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Archives de Tag: Villes et villages

Mon trésor est en Touraine

19 jeudi Mai 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Touraine, Villes et villages

Montrésor ! Il faut avouer qu’avant même de connaître le village, son nom parle en sa faveur. Il est situé dans le sud de la Touraine, à proximité de Loches, dans le département qui accueille aussi les communes d’Avoine, du Boulay, de Chinon, de Crotelles ou de Villeperdue…

C’est la plus petite commune du département en terme de superficie : 98 hectares, pour 350 habitants. Et pourtant, son aura dépasse largement ses voisines, de par son histoire et ses monuments.

Montrésor - Vue du châteauMontrésor, c’est d’abord un château, perché sur sa butte autour de laquelle s’étend le village. Dominant l’Indrois, à la fois massif et de belle proportion, il a été érigé par le comte d’Anjou Foulques Nerra (965-1040), sans doute à partir d’un bâti existant. Jusqu’au XIIIe siècle, il appartient aux Plantagenêts, via les Anjou. A la Renaissance, il est embelli par Imbert de Batarnay qui construit un grand et élégant logis, toujours existant. Les années passent et le château connaît divers propriétaires qui l’entretiennent plus ou moins bien, avant de tomber en 1849 entre les mains d’une riche famille polonaise, les comtes Branicki, qui rachètent en même temps la moitié du village. Depuis, les Branicki ont eu le dos suffisamment large pour pouvoir garder le château jusqu’à aujourd’hui et ouvrir à la visite les principaux bâtiments et leurs intérieurs, avec un mobilier et une décoration de grande valeur. N’hésitez pas à en pousser la porte, cela vaut vraiment le coup !

Montrésor- CollégialeAutre fierté légitime des Montrésoriens : la collégiale Saint-Jean-Baptiste. On la doit à nouveau à Imbert de Batarnay, qui y repose désormais – admirez son superbe gisant à gauche en entrant. Au XVIIIe siècle, de collégiale, l’église change d’affectation pour devenir église paroissiale. Passée la tourmente révolutionnaire qui a en partie saccagé le lieu, l’église est restaurée, notamment par les Branicki. Un clocher est élevé en 1875. Aujourd’hui, nous pouvons admirer un bel ensemble architectural, dont les différents styles architecturaux sont visibles mais harmonieusement assemblés. La nef est vaste, les splendides verrières venant apporter une belle lumière qui colore la pierre blanche. Notez deux passages berrichons, passages voutés en bas-côté permettant d’accéder aux chapelles situées au niveau de la dernière travée du chœur. Admirez, outre le tombeau des Batarnay, la superbe Annonciation de Philippe de Champaigne et quatre tableaux de Marcello Fogolino, peintre italien de la fin de la Renaissance. Les stalles sculptées sont du XVIe siècle et de grande beauté. Pour une église de village, c’est quand même pas mal…

Enfin, dernière curiosité qui mérite le détour comme dirait bibendum, le village lui-même, classé parmi les Plus beaux villages de France. Perdez-vous dans les ruelles bordées de maisons anciennes, promenez-vous le long de l’Indrois, un parcours bucolique embrassant tout le village le surplombant, avec ses lavoirs, son bélier hydraulique, son pont métallique forgé dans les ateliers d’Eiffel, l’ancienne chapelle Saint-Roch, etc…

Alors venez visiter et admirer Montrésor !

Montrésor - Le village

Trèves, ville impériale

07 jeudi Avr 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Allemagne, architecture, Villes et villages

Une fois n’est pas coutume, franchissons la frontière pour faire connaissance avec une ville allemande. Il y a quelques mois, nous avions pu visiter Dinkelsbühl, cité aussi jolie que méconnue. Aujourd’hui, restons de « notre » côté du Rhin, traversons le Luxembourg et découvrons Trèves. Plurimillénaire, la ville possède une longue et prestigieuse histoire. Dont il reste de beaux vestiges. De ceux-ci, un unique article d’Artetvia ne suffirait pas à présenter toutes les facettes, tant elles sont nombreuses.

Voici donc quelques joyaux d’un bien beau trésor.

Trèves est avant tout une ville romaine, considérée comme une « deuxième Rome ». Choyée par les empereurs, elle conserve divers monuments de l’époque où elle régnait sur un immense territoire.

Trèves - BasiliqueLa basilique de Constantin étonne par sa taille. Comme son nom l’indique, le célèbre empereur en fut l’initiateur et le premier occupant, puisqu’elle lui servait de salle du trône. C’est la plus grande pièce de l’époque romaine qui nous soit parvenue intacte. Il est vrai que l’ensemble est impressionnant : 33 mètres de haut (un immeuble d’une dizaine d’étages), un puissant plafond à caissons pas d’époque, de larges et hautes fenêtres. Même l’orgue contemporain est extrêmement imposant – et pas très beau. Les murs sont construits en fines briques, autrefois couvertes d’un crépi, disparu depuis des siècles. Aujourd’hui temple protestant, la basilique reste un témoignage émouvant de la grandeur de Rome « hors d’Italie ». Elle est en partie masquée par le palais du Prince électeur. D’un style très rococo, bien chargé d’angelots joufflus et fessus, de dorures et de crème chantilly, il contraste avec l’austérité de la basilique. Le parc attenant offre une perspective vers les thermes impériaux, dont les vestiges sont vraiment imposants.Trèves - Palais

Autre monument romain, la Porta Nigra (que je n’ai vue que de loin par manque de temps, hélas, et puis, sous la pluie, c’est moins joli), le symbole de la ville par excellence. Ce n’est pas une simple porte mais un large et profond bâtiment. Une partie a servi d’église pendant plusieurs siècles. Non, elle n’est pas construite en pierres volcaniques ! Son côté « nigra » lui vient tout simplement de la patine du temps, sur des pierres originellement claires.Trèves - Porta Nigra

La cathédrale et l’église Notre-Dame qui la jouxte offrent un panorama sur l’évolution de l’architecture sacrée de la région. Si l’église Notre-Dame d’un pur style gothique est assez élégante avec sa forme en croix grecque, quoiqu’un peu froide et défigurée par un mobilier contemporain, la cathédrale est un magnifique et très imposant bijou de l’art roman rhénan. L’édifice est gigantesque et pourtant au IVe siècle, l’ensemble était quatre fois plus étendu (il y avait 4 basiliques), prouvant la renommée et la richesse de la ville. On dit que sainte Hélène en personne en posa la première pierre. La décoration est en grande partie baroque, avec quelques chefs d’œuvre comme plusieurs tombeaux d’évêques, un chœur assez élevé et un buffet orgue très… particulier.

Trèves - Cathédrale et église Notre-Dame

Il y a quantité d’autres monuments à visiter, mais une seule journée ne suffit pas : le plus vieux pont d’Allemagne, la tour des Francs, l’ancien amphithéâtre… et la maison natale de Karl Marx ! Pour finir, n’hésitez pas à déambuler dans les charmantes rues anciennes, la grand’place où même le McDo sait rester discret…

A voir et revoir !

Salers, au cœur du Cantal

03 jeudi Sep 2015

Posted by hilaire in Patrimoine

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Auvergne, Cantal, Villes et villages

C’est la rentrée ! Pour garder un air de vacances, Artetvia vous propose de découvrir un morceau de Cantal et plus précisément Salers.

Salers ? Vous connaissez certainement tous ce nom. Pour certains, c’est une race bovine à la robe acajou et portant fièrement ses cornes en forme de lyre ; pour d’autres, c’est un fromage, assez proche du cantal, élaboré uniquement en ferme – c’est d’ailleurs le fromage AOC français dont le cahier des charges est le plus strict.

Mais surtout, Salers est un village ! Juché sur son éminence volcanique, il domine la vallée de la Maronne, affluent de la Dordogne, qui parcourt une vallée particulièrement encaissée. Nous sommes aux pieds du massif cantalien, vestige d’un ancien strato-volcan de plus de 50 kilomètres de diamètre, le plus étendu d’Europe (attention, s’il se réveillait…), à près de 1 000 mètres d’altitude. Avant d’aller plus avant dans sa découverte, sachez que le « s » final ne se prononce pas : ça fait parisien ou plouc.

Son histoire est ancienne et prestigieuse. D’ailleurs, le visiteur est étonné de visiter tant de beaux monuments pour une si petite bourgade : hé oui, la commune ne compte que 345 habitants, écarts compris.

Salers - Vue généraleIl n’en a pas toujours été ainsi. Il y a deux siècles, elle en comptait cinq fois plus. Des habitants visiblement assez remuants et difficiles à « administrer » : la famille Salers, bien qu’auréolée de plusieurs départs à la croisade, n’a eu de cesse de se disputer le pouvoir avec les « bourgeois », quand elle n’était pas occupée à régler ses propres querelles intestines. C’est ainsi qu’au XVe siècle, la ville prend seule la décision de se fortifier, lasse des raids de routiers anglais désœuvrés. Le roi donnera raison aux bourgeois contre leur seigneur qui contestait la chose ! Le siècle suivant verra la construction des principaux monuments actuels de la ville et l’obtention du baillage des monts d’Auvergne et d’un tribunal royal. La ville, jusque-là fortement rurale, se transforme en cité administrative – une ville de fonctionnaires quoi… En 1586, l’assaut des protestants fut repoussé : un tableau commémoratif existe toujours dans l’église Saint-Matthieu – à l’image de la chapelle d’Aurinques à Aurillac. Autre fait mémorable, le 21 janvier 1666, à l’issue des Grands jours d’Auvergne (sorte de cour de cassation mobile, présidée par un commissaire du roi), le marquis de Salers fut condamné à mort pour assassinat « condamné sur la fin, par contumace, à avoir le col coupé, à une forte amende et au rasement de sa maison », moralité le château de Salers n’existe plus !

Salers - Place Tyssandier d'EscousAprès la révolution, Salers perdit ses prérogatives administratives et son lustre en pâtit. La ville est devenue une bourgade à l’influence simplement locale, mais grâce à la restauration de son patrimoine, restauration un peu trop visible, à la limite de l’artificiel d’ailleurs, les touristes accourent.

Alors que visiter à Salers ?

Après avoir garé votre véhicule sur le parking le plus bas (gratuit, les autres sont payants et assez chers), montez prestement en direction de l’église Saint-Matthieu : reconstruite au XVe siècle, le bâtiment est superbe et en excellent état ; admirez en particulier au fond de l’église, une superbe Mise au tombeau polychrome, typique de la fin du XVe. Ignorant les magasins attrape-touristes qui proposent tous de l’aligot, des bobs « J’aime l’Auvergne », des tripoux et des vrais-faux couteaux de Laguiole, dirigez-vous vers la place Tyssandier d’Escous, du nom du restaurateur de la race bovine de Salers – son buste trône à la place des anciennes halles, malheureusement détruites : au centre du village, elle est entourée de jolies maisons Renaissance et notamment la maison dite du Baillage, qui ne l’a sans doute d’ailleurs jamais abrité… C’est beau et les jours de marché, les couleurs des étals contrastent avec la pierre sombre et froide des monuments. Auparavant, vous serez passés sous la porte du beffroi, vestige de l’ancien rempart.

Salers - Eglise Saint-MatthieuVous pouvez aussi prendre le temps d’admirer la Maison des Templiers, qui n’a de templier que le nom, les recherches historiques ayant démontré qu’elle n’a jamais accueilli qui ou quoi que ce soit en lien avec l’Ordre du Temple. Simplement, l’un de ses propriétaires Israël de Mossier (1685-1745) était commandeur de l’Ordre de Malte… La maison est aujourd’hui le siège du musée de Salers.

Salers - Vue du belvédère

Vue du belvédère

Vous pouvez aussi visiter pêle-mêle : la chapelle Notre-Dame de Lorette, à l’autre bout du village, en style néo-byzantin, la maison de la Ronade datant du XIIIe siècle, les hôtels particuliers et les rues pavées. Et puis, finalement, dirigez-vous vers le belvédère, qui permet d’embrasser du regard un superbe panorama sur les montagnes cantaliennes. Vous pourrez ainsi préparer « visuellement » vos randonnées vers le Puy Violent, le Puy Mary, ou le Puy Chavaroche, pour profiter à plein des richesses culturelles et naturelles de cette si belle région.

De bonnes vacances en perspective !

 

En réaction à cet article, un lecteur auvergnat – dénommé Jaja G. – tenait à signaler qu’à Salers, les mouches abondent et que le temps est mauvais trois jours sur quatre, surtout en été : n’aimant pas être dérangé par les touristes, ceci explique peut-être cela 😉

Et Dieu créa Rocamadour, il vit que cela était beau (II)

06 jeudi Nov 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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moyen-âge, Villes et villages

La semaine dernière, nous avions pu découvrir l’histoire singulière de ce lieu. D’ailleurs, le nombre élevé de visites a prouvé une fois de plus que Rocamadour suscite un intérêt certain. Et pour cause !

Aujourd’hui, partons visiter la cité, bâtie sur trois étages : en haut, le château ; en bas, le village ; et enfin, accroché à la falaise, le sanctuaire.

Rocamadour - EnsembleLe château a été construit pour protéger le sanctuaire, en interdisant aux assaillants d’y accéder par le haut de la falaise. Construit à la fin du XIIIe siècle, il fut profondément remanié au XIXe siècle. Il n’en reste que les remparts d’origine, ouverts au public, mais dont la visite a pour unique intérêt d’embrasser toute la vallée de l’Alzou et de bénéficier d’une vue exceptionnelle et vertigineuse sur le reste de la ville. Quant au château, il est privé.

RocamadourPour descendre, empruntez l’ascenseur sous-terrain ou, beaucoup mieux, le chemin de Croix, que vous parcourez d’ailleurs à l’envers, en débutant par la vaste grotte de la Résurrection. L’endroit est ombragé et permet de rentrer peu à peu dans l’esprit du lieu.

Vous arrivez alors dans le sanctuaire. C’est à la fois petit et majestueux.

Petit, car le parvis central l’est assurément. Majestueux, car il est entouré des 8 chapelles – en réalité, 6 chapelles, une basilique et une crypte – sans oublier l’ombre menaçante et protectrice de la falaise.

Rocamadour - Chapelle Saint-MichelLa chapelle Saint-Michel, sans doute la plus émouvante, est celle du premier prieuré bénédictin. Ouverte au public uniquement dans le cadre des visites organisées par le sanctuaire, on y accède par un étroit et sombre escalier. Elle est collée à la falaise, qui en forme la moitié des murs et du toit, décorée de fresques magnifiques et dotée d’une abside en cul-de-four. C’est une merveille d’art roman : pureté des lignes, sobriété des formes, peintures émouvantes. Des fresques extérieures sont visibles sur son chevet : incroyable, les couleurs sont toujours présentes, après huit siècles dans le froid, la pluie et le soleil. C’est beau.

Rocamadour - CrypteAdossée à la falaise, la chapelle Notre-Dame est le cœur du sanctuaire : c’est là que trône la Vierge noire, habillée les jours de fête. De nombreux ex-voto, plaques ou maquettes de bateau, témoignent de la vénération des fidèles. De là, on peut accéder à la basilique Saint-Sauveur, qui est la plus grande église de Rocamadour : admirez l’équilibre des volumes et le style roman tardif qui annonce l’aube du gothique ainsi que l’orgue, de facture récente. Sa division en deux nefs parallèles est ancienne : une partie était utilisée par les pèlerins, l’autre par les moines. Le chœur repose entièrement sur la crypte, accessible par le parvis. C’est là que le corps d’Amadour reposait jusqu’à son démembrement par les Protestants durant les guerres de religion. Tout est calme.

Rocamadour - Basilique Saint-SauveurDe l’autre côté de la place se situent les petites chapelles Saint-Blaise et Sainte-Anne, dont le mobilier est plus récent, notamment un retable baroque de toute splendeur. Enfin, observez la chapelle Saint-Jean-Baptiste, servant désormais de baptistère, qui a été décorée au XIXe siècle de fresques représentant les personnages illustres ayant visité le sanctuaire, dans un style presque troubadour. Fortement restauré également le palais abbatial, actuel musée d’art sacré… que je n’ai pas visité ! Malgré sa construction sur plus de huit siècles, l’ensemble est très homogène.

En descendant encore, passons sous la Porte Sainte qui délimite l’entrée du sanctuaire et empruntons le Grand escalier (216 marches), gravi par les pèlerins à genoux. Nous arrivons dans le village. L’unique rue est délimitée par des portes fortifiées, rappel de l’histoire tumultueuse de la cité. Les maisons sont belles et bien entretenues, utilisées principalement par des magasins de souvenirs en tout genre et autres restaurants. Faîtes abstraction des vêtements Made in China et des vraies-fausses poteries artisanales ! Evidemment, cela tranche avec la quiétude et le silence du sanctuaire…

Voilà, brièvement, un aperçu de cette cité qui porte vers le haut, dans tous les sens du terme.

Dernier conseil : préférez les visites avec un bénévole du sanctuaire : c’est passionnant, gratuit et vous avez accès aux chapelles fermées habituellement au public. L’été, la dernière visite est assurée par le recteur du sanctuaire : succès garanti !

http://www.rocamadour.eu/

http://www.vallee-dordogne-rocamadour.com/rocamadour

Et Dieu créa Rocamadour, il vit que cela était beau (I)

30 jeudi Oct 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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moyen-âge, Villes et villages

Ce lieu chargé d’histoire est tellement exceptionnel que deux articles d’Artetvia lui seront consacrés et suffiront à peine. Le premier sera plus historique, le deuxième, davantage artistique et touristique.

Rocamadour 3Nous sommes au milieu des causses, celui de Gramat en l’occurrence. Autour de nous, des cailloux à perte de vue, des moutons, des arbres chétifs, des buissons piquants et touffus, des vallées profondes et encaissées. L’été, le soleil tape dur. L’hiver, il fait froid. Il y a peu de monde dans les villages et sur les routes (sauf les touristes et pèlerins l’été…). La route est longue et sinueuse. Tout d’un coup, Rocamadour apparaît. Le contraste est saisissant !

Accroché au flanc d’une falaise dominant l’Alzou, modeste rivière qui creuse la vallée depuis des millénaires, le site est pourtant habité par l’homme depuis fort longtemps, des peintures rupestres en témoignent.

On pense que très tôt, le lieu attira plusieurs ermites qui y trouvèrent la solitude qu’ils recherchaient ardemment. La légende dit que Zachée (si, si, celui des Evangiles) fut l’un d’entre eux. On ne connaît pas grand’chose de ces hommes, il faut bien le reconnaître. Un oratoire dut être construit dès le Ve siècle. En 968, l’évêque de Cahors confia la chapelle aux moines bénédictins de l’abbaye Saint-Martin, à Tulle. En 1105, une lettre du Pape fit mention du sanctuaire…. Pour la solitude, il faudra trouver un autre endroit ! Des écrits datant du XIe siècle décrivent le pèlerinage de Notre-Dame de Rocamadour comme le troisième pèlerinage mondial, après Jérusalem et Rome et connu pour ses miracles. Au XIIe siècle, les bénédictins agrandirent le sanctuaire et construisirent un prieuré, consacré à la Vierge Marie : une modeste chapelle et quelques bâtiments conventuels, très austères, à flancs de falaise. Il en reste aujourd’hui quelques pans de murs.

Rocamadour 1La réputation de sainteté du lieu attira nombre de pieuses gens qui décidèrent de s’y faire enterrer. Lors du creusement de la falaise, un corps intact fut découvert. Cet anachorète anonyme fut appelé alors Amadour ; il fut exposé à la vénération des fidèles et de nombreux miracles se produisirent.

En 1244, saint Louis et Blanche de Castille vinrent prier Notre-Dame de Rocamadour. En effet, outre Amadour, les pèlerins viennent prier devant la vierge noire et espérer un miracle. Aussi étrange que cela puisse paraître, le vocable de Notre-Dame de Rocamadour est invoqué fréquemment par les gens de mer… alors que nous sommes vraiment loin de l’océan. On dit d’ailleurs que la cloche de la chapelle tinte toute seule au moment même où un miracle « maritime » se produit : si les premiers cas sont peu documentés, les suivants le sont amplement.

Le pèlerinage s’amplifia, les lieux d’accueil des pèlerins se développèrent, le village aussi. Situé aux confins des terres anglaises et françaises, le lieu fut protégé par un château et par des portes fortifiées, dont certaines sont encore debout.

Rocamadour 2Au XIIIe siècle, les bénédictins quittèrent le lieu, remplacés par des chanoines, qui érigèrent des bâtiments plus spacieux – peut-être sont-ils moins enclins à suivre l’austérité bénédictine… Pendant les guerres de religion, le sanctuaire est pillé et le corps d’Amadour brûlé par les Protestants. Deux siècles plus tard, la Révolution acheva de transformer ce sanctuaire mondialement connu en ruines sauvages.

Au XIXe siècle, deux prêtres relevèrent Rocamadour : l’abbé Pierre Bonhomme de Gramat qui remit au goût du jour le lieu et l’abbé Jean-Baptiste Chevalt qui dirigea les travaux de restauration du sanctuaire, dans la lignée de Viollet-le-Duc. A force de ténacité, de pugnacité même, ils levèrent les fonds nécessaires et l’enthousiasme des foules. Dans les années 1870, la restauration est achevée. Un chemin de Croix à la toute fin du XIXe siècle. Voilà la cité telle qu’elle apparaît aujourd’hui !

Visitons-la au prochain numéro…

Dinkelsbühl, en Franconie

11 jeudi Sep 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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Allemagne, Bavière, Villes et villages

Dinkelsbühl, pépite de Franconie

De temps en temps, osons sortir des frontières de l’Hexagone et constater qu’il y a aussi de belles choses ailleurs ! Qui en douterait ? Il y a quelques mois, nous sommes partis à la découverte du Val d’Orcia et de Sienne, en Italie (sans blague) ; aujourd’hui, je vous propose l’Allemagne. Plus précisément la Franconie, qui comme chacun sait, est une des principales régions de Bavière (représentant deux cinquième de la superficie du land tout de même) située au nord du territoire le plus puissant d’Allemagne. Pour vous donner une idée, les villes les plus importantes de ce duché pluri-millénaire sont Nuremberg, Wurtzbourg, Bayreuth…

Intéressons-nous à une petite ville, jouxtant la Souabe (Bade-Würtemberg), mais très attachée à ses racines bavaroises. C’est une pépite : elle s’appelle Dinkelsbühl.

Dinkelsbühl - Vue aérienneAu premier abord, ce qui frappe le visiteur est que la ville ancienne est enserrée dans une enceinte, renforcée à intervalle régulier par des tours. Il y en a une bonne vingtaine, chacune ayant un nom et une histoire. Les plus anciennes datent du XIVe siècle et ont une fonction militaire évidente. Les plus récentes ont une fonction à la fois militaire, symbolique (c’est une ville libre, il faut que cela se voie) et décorative, notamment les portes parsemant le mur et qu’il faut toujours franchir pour entrer dans la vieille cité. Un agréable et ombragé chemin suivant le tracé des anciennes douves permet de se promener en bas du rempart et d’observer ces différentes tours dont la diversité d’architecture atténue le côté un peu « carton-pâte » de la ville : nous ne sommes pas dans une reconstitution mais bel et bien dans une ville historique qui a vécu une histoire mouvementée. Cette ancienne ville libre a notamment été assiégée par les troupes suédoises pendant la guerre de trente ans : les habitants sont exténués et la capitulation proche. La légende dit alors que des enfants, conduits par la fille d’un gardien de porte, viennent implorer la grâce des troupes suédoises, grâce qui leur sera accordée. Cet événement est fêté chaque année par une reconstitution interprétée par la population.Dinkelsbühl 2

Dinkelsbühl 1A l’intérieur, que peut-on admirer ? Un bourg de la Renaissance et du XVIIe siècle. Les grandes et hautes maisons s’alignent sagement le long des rues pavées. Tout est propre (nous ne sommes pas en Allemagne pour rien), les commerces désireux de s’installer ici n’ont d’autre choix que de jeter aux orties leurs néons blafards et leurs enseignes criardes ; elles voient leur nom s’afficher en lettres gothiques (ou pseudo-gothiques diront les puristes) sur une façade préservée. Moralité, les inconvénients d’un tourisme de masse se font moins sentir sur la qualité du bâti et la « pollution visuelle » est absente.

Promenez-vous le long des rues et ruelles parfois tortueuses ; observez que, contrairement à des villes vraiment médiévales, ici, il y a de l’espace, les maisons ont des jardinets (parsemés de nains ?), les rues principales sont assez larges. Admirez l’église Saint-Georges (qui n’est absolument pas une cathédrale comme dit wikipédia, la ville n’ayant jamais été le siège d’un diocèse), une grande église-halle en excellent état assez impressionnante et particulièrement grande au vu de la taille de la ville. Quasiment en face, observez la maison des comtes, immense et majestueuse, avec une charpente imposante. Le couvent des carmélites, désaffecté au début du XIXe siècle et donné aux luthériens, ce qui nous rappelle qu’ici près de la moitié de la population est protestante – nous sommes très au nord de la Bavière. Etc, etc…

Dinkelsbühl 3Profitez de cette belle étape de la route romantique, route qui traverse la Bavière et visiblement très connue en Allemagne, créée dans l’immédiat après-guerre pour attirer les touristes vers les lieux les plus emblématiques de Bavière. J’avoue que l’itinéraire est un peu artificiel, reliant Neuschwanstein (authentiquement « romantique ») à Bad Mergentheim, siège des grands maîtres de l’Ordre Teutonique ou la très baroque résidence de Wurtzbourg…

C’est beau, j’y suis allé, j’y reviendrai !

Gerberoy, la rose de Picardie et la patrie d’Eustache (du Caurroy évidemment)

20 jeudi Mar 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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Picardie, Villes et villages

Après quatre « grands » articles, voici un articule / extrait de carnet de voyage.

C’est un tout petit village : 88 habitants en 2011.

Il est situé au nord de Paris, en Picardie, à une bonne centaine de kilomètres de la capitale, et Dieu sait s’il est difficile pour un touriste de monter vers les contrées septentrionales, là où, paraît-il, le soleil est rare, le ciel bas, gris, humide et lourd. Qui plus est, le village n’a pas un très beau nom : Gerberoy.

Gerberoy - VueEt pourtant, c’est magnifique, vraiment ! Au haut d’une colline se dresse le village, blotti au pied de sa collégiale Saint-Pierre – qui a donc accueilli autrefois un chapitre canonial, preuve de l’ancienneté et du prestige du lieu. De dimension assez modeste, d’architecture mi-romane, mi-gothique, elle est assez simple dans ses lignes, en pierre et appareillage de briques ; notez la voute de la nef en carène renversée et la façade en moellons. On accède à l’édifice par un petit escalier tout aussi charmant que glissant.

Gerberoy - JardinsLes quelques rues du village sont bordées de maisons en briques et / ou à pans de bois. Nous sommes bien à la limite de l’influence de l’architecture du nord de la France et de la Normandie. Les couleurs mouillées rappellent d’ailleurs ces deux régions. Promenez-vous dans les ruelles pavées, admirez les quelques belles maisons de maître, la mairie-halle et le puits couvert.

Gerberoy - CollégialeTout est calme, sauf l’été où les cars déversent les touristes. Préférez le printemps (pour les fleurs) ou l’automne (pour les couleurs). Cela n’a pas toujours été le cas. L’histoire de Gerberoy a été mouvementée. Sa position stratégique fait que le village a été âprement disputé et les historiens ont même compté 5 sièges pendant la guerre de Cent ans, avec notamment la victoire éclatante des armées françaises en 1435 (pour une fois, apprenons à connaître aussi les victoires françaises de la guerre de Cent ans et pas seulement Crécy et Azincourt !). Les compagnons de Jeanne d’Arc, La Hire et Xaintrailles y sont passés, de même qu’Henri IV, Richelieu ou Louis XIII.

Et puis, c’est le village de naissance d’Eustache du Caurroy, compositeur de la Renaissance, célèbre pour son Requiem des Rois de France (qui n’a pas encore fait l’objet d’un article sur ce site, mais ça ne saurait tarder, j’en connais qui risquent d’être contents). Bon, il faut l’avouer, il n’y a pas grand’chose dans le bourg rappelant l’illustre homme.

Surtout, admirez les nombreuses fleurs parsemant le village qui, depuis que le peintre Henri Le Sidaner en est tombé amoureux au début du XXème siècle, est couvert de roses – l’une d’elle porte d’ailleurs son nom. Il en tombe de partout. Et une fête lui est dédiée chaque année.

Allez-y, c’est mignon tout plein !

Je ne résiste pas…

La forme d’une ville

27 jeudi Fév 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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Italie, Villes et villages

Je suis née il y a bien longtemps. La légende dit que je fus fondée par le fils de Rémus, le fan de lait lupin ; ancienne ville romaine, je devins siège épiscopal aux tout débuts de la Chrétienté. Très rapidement, je me libère de mes chaînes et deviens une ville indépendante, siège d’une république qui perdurera, malgré les vicissitudes de mon histoire, jusqu’en 1555. La peste noire fera des ravages dans mes murs et je vais perdre plus du tiers de mes habitants en quelques mois, ce qui me laissera affaiblie pendant plusieurs décennies. Mon ancienne rivale Florence en profitera pour imposer son pouvoir ; je suis rattachée à son grand-duché, les Médicis ayant entre temps pris le titre ducal : cela évite les problèmes de succession et de partage de pouvoir (Strozzi & co) du temps de la République, c’est très pratique ! Annexée à l’Italie en 1861, mon destin se confond désormais avec celui de la péninsule.

Sienne - Vue généraleAujourd’hui encore, je suis une petite ville de 50 000 habitants. Mon orgueilleuse voisine, Florence, capte toutes les attentions et les cars de touristes japonais. Et pourtant, je suis aussi âgée et bien dotée. Contrairement à elle, mon architecture est assez homogène et je ne possède pas de véritable banlieue moderne (et sordide) : je mériterais davantage. D’un autre côté, cela me permet de me préserver des affres de la surpopulation touristique.

A des kilomètres à la ronde, on peut apercevoir ma Torre del Mangia attenante au palais communal. Elle possède la même fonction que les beffrois du Nord de la France : symbole de l’indépendance de mon pouvoir vis-à-vis de l’empereur et vis-à-vis de l’Eglise. J’en suis très fière et j’ai bien raison car cette tour est tout simplement magnifique, avec ses 102 mètres et sa grosse cloche de 6 tonnes. Elle a été construite pour égaler, en hauteur, la cathédrale, pourtant située en haut de la ville.

Sienne - Piazza del CampoDe toute manière, il faut l’avouer, tout mon centre-ville est une pure et sage splendeur. Il n’est pas très grand et est clairement bi-polaire : d’un côté le pouvoir temporel et de l’autre le spirituel.

Sienne - PalioLe pouvoir temporel, outre la Torre del Mangia, est symbolisé par le palais communal sur la Piazza del Campo. Cette place est ma grande fierté. Elle est connue pour être le théâtre du Palio, une course de chevaux pluri-centenaire assez sauvage : l’objectif est que le cheval franchisse la ligne d’arrivée le premier, avec ou sans son cavalier – qui monte à cru, 10 des 17 quartiers (contrada) de Sienne présentant un concurrent. Les chevaux sont tirés au sort. Deux fois par an, la foule s’entasse et s’enthousiasme, les balcons se louent à prix d’or… pour quelques minutes de course. La place est ceinte de palais plus ou moins restaurés (plus que moins en ce moment d’ailleurs), le plus souvent en briques rouges. Ne faites pas comme la plupart des gentils touristes qui arpentent la place et ne regardent qu’en direction du Palais communal : tâchez d’admirer les autres façades, tout aussi belles. La place est en pente et prend la forme d’une coquille. On est loin des espaces rectilignes, majestueux et froids qui apparaîtront plus tard : nous sommes bien au cœur d’une ville médiévale !

Sienne - DuomoLe pouvoir spirituel, lui, s’incarne dans la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, l’une des plus étonnantes de toute la Toscane. Au début de sa construction, mes habitants ont eu les yeux un peu plus gros que le ventre (et puis, la peste m’est tombée dessus à ce moment-là). Elle est inachevée. Ou plutôt, achevée, mais pas dans le sens (au sens figuré… et propre !) prévu initialement. Chef d’œuvre de l’art gothique italien, elle se caractérise par son campanile en marbre noir et blanc, sa façade parée des mêmes couleurs et son grand parvis. Les restes du premier projet sont toujours debout, notamment le Facciatone, la grande façade partiellement ouvragée du projet monumental des habitants. L’intérieur est richement décoré comme peuvent l’être les églises toscanes, et les œuvres de maîtres abondent : statue de Donatello, autel de Peruzzi, un enfant du pays, chaire de Pisano (lui il est de Pise, qui l’aurait cru ?).

SienneAu-delà de ces deux monuments, je regorge de richesses qu’il faut découvrir en déambulant dans mes rues pavées et sonores. Admirez les quelques 75 monuments religieux (basiliques, églises, oratoires…), les dizaines de Palais et autres maisons-tour, preuves de mon opulence, presque insolente, du passé. Marchez sur les pas de Catarina Benincasa, dont le nom a été associé au mien, l’une des plus grandes saintes de l’Eglise catholique, religieuse dominicaine, théologienne, ambassadeur et diplomate de haute volée, traitant avec les Papes, les rois et les universitaires. Perdez-vous dans les ruelles désertes, les placettes frappées par le soleil, visitez la pinacothèque présentant l’école qui porte mon nom et qui n’a rien à envier aux autres écoles toscanes : Duccio, les Lorenzetti, Simone Martini et tant d’autres qui firent ma renommée dans le monde entier.

Mais rassurez-vous, je ne suis pas qu’un musée. Encore aujourd’hui, je suis l’une des villes italiennes où il fait bon vivre, étant placée dans les premières places du classement annuel d’Il Sole 24 Ore. J’ai d’autres activités : de l’artisanat, mais aussi de la finance car je suis le siège de la plus vieille banque mondiale, fondée en 1472 (la Monte dei Paschi).

Venez me rendre visite, même en été, l’atmosphère est respirable, il y a du monde mais pas trop. Je représente la vieille Toscane, plus intime, plus vraie, plus farouche. Je vous accueille.

Au fait, je m’appelle Sienne.

Ni bretonne, ni française, la ville de Saint-Malo

09 jeudi Jan 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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Bretagne, Mer, Villes et villages

Pour son cinquantième article (hé oui, déjà), Artetvia a le plaisir de vous emmener visiter Saint-Malo. Il y aurait tant à dire qu’il faudra bien nous résoudre à ne vous présenter qu’un bref aperçu de cette ville. Pour changer un peu de l’habituel style pompeux des articles de ce blog, nous ferons connaissance avec Saint-Malo par petites touches « impressionnistes » ; et le plus simple, c’est d’écrire et de décrire en ordre alphabétique.

Saint-Malo - Vue générale

A, comme Alet, la cité originelle. Située en face de l’actuelle vieille ville, c’est là qu’est implanté le premier évêché. A cause de raids incessants des Normands, les habitants iront se réfugier sur le rocher le plus proche… qui deviendra Saint-Malo. Il reste… quelques ruines gallo-romaines et romanes.

B, comme le Grand Bé et le petit Bé : deux îles à proximité immédiate de la cité. Allez-y à pieds presque secs à marée basse. La première porte la tombe de Chateaubriand, la deuxième l’un des nombreux forts ceinturant la ville (avec la Conchée, le fort National et le fort Harbour). Chateaubriand a réussi le tour de force d’avoir l’une des tombes les plus connues de France, tout en la désirant totalement anonyme (ni nom, ni date).

C, comme Corsaires : en effet, Saint-Malo fut un véritable nid de guêpes pour les anglais et les espagnols. De grands marins corsaires y naquirent : on pense à Duguay-Trouin ou Surcouf. De nos jours les immenses voiliers de la route du Rhum et les ferries vers l’Angleterre ont remplacé les héros de jadis. Des statues posées sur le rempart leur rendent hommage.

D, comme Digue : la grande digue reliant Saint-Malo aux falaises de Paramé, construite au XIXème siècle. Les jours de tempêtes ou de grande marée, le spectacle est impressionnant et parfois dangereux (il y a des accidents graves chaque année). Promenez-y vous, en longeant les villas cossues battues par les vents. Le charme désuet du lieu est du plus bel effet.

E, comme Evêché : Saint-Malo a été le siège d’un évêché de 1146 (transfert depuis Alet) jusqu’en 1801 (démembrement et fusion avec Dol et Rennes). L’évêque avait juridiction sur une bonne partie de l’Ille-et-Vilaine actuelle, plus une partie des Côtes-d’Armor et même du Morbihan (région de Ploërmel). Il en reste une belle cathédrale (voir infra).

SurcoufF, comme Fort National : construit sur un rocher en face de la ville pour la protéger des anglais par Louis XIV, il est maintenant propriété privée et est visitable à marée basse (par des guides logeant sur place, choisis parmi la jeunesse dorée de Rennes… même qu’on s’amuse bien, malgré l’absence d’électricité et les marées qui réservent des surprises).

G, comme les chiens du Guet : de 1155 à 1770, des dogues étaient lâchés chaque soir au pied des remparts pour prévenir toute attaque ennemie durant la nuit. Les employés municipaux étaient ensuite chargés de les ramener au lever du jour. L’histoire dit que le service a été arrêté suite au croquage malencontreux d’un officier de marine en goguette.

H, comme Habitat : lorsque vous entrez dans la vieille ville, vous découvrez en fait… une ville nouvelle. En 1944, les Américains bombardent la cité, qui est détruite à 80%. Hormis les remparts et quelques monuments, tout est rasé. Les malouins vont reconstruire leur ville de la plus belle manière : des constructions neuves, avec du matériel neuf et un peu de réemploi, mais en respectant une architecture ancienne. Ce qui donne aux immeubles un aspect « vieille ville » qu’ils n’ont pas en réalité. Bravo, cela change du Havre, de Lorient ou de Dunkerque.

I, comme Intra-Muros : ben c’est la vieille ville, entourée de remparts. Très difficile de s’y garer. C’est beau, sombre, humide et touristique.

J, comme Jacques Cartier : l’un des multiples héros de la ville dont il subsiste le manoir situé à quelques kilomètres de la vieille ville, dans la campagne.

L, comme Laiterie de Saint-Malo : qui n’a pas goûté, étant enfant, aux délicieux Malo-frais, à l’emprésuré au chocolat, délicatement versés dans leur boîte en carton ? Ils sont fabriqués à Saint-Malo ! Pour le petit-déjeuner, accompagnez-les d’un craquelin, une espèce de biscuit fade dans lequel on ajoute de la confiture ou du beurre. Ca n’a strictement aucun goût, sauf celui de l’enfance…

Rochebonne

M, comme Mer. On ne peut décrire la ville, sans commencer par la mer. Saint-Malo ne vivait que par et pour la mer. Maintenant l’île est devenue presqu’île. Parfois, lors des plus grandes tempêtes, la mer reprend ce qu’elle a laissé, le sillon est inondé, les eaux du port rejoignent les eaux de la Manche et Saint-Malo redevient une île. C’est assez époustouflant à voir. La mer est froide, glaciale même, avec des marées gigantesques et un marnage qui peut atteindre 14 mètres. Les brises lames en multiples troncs d’arbre témoignent de la violence des flots.

N, comme « Ni Français, ni Breton, Malouin suis », un dicton connu qui dit tout de l’état d’esprit frondeur et indépendant des malouins

P, comme Paramé, une ancienne commune rattachée à Saint-Malo, connue pour sa longue plage de Rochebonne (et la maison familiale, ça c’est moins connu).

Q, comme Quic en Groigne : une tour du château de Saint-Malo, à l’entrée de la ville. Elle tire son nom d’une réponse d’Anne de Bretagne (« Quic en groigne, ainsy sera, c’est mon plaisir ! ») aux réticences des malouins à voir construire un château dont certaines meurtrières à canon sont tournées… vers la ville : la confiance règne ! C’est aussi le nom du bagad de Saint-Malo.

R, comme Remparts : la ville en est ceinturée, avec moult escaliers y menant. Lieu de promenade favori des touristes… et des malouins. De là, on a vue sur toute la baie et ses forts. Magnifique !

Chateaubriand - Tombe- Saint-MaloS, comme Solidor, la tour gardant l’embouchure de la Rance, construite au XIVème siècle par Jean IV de Bretagne.

T, comme Thermes : le nom plus chic pour dire « centre de thalassothérapie ». J’y suis passé devant des dizaines et des dizaines de fois, sans jamais y mettre les pieds. Le bâtiment est idéalement situé et a de l’allure. Quant à la qualité des prestations, je laisse un lecteur la juger.

V, comme la cathédrale Saint-Vincent, siège de l’évêque de Saint-Malo. Elle conserve des vestiges du XIIème siècle, la façade est néo-classique. Elle fut fortement restaurée suite aux bombardements de 1944. Ce qui étonne le visiteur (en tous cas, moi), c’est que l’on ne fait que descendre : entrée, nef, chœur, chevet, à chaque fois, ce sont quelques marches à descendre.

W, comme Philip Walsh (il fallait bien que je trouve quelque chose en W) : encore un corsaire, d’origine irlandaise mais habitant Saint-Malo, célèbre pour ses exploits dans l’Océan Indien pendant la guerre de succession d’Espagne.

Z, comme CéZembre : la singulière île située à quelques encablures (plus de 2 milles nautiques quand même) des remparts. Une plage orientée sud et inhabitée. Elle a ceci de particulier qu’elle est en grande partie interdite d’accès pour cause de mines et autres bombes non explosées (20 000 bombes larguées sur l’île en 1944, qui dit mieux ? – l’île ne se rendit que le 2 septembre).

Il me manque les lettres K, O, U, X et Y, à vous de compléter !

Addendum de 11h30 : un fidèle lecteur propose ceci…

K: le Képi du gendarme qui se tient à l’entrée des remparts de la cité
O: l’Odeur de gaufre qui règne dans la cité toute l’année.
U: le côté Unique au monde du caractère architectural et maritime de la cité.
X: les Xanthophylles présents dans les feuilles des arbres de la cité.

Addendum du 15 janvier : j’oubliais – Z comme Zodiac, avec Hermine et Albatros Croisières, la société de sortie en mer de mes amis Emmanuel et Agnès

Vézelay, la colline inspirée (II)

15 jeudi Août 2013

Posted by hilaire in Patrimoine

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Bourgogne, Vézelay, Villes et villages

Reprenons notre visite de Vézelay, la perle du Morvan, que nous avions commencée il y a quelques semaines.

Comme je l’écrivais, l’abbaye et son abbatiale – érigée au rang de basilique mineure en 1920 – ont été au cœur du développement extraordinaire de la cité, et ce, sur tous les plans : spirituel bien entendu, mais aussi artistique, économique et politique.

Nous avions pu admirer ensemble la belle basilique romano-gothique-remaniée-à-la-sauce-de-Viollet-le-Duc, ses chapiteaux imagés, son narthex impressionnant et ses voûtes puissantes. Intéressons-nous maintenant au village de Vézelay. Il regorge de richesses historiques et artistiques sûrement moins connues, mais formant un tout avec la basilique. Notons particulièrement :

Vézelay - La Cordelle

Vézelay – La Cordelle

Le couvent de la Cordelle, situé à quelques centaines de mètres derrière la basilique, à mi-pente, fut construit au XIIe siècle à proximité immédiate du rocher d’où saint Bernard prêcha la deuxième croisade. Le rocher existe toujours (l’avantage du minéral c’est que ça dure). De construction quadrangulaire (7m x 7m), se prolongeant par un chœur de même forme (3m x 3m), la chapelle Sainte-Croix du couvent, consacrée en 1152, est un exemple typique d’architecture romane d’une austérité toute monacale. Dès 1217, les frères franciscains s’y installèrent… et ils sont toujours là ! C’est la première implantation franciscaine en France, voulue expressément par le Poverello lui-même. Le lieu est simple et émouvant, loin du bruissement du reste du village, entouré de champs et de bosquets où chantent les oiseaux, très séraphique tout ça.

Vézelay - Rue Saint-Pierre

Vézelay – Rue Saint-Pierre

Par ailleurs, n’hésitez pas à flâner dans le village et pas seulement dans la rue principale (rue Saint-Etienne puis rue Saint-Pierre), gavée de restaurants et d’antiquaires.

Vézelay - Porte-Neuve

Vézelay – Porte-Neuve

Perdez-vous dans les ruelles attenantes et admirez les maisons du village ainsi que les beaux restes du rempart (cinq tours subsistent), notamment la Porte Neuve flanquée de deux tours à bossages, témoin des luttes franco-bourguignonnes, et qui a été le cadre d’une scène mémorable de la Grande Vadrouille. N’oubliez pas enfin les ruines de l’église Saint-Pierre et son clocher du XVIIe, les amateurs d’art sacré de l’an II ayant détruit le reste.

Vézelay - Le belvédère

Vézelay – Le belvédère

A droite de la basilique, vous pourrez voir une série de maisons quasiment identiques : c’est ce qui subsiste du quartier canonial, l’abbaye étant passée sous la coupe de chanoines séculiers au XVIe siècle, chaque chanoine occupant une petite maison. Aujourd’hui, elles servent d’ateliers à des artistes et artisans d’art en tout genre (du beau et du moins beau). La maison du doyen du chapitre, quant à elle, est située à droite de la basilique, sur le chemin conduisant au belvédère. De celui-ci, vous dominerez une partie du Morvan : collines moutonneuses, bois, champs et vaches. Vous pourrez admirer le village de Saint-Père, blotti au bas de la colline : son église en style gothique flamboyant de toute beauté, son clocher longiligne de 50 mètres de haut et la gargote étoilée et renommée de Marc Meneau.

Vézelay - Musée Zervos

Vézelay – Musée Zervos

Enfin, pour les amateurs d’art contemporain, ne ratez surtout pas le musée Zervos. Critique d’art durant la moitié du XXe siècle (en gros entre 1920 et 1970), Christian Zervos a côtoyé nombre d’artistes renommés qui lui léguaient de temps à autre une œuvre. Moralité, il a pu accumuler une collection impressionnante de peintures, sculptures, dessins… Vous pourrez voir des pièces de Dufy, Léger, Calder, Picasso, Le Corbusier, Ernst, Giacometti, Kandinsky, Poliakoff, de Staël… une vraie encyclopédie de l’art contemporain ! Et en plus, la maison qui accueille les collections est superbe et il n’y a pas grand’monde (du moins quand j’y suis allé).

Si vous avez l’occasion de passer dans ce village le soir, profitez-en, tout y est plus calme et reposant.

Bonne promenade !

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