouets, auxquels les enfants ont fait mener une vie trépidante, avant qu’ils ne se retrouvent dans des vitrines comme des œuvres d’art. Il faut choisir le bon restaurateur (bois, papier, métal, plastique –si, si !)…et le bon objet à restaurer. Etant labellisé Musée de France, chaque dossier est présenté en commission régionale scientifique et fait l’objet d’un avis de la DRAC qui donne son accord ou non (et qui peut apporter un soutien financier). Evidemment, c’est un peu contraignant, mais c’est le jeu (c’est le cas de le dire).

Et l’équilibre entre ces deux pôles que sont l’accueil du public et la conservation ?

C’est la grande question ! Pour moi, il est nécessaire de bien connaître les attentes des visiteurs ; mais on ne fait pas n’importe quoi pour autant. Certains visiteurs ne comprennent pas pourquoi on ne peut pas jouer avec les objets présentés. J’ai bien conscience que ça peut être frustrant. Nous sommes un musée, pas une ludothèque, avec une mission scientifique de sauvegarde, de conservation et de documentation. Nous possédons un important fonds documentaire, y compris de nombreux catalogues anciens de jouets.

Nous sommes loin de l’art et de l’histoire tout de même ?

Poissy - Musée du jouet 3Et bien non, nous en sommes très proches. Figure-toi que les jouets forment une image assez saisissante de leur époque et qu’ils en sont le reflet. Par exemple une plongée dans les jouets français des années 1910, farouchement « anti-boches » permet de comprendre très facilement que la propagande politique passe aussi par le jouet. Côté esthétique, ils sont plutôt réussis, car les jouets d’autrefois étaient fabriqués dans des matériaux nobles, avec une visée esthétique permanente : nos ancêtres avaient le goût du beau, même pour un jeu de quilles ; d’ailleurs de grands artistes ont œuvré pour la fabrication de certains d’entre eux.

Des projets ?

Evidemment. D’autres expositions à venir, ce qui permet d’ailleurs de renouveler mon intérêt pour ces objets. Et puis, à cause de travaux (accessibilité handicapés), les collections permanentes vont sans doute être modifiées en profondeur prochainement : un travail passionnant en perspective. Et enfin, Poissy a un projet de musée d’art et d’histoire… nous assurons déjà la gestion de cette collection mais qui reste pour l’instant en réserve, faute de lieu de présentation adéquat. Nous tâchons cependant de faire connaître ces collections par des expositions de préfiguration : sur le Colloque de Poissy de 1561 et, en ce moment-même, sur saint Louis, le plus illustre des Pisciacais! Cela augure plein de bonnes et belles choses.

Merci Marion !

http://www.ville-poissy.fr/fr/loisirs/vie-culturelle/musee-du-jouet.html

L’histoire de Paris par l’art : le musée Carnavalet

15 jeudi Mai 2014

Posted by hilaire in Général

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Musée

En plein cœur du Marais, sans doute l’un des quartiers les plus beaux de Paris (selon moi en tout cas…), se dresse un musée retraçant l’histoire de la ville : le musée Carnavalet, du nom de son deuxième propriétaire, François de Kernevenoy, dit Carnavalet.

Musée CarnavaletAvant même de regarder les collections, prenez le temps d’admirer le bâtiment. Construit par Pierre Lescot entre 1548 et 1560, il est agrandi un siècle plus tard par François Mansart – la crème des architectes donc ! La marquise de Sévigné y a habité quelque temps. Occupé par différentes institutions à partir de la révolution, l’hôtel est acheté par la Ville de Paris en 1866 qui y ouvre un musée en 1880. Ledit musée s’agrandit en 1989 en reprenant l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau qui lui est contigu et date de la même époque ; aujourd’hui d’ailleurs, le visiteur remarque peu le passage entre les deux bâtiments. Les pièces sont nombreuses, de tailles variées – de grandes salles de réception aux boudoirs exigus – et le plus souvent « boisées », les boiseries provenant principalement d’autres Musée Carnavalet 2demeures, les plafonds sont richement ornés ; c’est même parfois un peu lourd. A cause de cet enchevêtrement de salles, d’ailes et d’escaliers, il faut avouer qu’on s’y perd un peu et le parcours n’est pas très intuitif, ni très chronologique : on débute la visite par des ferronneries du XVIIIe siècle, pour continuer par le Paris antique et s’achever par la période révolutionnaire et le XIXe siècle. Ce n’est pas grave, mais on a peur de rater quelques salles.

L’intérêt du musée Carnavalet est double. D’une part, il retrace l’histoire de Paris à travers les âges, du néolithique au début du XXe siècle. D’autre part, il possède une collection particulièrement riche d’objets et d’œuvres de la période révolutionnaire, ce qui a tendance à occulter un peu les siècles précédents ; il faut l’avouer, la période antérieure au XVIIe siècle est assez succincte, avec un Moyen Age totalement inexistant.

Une partie du rez-de-chaussée est consacrée au très très vieux Paris, du néolithique au tout début du Moyen Age. Cette salle est particulièrement intéressante, avec des silex et des haches de pierre, des fibules et des torques, des pirogues monoxyles, de la céramique sigillée, le plan de Paris sous les Romains – principalement situé autour de la Montagne Sainte-Geneviève – des bijoux mérovingiens (j’adôôre) et des sarcophages.

Musée Carnavalet 5Après, le visiteur passe directement aux XVIe et XVIIe siècles, et surtout au XVIIIe. Ici, la comparaison avec le Paris actuel est plus aisée, ce qui est particulièrement stimulant. Pêle-mêle, des œuvres figurant : un plan relief du clos du Temple, l’érection de l’église Sainte-Geneviève (actuel Panthéon), des vues agrestes des Champs-Elysées et de la plaine de Grenelle, la destruction des maisons du Pont-au-Change, la construction de la colonnade du Louvre ou de Saint-Sulpice, etc. Les « grands » peintres sont peu représentés (à moins que Pierre-Antoine Demachy ou Hubert Robert n’appartiennent à cette catégorie, bon on trouve aussi des David et des Largillière, …), mais les œuvres sont globalement de bonne qualité et forment des témoignages émouvants de l’histoire parisienne.

Les événements historiques ne sont pas oubliés, notamment pendant la période révolutionnaire, riche en faits dramatiques et exceptionnels, par exemple le Serment du Jeu de Paume de David, mais aussi des objets exceptionnels comme les clés de la Bastille ou la porte de l’Hôtel de Ville qui sera enfoncée par les émeutiers.

Le mobilier est riche, avec en particulier huit pièces meublées en style Louis XV et Louis XVI. Les commodes sont somptueuses et tout à fait à mon goût, ainsi que les bureaux et autres fauteuils. On y trouve également la chambre reconstituée de Marcel Proust, un salon Art Nouveau…

L’ensemble peut donner l’impression d’un bric-à-brac dédié à Paris, de près ou de loin, mais l’endroit a du charme. On passe un bon moment, surtout quand on est bien accompagné.

Je vous conseille de visiter ce musée en plusieurs fois (en plus c’est gratuit), pour bien en profiter. Si vous habitez loin de Paris, commencez par vous rendre sur le site internet du musée qui est plutôt bien fait avec une présentation détaillées des collections : http://www.carnavalet.paris.fr/fr/accueil

A proximité, n’oubliez pas le Musée Cognacq-Jay !

Musée Carnavalet : 16 rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.

Gabrielle de Roincé, conservateur de la bibliothèque Paul-Marmottan

24 jeudi Avr 2014

Posted by hilaire in Entretien avec un artiste, Patrimoine, Peinture

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Musée, XXe

C’est un trou de verdure au beau milieu de Boulogne (Billancourt- pas sur mer) : un bâtiment néo-empire, un jardin fort agréable, le soleil brille et tout est calme. Gabrielle me reçoit « chez elle », à la bibliothèque Marmottan.

Bonjour Gabrielle, peux-tu te présenter aux lecteurs d’Artetvia ? Quel est ton « titre » officiel ?

Bibliothèque Paul Marmottan 1J’occupe actuellement le poste de conservateur de la bibliothèque Paul-Marmottan, située à Boulogne-Billancourt, ça c’est le titre officiel ; la réalité est beaucoup plus diverse. Paul Marmottan (1856-1932) est un (très) riche rentier doublé d’un fin amateur d’art. Fils de Jules Marmottan, lui-même collectionneur, il est féru de l’art du début du XIXe siècle. Sa passion pour l’Empire et la geste napoléonienne est d’ailleurs venue des arts et non l’inverse, ce qui est une démarche assez originale et donne le ton à la variété de sa collection : toute sa vie, il a rassemblé des ouvrages, des estampes, des peintures, des sculptures et du mobilier datant de cette époque ou sur cette époque. Ici, nous sommes dans sa « maison de vacances », son refuge d’érudit et de chercheur ; sa résidence principale était l’actuel Musée Marmottan-Monet, situé dans le XVIe arrondissement, qui accueille aujourd’hui une collection fameuse de peintures impressionnistes (Monet, Morisot, Pissaro, Caillebotte…). Ce visionnaire de l’Europe napoléonienne a légué une superbe collection entièrement dédiée à l’Empire !

 

Alors, où est-on, dans une bibliothèque, un musée, un monument historique ?

Les trois ! C’est un lieu assez unique : tout à la fois bibliothèque spécialisée dans l’Empire, musée (peinture, estampes, sculpture, mobilier) et riche demeure d’un grand bourgeois. Les murs appartiennent à l’académie des Beaux-Arts, la gestion est assurée par la ville de Boulogne-Billancourt.

Ce lieu est d’abord une bibliothèque, d’où son nom officiel : ici travaillent des thésards, des fans de Bonaparte, des chercheurs et des érudits, des étudiants ou de simples Boulonnais souhaitant lire un roman sur Napoléon dans un joli cadre et au calme. Nous possédons plus de 30 000 livres sur le sujet et la collection s’enrichit chaque année, que cela soit des ouvrages en français ou en langues étrangères. La notoriété de la bibliothèque dépasse les frontières.

Bibliothèque Paul Marmottan 2Ce lieu est aussi un musée, dont les parties anciennes sont ouvertes malheureusement uniquement dans le cadre de visites guidées. Le public scolaire est important (Boulogne, Meudon, ouest-parisien…), avec une personne chargée de ce public qui organise des ateliers pédagogiques, toujours sur le thème de l’Empire. Quant aux visites guidées pour les adultes, elles abordent à la fois l’histoire du lieu (une demeure luxueuse du début du XXe siècle et un jardin) et les collections (une centaine de peintures, de « petits maîtres » de l’Empire : Bertin, Turpin de Crissé, Constance Mayer… – pas forcément des peintures extraordinaires, mais qui ont toutes leur charme, une cinquantaine de sculptures, des moulages…). J’espère pouvoir agrandir les lieux de visite au fur et à mesure de leur restauration, je pense notamment à la chambre de Marmottan au dernier étage de la maison, et éventuellement une salle consacrée aux collections du Second Empire. Ici, on entre dans une maison d’un particulier, pas dans un musée en tant que tel : cela donne de la vie au lieu et une atmosphère bien particulière. Certaines pièces sont vraiment « dans leur jus » et c’est assez émouvant.

La cohabitation entre les deux publics n’est pas toujours évidente, mais nous tâchons de cloisonner un peu les espaces : la salle de lecture pour les… lecteurs, le reste pour les visiteurs. Mais il n’y a rien que j’aime mieux que d’être au milieu des lecteurs, d’entendre les enfants dans l’atelier qui piaillent au second étage, les concertistes qui répètent pour leur prochain concert, et les visiteurs qui regardent l’accrochage…

Après, personnellement, je dois assurer la gestion des deux fonctions de la bibliothèque, en étant en même temps conservateur du musée et conservateur de la bibliothèque. C’est prenant… et passionnant !

Tu organises des événements ?

Gabrielle de RoincéBien sûr et j’aimerais les développer. Nous organisons des expositions « internes », c’est-à-dire que nous mettons en avant pour quelques mois telle ou telle thématique illustrée par des œuvres choisies dans le fonds important de la bibliothèque (6 000 estampes quand même !). Dans l’auditorium situé au sous-sol, nous proposons régulièrement des concerts et des conférences, notamment une par mois organisée par l’Institut Napoléon. Il y a un gros défi dans cette maison : assurer la qualité scientifique exigée par les spécialistes et par le niveau du fonds, en proposant des expositions pointues et solides, et ouvrir en même temps cet espace à tous les publics qui le souhaitent. J’ai plein de projets pour rendre vivant et accessible ce musée qui semble parfois un peu endormi : des festivals de musique et de cinéma, de la création napoléonienne contemporaine, une nuit de jeu en réseau sur Napoléon, des reconstitutions de batailles en soldats de plomb, des illuminations dans le jardin, des projections en plein air… ce ne sont pas les idées qui manquent ! Et puis, l’épopée napoléonienne fait souvent rêver, cela devrait attirer du monde. J’aimerais aussi développer davantage l’aspect musical, étant assez sensible à la musique (je suis musicienne moi-même). La musique sous le premier Empire est peu connue et pourtant tout à fait intéressante.

 

Qu’est ce qui te plaît dans ton métier et dans ce lieu ?

D’y être ! Et de le faire vivre… Travailler au milieu de ces belles œuvres, au plus près de la beauté. Je suis peut-être un peu idéaliste, mais j’aimerais pouvoir faire largement découvrir et apprécier les trésors de cette bibliothèque, ces belles œuvres. Chaque œuvre a son histoire, c’est passionnant. Bon, évidemment, il ne faut pas que je m’y attache trop, je ne suis que le conservateur, pas le propriétaire. D’ailleurs c’est amusant, je le dis beaucoup en visite : Paul Marmottan avait épousé une Gabrielle, il faut croire que j’étais prédestinée à rentrer dans cette maison !

Et puis la diversité de mon travail : avec mon équipe, nous faisons tout de A à Z. J’assure la protection et la mise en valeur des collections. La protection, avec la numérisation et l’informatisation du fonds, sa restauration et son enrichissement, la mise en valeur, avec la mise sur pieds d’expositions et d’événements… mais aussi la gestion d’un bâtiment, d’une équipe, un travail en collectivité : il n’y a pas deux jours identiques à Marmottan !

Egalement le fait d’être au contact de plusieurs domaines artistiques : le patrimoine écrit – livres, archives (c’est tellement incroyable d’ouvrir une boîte d’archives et de tomber sur la lettre d’Élisa Bonaparte à sa mère,…) – le patrimoine figuré, estampes, la musique, sans oublier la recherche.Bibliothèque Paul Marmottan 3

Comment vois-tu la bibliothèque pour les années à venir ?

Personnellement, j’aimerais continuer à nous concentrer sur l’Empire en tant que tel. Il y a suffisamment à faire. Après, les deux aspects « scientifiques » et « touristiques » sont à développer : accroître les relations (qui existent déjà) avec le monde universitaire pour en faire un pôle connu et reconnu sur Napoléon, rationnaliser et enrichir les collections, ouvrir de nouveaux espaces, mettre en valeur le jardin, ouvrir davantage au public, faire davantage de communication… Beaucoup de projets en perspective ! D’ici là, n’hésitez pas à nous rendre visite !

 

Merci Gabrielle !

 

Bibliothèque Paul-Marmottan, 7, place Denfert-Rochereau, 92 100 Boulogne Billancourt

Tél : 01 55 18 57 61 – bibliothequemarmottan@mairie-boulogne-billancourt.fr

Le musée Nissim de Camondo : au cœur du XVIIIème (siècle, pas arrondissement)

21 jeudi Nov 2013

Posted by hilaire in Arts divers, Peinture

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Camondo, Musée, XVIIIe

En voilà une famille qui cumule les moyens financiers et le bon goût ! Chose assez rare somme toute.

Nissim de Camondo - EscalierNissim de Camondo est l’héritier d’une grande lignée de financiers juifs sépharades, banquiers de la Sublime Porte, anoblie par Victor-Emmanuel. Arrivée en France à la fin du second Empire, la dynastie se caractérise par son goût (presque immodéré) des belles choses. Logé avec sa famille dans un hôtel particulier de la rue de Monceau, Moïse, neveu d’Abraham et petit-fils de Salomon, va attendre la mort de sa Môman pour raser le tout et construire, entre 1911 et 1914, une très belle bâtisse, celle que l’on visite aujourd’hui. Entre temps, il aura accumulé un nombre considérable d’œuvres d’art, en particulier du XVIIIème siècle. Son fils unique Nissim, pilote d’avion, meurt au combat en 1917, ce qui va pousser son père à léguer sa collection aux Arts décoratifs (et le reste de sa fortune à sa fille), en précisant que l’hôtel qui l’abrite, sa propre maison, devra porter le nom de Musée Nissim de Camondo. C’est ce musée que nous allons découvrir aujourd’hui.

Nissim de Camondo - FacadeLe bâtiment tout d’abord : bien, très bien. Une fois franchi le porche, nous arrivons dans la cour d’honneur, qui permet d’avoir un aperçu global de l’hôtel qui, s’inspirant du petit Trianon, déploie ses lignes sobres et son faste délicat : pilastres cannelés, corniches épurées et rambarde sage. Le visiteur parcourant les deux étages est frappé par l’équilibre entre l’apparat et le confort. On admire les grandes et hautes pièces à boiseries, l’escalier d’honneur remarquable, les tapis imposants et les lourds lustres ; on apprécie les salles de bain très modernes, le système de chauffage efficace et l’ascenseur capitonné de velours rouge. C’est beau et on s’y sent bien.

Nissim de Camondo - BibliothèqueLa bibliothèque est chaleureuse, avec une vue sur le jardin – hélas en travaux – la salle à manger est majestueuse, les chambres plus confortables (avec de petits lits, on ne devait pas être très grands chez les Camondo !). La cuisine est assez impressionnante, avec sa collection de cuivres, de moules à gâteaux et… une rôtissoire gigantesque. Les salons sont plus clinquants et scintillent de mille feux (c’est idiot comme expression, mais c’est assez juste).

Nissim de Camondo - SalonLes pièces sont richement meublées et décorées « dans leur jus », les photos de l’époque où elles étaient occupées nous prouvant que le décor n’a pas changé. Camondo avait vraiment une belle collection d’œuvres d’art : des meubles assez sobres, issus des plus grands ébénistes des règnes de Louis XV et Louis XVI (les fameux BVRB), des tableaux et sculptures choisis avec soin (Vigée-Lebrun, Guardi, Houdon), de l’argenterie savamment ouvragée et une collection de porcelaine de Sèvres et de Chantilly assez époustouflante, il faut l’avouer : chaque assiette porte un oiseau différent tiré de l’Histoire naturelle des oiseaux de Buffon. Bon évidemment, tout n’est pas exceptionnel, certaines peintures sont un peu cucu la praloche (l’époque voulait ça) et certains meubles et bibelots assez étonnants (un cabinet de toilette en forme de cœur, des chinoiseries un peu kitsch…). S’ajoute à cela, des gravures du XIXème siècle assez réussies, des photos de famille, notamment de Nissim en aviateur… qui donne une atmosphère de bon goût pas trop ostentatoire et assez intimiste : on verrait bien la collection chez soi.Nissim de Camondo - Cuisine

Il y a peu de monde, l’atmosphère est feutrée, le personnel presque aimable. On visite une (riche) maison familiale, pas un musée. Parfait pour un dimanche après-midi d’hiver en galante compagnie.

Musée Nissim de Camondo, 63 rue de Monceau dans le VIIIème.

http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/nissim-de-camondo/

Attention, chefs-d’œuvre ! Le printemps de la Renaissance au Louvre

17 jeudi Oct 2013

Posted by hilaire in Peinture, Sculpture

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Louvre, Musée, Renaissance, Toscane

Vous allez dire « Encore la Renaissance italienne ! », c’est vrai, j’ai quelques marottes, mais bon, il m’est plus facile d’écrire sur Donatello que sur Calder, Christo ou Niki de Saint Phalle – et encore, eux sont de vrais artistes, quant à d’autres…

Je n’aime pas le Louvre, j’ai eu l’occasion de l’écrire plusieurs fois : il y a trop de monde, trop de bruit, trop d’œuvres, aussi belles ou connues soient-elles.

Et pourtant, par le thème alléché, je suis allé visiter l’exposition consacrée aux débuts de la Renaissance italienne qui s’y tient.

Et je n’ai pas été déçu, bien au contraire ; c’est tout simplement exceptionnel. Tout ce que vous apprenez en histoire de l’art sur cette période, et bien vous l’avez en vrai, en peinture et en marbre !

Donatello - PuttiEn dix salles, on assiste à l’éclosion d’une révolution artistique, intellectuelle, théologique, politique. C’en est même émouvant !

Tous y sont présents, ou presque, avec dans le désordre, Ghiberti, Brunelleschi, Donatello, Pisano, Nanni di Banco, Filarète, Uccello, della Robbia, Masaccio, Lippi, Alberti… Tout ce petit monde travaillait en Toscane, principalement à Florence et quasiment au même moment. Pour une ville de 40 000 habitants, vous imaginez le nombre de génies au mètre carré.

Del Castagno - Sibylle de CumesL’exposition propose principalement des sculptures et des fresques, un peu d’orfèvrerie et d’enluminure ainsi que quelques peintures. Son intérêt est également de mettre en regard les œuvres de la Renaissance et leurs modèles antiques, qui évidemment ne dépareillent pas, que cela soit le buste d’un patricien, l’un romain, l’autre florentin (le laid Francesco Sassetti, le pote de Laurent le Magnifique par exemple) ou des puttis ailés, joufflus et fessus, christianisés du bout des lèvres sous le nom de spiritelli. Admirons d’ailleurs les nombreuses sculptures et bas-reliefs romains, tout en finesse et en austérité, notamment un sarcophage ouvragé très bien conservé dont les nombreux personnages ont un mouvement général extraordinaire.

Donatello - Madone PazziIci où là, subsistent quelques traces du gothique international, notamment dans certaines peintures où les oripeaux médiévaux apparaissent avant de s’évanouir dans le cours de l’histoire. Entretemps, vous aurez le loisir d’admirer deux œuvres emblématiques de la naissance de la Renaissance : des panneaux en bronze doré de Ghiberti tels qu’on peut les voir sur les portes du baptistère du duomo de Florence, et des statues identiques à celles de l’église d’Orsanmichele (Nanni di Banco, Donatello et plus tard Verrochio).

della Robia

Trois points à retenir

Un artiste : Andrea del Castagno et ses fresques, particulièrement la sibylle de Cumes et le portrait de Boccace.

Une œuvre : une vierge à l’enfant de Luca della Robbia (l’oncle d’Andréa), d’une beauté inouïe.

Une technique : le stiacciato, qui permet d’obtenir des bas-reliefs avec peu de profondeur, en accentuant la perspective par la multiplication des plans, technique que Donatello a utilisée avec brio pour sa madone Pazzi.

Je ne vous en dis pas plus. Allez-y, vraiment !

Le printemps de la Renaissance – La sculpture et les arts à Florence, 1400-1460

Du 26 Septembre 2013 au 6 Janvier 2014

http://www.louvre.fr/expositions/le-printemps-de-la-renaissance-la-sculpture-et-les-arts-florence-1400-1460

Dalou à Cognacq-Jay : la révolution et la grâce

06 jeudi Juin 2013

Posted by hilaire in Artiste, Evénement, Sculpture

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Dalou, Marais, Musée, Paris

Le changement, c’est maintenant ! Après un article un peu long (sur Job), place à l’entrefilet.

Je vous avais présenté il y a quelques mois le musée Cognacq-Jay, un petit bijou posé dans le Marais, à deux pas de la place des Vosges et qui offre une superbe collection d’objets d’art du XVIIIème siècle, mobilier, peinture, sculpture et arts décoratifs.

Je vous avais présenté brièvement Dalou, le sculpteur communard, à l’occasion de notre visite du Petit Palais, notablement fameux pour son Triomphe de la République.

Et bien, j’ai la joie de vous annoncer que les deux sont désormais unis pour le meilleur mais non pour le pire le temps d’une exposition.

Dalou s’expose en effet à Cognacq-Jay. Lui le révolutionnaire, le socialiste utopiste, genre phalanstère à la Fourier et Godin, au milieu de pièces très peu « classes laborieuses et industrieuses » ? On va loin dans le contraste ! Et bien figurez-vous que non !

Bon nombre d’œuvres sont en fait de facture et de thèmes très classiques. Dalou ne dépareille pas avec les Houdon, Lemoyne et autre Clodion des collections permanentes. De charmants bustes enfantins, très purs dans leur matériau, leur plastique et leur regard (sans l’ambiguïté sciemment masquée de peinture de Greuze), des groupes mythologiques, nymphes, putti dodus et fessus, etc…

Dalou a visiblement été fortement inspiré par ses prédécesseurs du XVIIIème siècle, oscillant entre une tendance classique et sage et les effets de manche de la rocaille, tout en gardant leurs caractéristiques communes : raffinement de la matière, virtuosité des accents, finesse maniérée des formes. En quelque sorte, l’idéal réaliste, comme aurait dit Pigalle : en tout 35 terre-cuites, plâtres et bronzes de ce grand artiste qui vous sont présentés dans le splendide et calme écrin qu’est l’Hôtel Donon.

C’est gratos et c’est jusqu’au 13 juillet 2013

Quelques oeuvres

Ariane et Bacchus

Ariane et Bacchus

La liseuse

La liseuse

Baigneuse s'essuyant les pieds

Baigneuse s’essuyant les pieds

Buste d'enfant

Buste d’enfant

Musée Cognacq-Jay, 8 Rue Elzevir dans le IIIème – Métro Saint-Paul

Dalou fait par ailleurs l’objet d’une exposition au Petit Palais intitulée « Dalou le sculpteur de la République » avec des œuvres plus politiques et sociales, présentant près de 400 œuvres (sculptures, peintures, dessins…).

D’Angers au Louvre !

14 jeudi Mar 2013

Posted by hilaire in Evénement, Sculpture

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D'Angers, dessin, Louvre, Musée

Décidément, je n’aime vraiment pas le Louvre : trop d’œuvres assemblées, j’ose dire entassées. Plein d’œuvres magnifiques, évidemment, mais il est difficile de les apprécier. Et puis, que de monde ! Ça grouille, ça bruisse, ça caquette. Et pourtant j’ai décidé d’y faire un tour, pensant que le froid et la neige allaient rebuter le touriste.

Raté !

J’avoue qu’au début j’y étais allé pour voir une exposition sur la peinture mexicaine aux XVIIème et XVIIIème siècles. Patatras, l’expo est très difficile à trouver, perdue parmi les tableaux espagnols de la collection permanente – fort beaux d’ailleurs (Zurbaran, Ribera, Goya…) –  et en fin de compte, très décevante. Circulez, il n’y a rien à voir…

En revanche, je me suis attardé sur la rétrospective dédiée aux dessins de David d’Angers, qui réserve de jolies surprises.

David_d_Angers - FoyLe Louvre, en collaboration avec le musée d’Angers, nous propose une belle collection d’esquisses, de dessins et de modèles réduits en terre cuite, préparatoires aux œuvres plus magistrales que sont les sculptures en pied, les bas-reliefs ou les monuments funéraires, ainsi qu’une partie de la collection de dessins de l’ami David, couvrant principalement le XVIIIème et le début du XIXème siècles (Vernet – Claude-Joseph, pas Horace, Géricault et même Friedrich ; si, si, le Teuton qui a peint Le voyageur contemplant une mer de nuage, œuvre présente dans tous les bouquins d’histoire de collège comme archétypal du début du romantisme allemand à la Herder, Schiller ou Goethe). On n’a pas le sentiment de s’être fait avoir – vous savez les expos qui s’appellent « Rembrandt et ses potes » où il y a beaucoup de potes et peu de Rembrandt… Là il y a vraiment du d’Angers ! Deux salles pleines à ras-bord.

David d'Angers 2De son vrai nom Pierre-Jean David, il est né à Angers en 1788 et mort en 1856. Autant vous dire qu’il en a connu des régimes. D’ailleurs, ça se voit dans les pièces présentées. Fasciné par la mystique thermidorienne et impériale, il a sculpté de nombreux sujets militaires tels que les campagnes d’Espagne du général Foy (monument funéraire au Père Lachaise), mais aussi, quand il le fallait (il faut bien se nourrir, ma bonne dame), un bas-relief représentant la réception du duc d’Angoulême, un médaillon en bronze de Chateaubriand, avec une tête assez inhabituelle, et encore un peu plus tard, un portrait de Prosper Mérimée.

David d'Angers 1Cela donne une œuvre assez éclectique dans les sujets mais une forte unicité dans le style : un historien de l’art parlerait de rhétorique picturale classique. Et en effet, il a par exemple illustré, visiblement avec délectation, une édition d’Antigone, aux traits avares, drapés marqués et muscles saillants (pas pour Antigone, les muscles, pour Créon !). De son voyage en Grèce, avec sa fille Hélène, il rapporta des croquis antiques de toute beauté, notamment de Philopœmen (c’est utile une expo, on apprend le nom de gens illustres !) à Sparte. Même les événements contemporains sont classicisés : la victoire de tel général napoléonien devient un triomphe antique où la virtù et le courage triomphent de la veulerie et la bassesse ; une révolte d’esclaves à Saint-Domingue devient un combat entre gentils Hellènes et méchants Perses (pour l’anecdote, dans la scène, il a croqué un esclave croquant un soldat de la révolution – pas très politiquement correct tout ça…). Les dessins préparatoires sont parfois nerveux, parfois au contraire très précis, notamment les portraits. On peut même apercevoir les techniques de dessins utilisées : il y a un superbe exemple de carroyage méticuleusement dessiné. A la fin de sa vie, alors que nombre de ses contemporains avaient sombré dans un romantisme de bon aloi ou dans les caricatures sociales, il est resté fidèle à sa ligne classique.

D'angers - Chateaubriand

Si, si, c’est bien Chateaubriand !

Cela donne une exposition agréable à visiter : un regret, qu’il n’y ait pas systématiquement la reproduction de l’œuvre sculptée à côté du dessin préparatoire. Pourtant, cela ferait sens comme dirait l’autre.

A voir bien entendu, autrement, je ne vous en parlerais pas, mais un conseil, allez-y tôt le matin, il y aura moins de monde. Et combinez cette visite avec une partie des collections permanentes (billet commun). Ne tardez pas trop, c’est jusqu’au 20 mai !!

http://www.louvre.fr/expositions/david-d-angers-dessins-des-musees-d-angers

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