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Archives de Tag: Paris

L’église Saint-Eugène à Paris

20 jeudi Avr 2017

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Paris, XIXe

150ème article pour Artetvia ! Autant le consacrer à un sujet qui me tient à chœur : l’église Saint-Eugène à Paris. C’est une église qui m’est particulièrement chère à divers titres. Aujourd’hui, nous n’allons évoquer ni sa liturgie fastueuse, ni sa chorale paroissiale, dirigée par Henri de Villiers, ni son organiste titulaire Touve Ratovondrahety, également pianiste à l’Opéra, mais sa construction et son architecture.

Au XIXe siècle, les faubourgs parisiens débordent, la ville s’étend. Le faubourg Poissonnière se peuple. Pour assurer un « service spirituel  de proximité », il faut donc ériger de nouveaux lieux de culte, au-delà des boulevards. Grâce à la ténacité (et à la bourse) du premier curé, l’abbé Joseph Coquand, un projet est lancé : une église sera construite près de la rue du Faubourg-Poissonnière, à proximité de l’ancien hôtel des Menus-Plaisirs, qui, d’ailleurs, était davantage une administration dédiée aux cérémonies, fêtes et spectacles, qu’un lieu de plaisirs plus ou moins licites, et qui deviendra l’actuel Conservatoire d’Art Dramatique.

Sitôt le lieu choisi, la construction débute : elle sera très rapide, puisqu’en vingt mois (entre 1854 et 1856), tout est fait. Louis-Auguste Boileau, son architecte, a bien travaillé : il a pu faire sortir de terre une nouvelle église, révolutionnaire dans sa construction. Pourtant rien n’y paraît à première vue.

Eglise Saint-Eugène - FaçadeAujourd’hui encore, lorsque le passant longe la rue du Conservatoire, il remarque à peine ce bâtiment de taille relativement modeste, sans réel parvis, ni véritable clocher, ni décrochement marqué dans l’alignement des immeubles. Au sud, la façade néogothique, pastiche des constructions du XIIIe siècle, ne paie pas de mine – l’ensemble est sobre et dépouillé, même les niches sont vides de leurs statues. Le flanc ouest est passablement en mauvais état : une pierre rongée et salie par le temps et la pollution. Le visiteur pourrait s’arrêter là : circulez, il n’y a rien à voir ! S’il était un tantinet curieux, il entrerait dans l’édifice. Et là, le contraste est saisissant : l’intérieur de l’église est entièrement peint, les murs, les voutes, les colonnes. Rassurez-vous, rien de criard, mais plutôt un camaïeu de couleurs automnales rehaussées de vert et de bleu profonds. Quoiqu’assombrissant un peu l’ensemble, cela se marie bien avec le bois, très présent : balustrades, bancs de communion, chaire, sol en parquet, etc. Et puis, cette peinture masque la spécificité de cette église, la première du genre à Paris : sa structure est en métal et non en pierre. Hé oui, si les colonnes de la nef sont si minces, c’est tout simplement parce qu’elles sont en fonte. Bien sûr, l’église n’est pas une boîte en fer blanc : les murs sont construits tout de même en pierre, mais ils ne servent que de « remplissage », autour d’un squelette métallique. Ce qui permet du même coup de prendre la place la plus large possible dans cet espace restreint : pas de transepts, ni véritable bas-côtés, encore moins d’arcs-boutants. En plein Second Empire, c’était révolutionnaire, surtout pour un édifice religieux !

Eglise Saint-Eugène - Intérieur

Quand vous y entrez, vous sentez immédiatement une atmosphère paisible et priante. N’ayant pas subi les affres liturgiques des années 1970, le mobilier est dans son jus et utilisé, ce qui, évidemment, donne une certaine unité à l’ensemble. Admirez les beaux lustres et les verrières (de Gaspard Gsell et d’Antoine Lusson) qui rajoutent de la couleur dès que le soleil luit, les tribunes ou encore l’imposant baptistère.

Eglise Saint-Eugène - Autel

A la tribune, se dresse le monumental orgue, construit par Joseph Merklin, un Badois résidant à Bruxelles, pour l’exposition universelle de 1855 et monté à Saint-Eugène en 1856. Le buffet a néanmoins été construit par Boileau pour qu’il s’intègre au mieux dans l’édifice. C’est un instrument puissant mais à la sonorité très chaude, avec une spécificité organistique, les accouplements sont inversés, le récit étant le clavier totalisateur (et non le grand orgue).

L’église est placée sous le vocable de saint Eugène, un saint homme mort martyr à Deuil-la-Barre (Val-d’Oise) dont on ne connaît du reste pas très bien la vie. Mais c’est aussi (et surtout ?) le patron de l’impératrice Eugénie (les-larmes-aux-yeux ?), marraine de l’édifice.

Une chouette petite et belle église qui mérite une visite et même bien plus.

Eglise Saint-Eugène - Voûte

Les stations de métro de Paris

06 jeudi Oct 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Paris, XXe

Paris (et son agglomération) compte 302 stations de métro, sans compter les stations fantômes, fermées ou tout simplement jamais mises en service.

Ouvert en 1900, le métropolitain parisien a peu à peu étendu ses ramifications et multiplié ses arrêts. Les parisiens ont donc désormais la chance (et quelle chance, beuh…) de pouvoir aujourd’hui emprunter 16 lignes (les 14 plus la 3bis et la 7bis). Et qui dit stations, dit nom de station.

Métro parisien - Saint-MichelD’où viennent ces noms ? D’une réalité géographique et urbaine (quartier, gare, porte – il y a 23 stations comportant le mot « porte »…), d’une personnalité, etc… Pour ceux qui ont tendance à oublier les racines chrétiennes de la France, sachez que 43 stations portent un nom faisant référence au christianisme. Il n’est pas question de répertorier dans ce bref article l’ensemble des noms de stations de métro de Paris. Seulement quelques-unes, que nous empruntons quotidiennement ou moins souvent, sans savoir à quoi ou à qui elles font références.

Les Bretons débarquent à Paris à Montparnasse-Bienvenüe. La station rappelle l’œuvre de Fulgence Bienvenüe, breton, inspecteur général des Ponts et Chaussées, mais surtout créateur du métro. C’est ainsi que le 19 juillet 1900, il inaugure la ligne Porte-Maillot – Porte de Vincennes, l’actuelle ligne 1. Hé non, ce n’est en rien lié au chaleureux accueil et à l’amabilité coutumière des Parisiens.

Une promenade dans le XVIe arrondissement – c’est rare, mais ça peut arriver – nous mène parfois à la station Jasmin. Ici, pas de parfum léger tout droit venu de Chine, seulement un pseudonyme d’un obscur (en tout cas pour moi) poète et coiffeur (sic) occitan dénommé Jacques Boé, dit Jasmin. Dont acte.

Vavin ? C’est le nom d’un homme politique du XIXe siècle, député. Il faut avouer que la station est plus connue que le personnage. Et ce n’est pas, comme m’avait dit un jour un conducteur de bus facétieux ou éméché « la rue du Vin, mais je préférerais Varhum ».

Métro parisien - AbbessesLe quai de la Rapée n’a rien à voir avec du fromage en petits morceaux : c’est le nom d’un personnage suffisamment illustre pour qu’il n’ait laissé en souvenir qu’un quai.

La station Abbesses fait référence à l’abbaye de Montmartre, fondée au XIIe siècle et fermée à la révolution. Bon, évidemment, il n’y avait qu’une seule abbesse en même temps. Le lecteur qui trouve pourquoi le nom est au pluriel gagne ma plus grande considération.

Gaîté : la station tire son nom de la rue de la Gaîté, elle-même nommée ainsi pour ces lieux de plaisirs plus ou moins moraux. C’est toujours le cas…

Métro parisienPlus pieuse, la station Jourdain (la seule de cette liste que je n’ai jamais empruntée, sauf mémoire défaillante) est dédiée au Jourdain, oui, le fleuve, car elle donne sur la rue du même nom, menant à l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville.

Quant au Pont-Marie, il a été nommé en l’honneur de Monsieur Marie, pas celui des tartes et plats préparés. C’est l’ingénieur qui le construisit au début du XVIIe siècle !

Et à votre avis, à quoi ou à qui la station Blanche fait-elle allusion ? A Francis ? A Blanche-Neige ou de Castille ? A la coco qui y est quotidiennement distribuée ?

Vous vous coucherez moins bêtes ce soir ?

Question subsidiaire : sauriez-vous retrouver la station qui portait jadis mon nom de famille ?

Un spectacle à ne pas rater le 15 novembre : les élisabéthines

29 jeudi Oct 2015

Posted by hilaire in Musique

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Paris, XVIIe, XVIIIe

Les fidèles lecteurs d’Artetvia n’ont certainement pas oublié la présentation d’une église parisienne peu connue : Sainte-Elisabeth-de-Hongrie. Située dans le nord du Marais, elle a été fondée par Marie de Médicis, reine de France qui en a posé la première pierre en 1628.

Pour un siècle et demi, l’édifice servira d’église conventuelle pour une nouvelle congrégation religieuse, les élisabéthines, de spiritualité franciscaine. Soutenue par la reine, l’ordre accueillera près de 300 religieuses cloîtrées, souvent filles de robins ou de ministres, mais aussi un pensionnat de jeunes filles et quelques dames âgées qui veulent profiter d’une retraite confortable et pieuse, préférable à la vie dans un château froid, humide et provincial…

A la Révolution, les religieuses seront dispersées, leur aumônier guillotiné et l’église deviendra un magasin de farine. Depuis sa réouverture au culte en 1809, l’édifice sert d’église paroissiale.

Le 15 novembre à 15h, l’église ouvre ses portes pour faire revivre son histoire ! Basé sur des faits réels tirés d’un ouvrage dédié au couvent, le spectacle fait alterner narration, figuration et surtout musique.

Les oeuvres musicales qui seront interprétées auraient pu toutes être chantées par les religieuses, avec des pièces typiques du répertoire d’une congrégation un peu « mondaine » des XVIIe et XVIIIe siècles :

  • du plain-chant, bien évidemment, avec des pièces spécifiquement parisiennes, telle cette splendide Prose de la Dédicace.
  • de sages polyphonies baroques, écrites par les plus grands compositeurs du temps : Charpentier, Nivers, Couperin, Campra… et composées spécifiquement pour des religieuses ou des jeunes pensionnaires.
  • sans oublier une pièce « surprise », composée par les élisabéthines elles-mêmes, dont l’air est bien connu de nos jours.

Ah oui, j’oubliais, j’aurai le plaisir de jouer de la flûte basse et de diriger la partie musicale de ce spectacle (oui, c’est un peu de l’auto-promotion, mais bon, je n’en fais pas souvent).

Alors venez nombreux le 15 novembre à 15h à l’église Sainte-Elisabeth de Hongrie, métro Temple ou République !

A la découverte des ponts de Paris

21 jeudi Mai 2015

Posted by hilaire in Patrimoine

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Paris

Les Parisiens les empruntent quotidiennement tout en les ignorant largement. Et pourtant, ils sont d’une utilité incommensurable et souvent d’une grande richesse architecturale. Ces grands délaissés sont au nombre de 37 ! 37 ponts pour franchir les 13 kilomètres de Seine à Paris (sans compter les trois ponts du Bois de Boulogne, sur le territoire de la commune de Paris, comme son nom ne l’indique pas). 5 ne sont accessibles qu’aux piétons et 2 sont des ponts ferroviaires.

Paris - Vue aérienneLa volonté de franchir à pieds secs le fleuve humide (ah bon ?) et capricieux date… du premier peuplement de Paris. Et si les bacs ont été constamment utilisés, Paris s’est couvert d’ouvrages au cours de siècles, avec une histoire assez mouvementée. Pas toujours bien construits, pas toujours bien entretenus, la fragilité des constructions était notoire : les premiers ponts en bois étaient facilement emportés par les crues du fleuve. Avec le temps, ils ont été construits en pierre, donc théoriquement plus solides : en pratique, étant couverts de maisons placées en encorbellement au-dessus de la Seine et dont les habitants n’hésitaient pas à creuser des caves… dans leurs piles (c’est malin ça…), les ponts parisiens furent à l’origine de nombreux drames.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Henri IV décida, lors de la construction du Pont Neuf de laisser son tablier vierge de toute habitation. Aujourd’hui, c’est le plus vieux pont de Paris : sa construction a débuté en 1578. Achevé en 1604 (après une grande pause de 11 ans pour cause de guerre), il est l’un des plus longs de la ville, avec ses 238 mètres. Il est également le premier possédant des trottoirs. Vu de la Seine, vous pourrez admirer les 385 mascarons – j’avoue que je ne les ai pas comptés – tous différents, que l’on doit au grand sculpteur Germain Pilon.

Pont NeufAutre « vieux » pont, le Pont au change, du nom des nombreux changeurs de monnaies qui l’encombraient au Moyen-Age. Si l’actuel pont date du règne de Napoléon III, il remplace un ouvrage édifié en 1647. Et si nous remontons la généalogie, le premier pont construit à cet endroit date de Charles le Chauve, on parlait du Grand Pont, par opposition au Petit Pont (actuel Petit Pont – Cardinal Lustiger) qui lui a été construit à l’origine… par les Romains.

Autre pont particulièrement réussi, le Pont Alexandre III : tout en puissance et en majesté. La première pierre est posée en 1896 par Nicolas II, fils d’Alexandre III, tsar de toutes les Russies. Il est inauguré par Emile Loubet pour l’exposition universelle de Paris de 1900 (celle de la construction du Grand et du Petit Palais, de la gare d’Orsay, de la gare de Lyon, etc). Ne comportant qu’une seule arche de 107 mètres, il est richement décoré : candélabres en bronze, parement « végétal » doré et surtout quatre pylônes d’entrée représentant les quatre renommées (La Renommée des arts, celle des sciences, la Renommée au combat et Pégase tenu par la Renommée de la Guerre) aux pieds desquelles sont placés quatre groupes symbolisant la France à différentes époques (Moyen-Age, Renaissance, Louis XIV et moderne).Pont Alexandre III

Beaucoup plus récent, l’actuel Pont des Arts a été construit entre 1982 et 1984. Vue de la Seine, sa silhouette est particulièrement élégante, avec ses sept arches régulières. Seul hic, depuis quelques années, la mode est au « cadenas d’amour » : c’est moche et ça alourdit la structure.

En descendant la Seine, nous trouvons le Pont de l’Alma qui n’a aucun intérêt architectural sauf pour les adorateurs du béton armé, hormis le fait qu’il ait conservé le zouave de l’ancien pont (il y avait aussi un chasseur à pied, un grenadier et un artilleur) : 5 mètres de haut, 8 tonnes, il sert d’indicateur aux crues de la Seine. Les pieds dans l’eau, l’alerte est donnée ! En 1910, il avait de l’eau aux épaules (mais il était placé plus bas…).

Pont RoyalEn poursuivant vers l’aval, nous trouvons le Pont Mirabeau connu grâce à Apollinaire. Il possède quatre imposantes sculptures représentant: la Ville de Paris, le Commerce, la Navigation et l’Abondance, inauguré en 1896.

Pour les amateurs de records et de statistiques, quelques chiffres pour finir. Le pont le plus haut ? Le pont du Garigliano. Le plus bas ? Le Pont des Invalides. Le plus large ? Le pont Alexandre III, avec 40 mètres. Le plus long ? Le Pont aval, 312 mètres – bon, aucun autre intérêt, il supporte le périph’…

Désormais, ami parisien, ami visiteur, quand vous franchirez un pont, prêtez-y attention !

Saint Joseph des Carmes, un peu d’Italie au cœur de Paris

05 jeudi Fév 2015

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Paris, XVIIe

Après l’église Sainte-Elisabeth de Hongrie, partons aujourd’hui à la découverte d’une autre église parisienne peu connue : Saint Joseph des Carmes.

A l’instigation de la reine Marie de Médicis, veuve d’Henri IV rappelons-le, deux carmes déchaux – issus donc de la réforme de l’ordre par les grands mystiques que sont sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix – s’installent pour la première fois en France en 1610 et plus précisément rue de Vaugirard. La communauté s’accroît rapidement et il est décidé de construire une église conventuelle. L’église des Carmes est non seulement la première église parisienne à être dédiée à saint Joseph, mais aussi à être conçue sur le modèle des églises romaines de la Contre-Réforme. L’église est achevée en 1625. La communauté prospère pendant le siècle et demi suivant, les religieux inventant et diffusant d’ailleurs à cette époque la célèbre Eau de Mélisse.

Saint Joseph des CarmesA la Révolution, tout change : l’église Saint-Joseph est transformée en une sordide prison où sont entassés jusqu’à 160 prêtres. Motif de leur condamnation : avoir refusé la Constitution Civile du Clergé. Le 2 septembre 1792, 105 prêtres, 3 évêques et 2 laïcs sont massacrés derrière l’église, sans autre forme de procès. Aujourd’hui le visiteur parcourt, non sans émotion, les lieux mêmes du drame : le couloir menant à une petite porte ouvrant sur un petit escalier donnant sur le jardin : Hic ceciderunt rappelle la plaque. Les ossements retrouvés après la tourmente ont été placés dans la crypte.

La paix revenue, l’église est rouverte au culte et le couvent est racheté et restauré par la Mère Camille de Soyecourt qui y installa une communauté de carmélites. En 1845, les bâtiments furent cédés à l’archevêché de Paris qui y plaça une Ecole des Hautes Etudes Ecclésiastiques. Aujourd’hui, l’église sert d’église paroissiale, et de chapelle pour le séminaire des Carmes et pour l’Institut Catholique de Paris (la Catho).

Visitons maintenant cette église. Comme nous l’indiquions ci-dessus, c’est une église « romaine » posée en plein Paris.

Saint Joseph des CarmesLa façade se déploie sur deux niveaux : des pilastres corinthiens, une grande baie centrale et deux niches latérales – rien de plus sobre et classique. En fait, cette façade a été reconstruite au XIXe siècle suivant globalement le dessin de l’ancienne construction. En entrant dans l’église, on est frappé par la luminosité de l’ensemble grâce aux fenêtres hautes dépourvues de vitraux (mais pas de vitres) et par l’organisation générale : la nef est rythmée par des pilastres en faux marbre délimitant harmonieusement des chapelles latérales. D’emblée, le visiteur est attiré par le maître-autel, reconstruit au XIXe siècle, dans le style de la construction originale, au centre duquel trône un grand tableau de Quentin Varin, le maître de Nicolas Poussin, représentant la présentation de Jésus au Temple. L’ensemble est encadré par deux sculptures monumentales d’Elie et de sainte Thérèse d’Avila. L’autel lui-même date du XIXe siècle, mais avec des éléments bien plus anciens puisque la partie centrale (une Cène) date du XIVe siècle.

Trois autres éléments sont à noter dans cette église.

– La coupole est typiquement italienne. Première coupole de Paris à être peinte et à reposer sur un tambour, elle présente en trompe l’œil la scène d’Elisée recevant d’Elie le manteau, qui flotte en l’air par-dessus la balustrade. Pour l’admirer, mieux vaut se placer directement en-dessous.

– La chapelle Sainte-Anne, au fond de l’église à droite est entièrement recouverte de fresques et de peintures sur bois, représentant la vie de la Vierge. C’est magnifique ! Pourquoi ont-elles survécu aux affres de la Révolution ? Tout simplement car les gardiens avaient perdu la clé de l’imposante grille qui en ferme l’accès…

– La crypte, immense, froide et très humide. Elle est structurée en trois parties dont l’une rappelle l’histoire de l’église avant la Révolution, la deuxième recueille les ossements des martyrs de Septembre et la troisième accueille la tombe de Frédéric Ozanam, fondateur des Conférences de Saint Vincent de Paul.

Saint Joseph des Carmes - Autel

Et les frères carmes, où étaient-ils ? Derrière le maître autel ! Dans un chœur toujours utilisé et actuellement séparé par une cloison.

A visiter donc !

Cette notice est malheureusement trop courte. Pour en savoir plus, je vous conseille vivement de suivre les visites guidées passionnantes de ma copine Léonore. RDV les 4 avril et 2 mai à 15h devant l’église, 70 rue de Vaugirard – ou les autres samedis à la même heure avec un autre guide.

Une église parisienne méconnue – Sainte-Elisabeth de Hongrie

26 jeudi Juin 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Paris, XVIIe

Comme vous avez pu le remarquer, ce site tâche de varier les sujets qu’il présente ainsi que la forme de ses articles. Après un texte relativement long sur la musique des lansquenets, voici l’articule de la semaine, ce qui ne signifie d’ailleurs pas que le sujet ait un moindre intérêt : nous allons visiter ensemble l’église Sainte-Elisabeth de Hongrie.

A deux pas du Temple, et à quelques encablures de la place de la république se dresse une petite et jolie église. Elle est placée sous le vocable de sainte Elisabeth de Hongrie, épouse du Landgrave de Thuringe Louis IV, canonisée en 1235, quatre ans après sa mort.

C’est une église relativement récente puisqu’elle date du Grand Siècle. Durant tout son « règne », Marie de Médicis suscite et accompagne la création de communautés religieuses, contemplatives ou non. Elle soutient notamment la fondation des religieuses de sainte-Elisabeth, de spiritualité franciscaine, dont les premières prises d’habit ont lieu le 30 mai 1616 et qui s’installent près du Temple. En 1627, elles sont déjà 57 et leur couvent et chapelle s’avèrent alors trop étroits. Le 14 avril 1628, la reine pose la première pierre du nouvel édifice. Les travaux sont réalisés par les architectes et maîtres maçons Louis Noblet et Michel Villedo (à qui l’on doit une partie de Vaux-le-Vicomte, quand même !). En 1631, les travaux s’arrêtent, faute d’argent et reprennent en 1643. Achevée en 1646, elle sert d’église conventuelle jusqu’à la Révolution, pendant laquelle, elle est transformée en magasin de farine, la communauté ayant disparue dans la tourmente. A la différence des bâtiments conventuels, détruits en 1792, l’église est rouverte au culte en 1809 et devient église paroissiale pour le quartier du Temple. L’actuel chœur néo-gothique est érigé sous la Restauration, ainsi qu’un second collatéral. Au milieu du XIXe siècle, Baltard (celui du pavillon des Halles) restaure la façade de style « baroque sage », mais le percement de la rue de Turbigo ampute l’église de l’une de ses chapelles, placée au fond de l’abside. Depuis sa création, le visage de l’église a bien changé, néanmoins son architecture est très homogène et équilibrée, malgré son histoire tourmentée.

Je vous recommande d’observer particulièrement :

– les panneaux de bois présents dans le déambulatoire. Datant du XVIIe siècle et provenant de l’abbaye Saint-Vaast d’Arras, ce sont de petits bijoux de sculpture sur bois.

– l’orgue où plutôt les orgues car il y en a deux. Les grandes orgues sont construites en 1853 par le facteur Suret. Elles comportaient à l’origine 39 jeux répartis sur 3 claviers et un pédalier. Reconstruit par Gutschenritter en 1955 et entièrement restauré de 1994 à 1999, l’instrument est puissant. Le buffet est imposant mais l’ensemble est harmonieux. L’orgue de chœur, plus modeste est un instrument monté par Joseph Merklin (qui n’est pas n’importe quel facteur…). Le titulaire actuel a d’ailleurs accepté de répondre à Artetvia.

– la décoration et le mobilier, avec un autel majeur datant de 1848. Les fresques et peintures sont très peu baroques et sentent bon leur XIXe siècle, mais ne sont pas laides pour autant.

– les statues de la façade : saint Louis, saint François d’Assise, sainte Elisabeth et… sainte Eugénie (avec les traits de l’impératrice ?).

– les vitraux, notamment les grandes verrières d’Abel de Pujol, provenant de la chapelle détruite positionnées actuellement sur le bas-côté droit.

Autre spécificité : Sainte-Elisabeth sert depuis 1938 d’église conventuelle pour l’Ordre de Malte, les chevaliers se plaçant dans les stalles du chœur pour le chant des offices. La décoration de l’église porte la marque de cette présence et donne à l’église une atmosphère tout à fait particulière. L’église accueille également une communauté chinoise.

Comme la plupart des églises parisiennes, elle est ouverte toute la journée, alors n’hésitez pas ! Ca vaut vraiment le coup d’y faire un tour.

http://www.sainteelisabethdehongrie.com/

Quelques vues

Sainte Elisabeth de Hongrie - Panneaux de Saint VaastSainte-Elisabeth de Hongrie - Sainte EugénieSainte-Elisabeth de Hongrie - La façadeVue générale de Saint Elisabeth de Hongrie - Paris

L’apogée du gothique rayonnant : la Sainte-Chapelle de Paris

06 jeudi Fév 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Paris

Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je laisse la plume à quelqu’un d’autre, à ma copine Zab en l’occurrence. Je lui ai laissé carte blanche et n’ai qu’à peine relu son texte et choisi les photos…

Je vous propose aujourd’hui de (re)découvrir un joyau du gothique rayonnant situé au cœur de l’île de la Cité : la Sainte-Chapelle. Comme tout monument visité par les touristes en visite à Paris, je suis sûre que bon nombre de lecteurs d’Artetvia n’y sont pas allés depuis longtemps (un peu comme la Tour Eiffel ou l’Arc de Triomphe) même s’ils y passent à proximité régulièrement.

Un peu d’histoire…

Entre 1242 et 1248, la Sainte-Chapelle est édifiée selon le vœu de Louis IX (futur Saint Louis) pour y conserver les reliques de la Passion du Christ. Implantée dans l’enceinte du Palais de la Cité, siège du souverain et de son administration, elle a un caractère éminemment politique, au-delà de son premier but qui est spirituel : le roi y rappelle sa double fonction, il est le chef temporel de son peuple mais a aussi un rôle spirituel, en tant qu’oint du Seigneur.

C’est une immense fortune que le pieux roi a du dépenser pour obtenir quelques unes des plus précieuses reliques du christianisme. Une somme dépassant largement le coût de la construction de l’édifice lui même !

Sainte-Chapelle 1La sainte couronne, un fragment de la vraie croix et d’autres reliques ont pu être acquises par le roi auprès de l’empereur Baudouin II de Courtenay, dernier empereur latin de Constantinople. En les achetant, le roi accrût le prestige de la France et de Paris, qui devint aux yeux de l’Europe médiévale, une nouvelle Jérusalem, et par la même une capitale secondaire de la Chrétienté.

Ainsi la Sainte-Chapelle, archétype de l’art gothique monumental est d’abord et avant tout une chapelle reliquaire et non seulement une chapelle palatine (une chapelle de château quoi !) comportant une chapelle basse pour le culte public et une chapelle haute pour le souverain. Bien qu’édifiée en sept ans, ce qui est très court pour l’époque, aucun défaut de construction n’a été relevé, et la décoration a immédiatement été soignée.

La chapelle basse

Sainte-Chapelle 4La statue de la vierge, patronne du sanctuaire accueille le visiteur. La polychromie architecturale avec ses teintes très intenses confère à l’espace une sérénité solennelle. Celle-ci date de la campagne de restauration du XIXème siècle. On y trouve essentiellement des fleurs de lys et des petits châteaux de Castille figurant sur les armes de Blanche de Castille, mère du saint roi.

La chapelle haute

Par un escalier étroit on accède à la chapelle du Haut. A cet instant, on reste subjugué : sculptures et verrières se complètent pour glorifier la passion du Christ. On accède à la Jérusalem céleste, baignée de lumière et de couleurs.

Sainte-Chapelle 3Les 1113 scènes des 15 grandes verrières racontent l’histoire de l’humanité, de la Genèse à la résurrection du Christ : la Genèse, l’Exode, le livre des Nombres, le livre de Josué, le livre des Juges, le livre d’Isaïe et l’arbre de Jessé, saint Jean l’Evangéliste et l’enfance du Christ, saint Jean-Baptiste et le livre de Daniel, le livre d’Ézéchiel, les livres de Jérémie et de Tobie, les livres de Judith et de Job, le livre d’Esther, le livre des rois, une véritable Bible illustrée ! La dernière verrière narre l’histoire des reliques, de leur découverte par sainte Hélène à Jérusalem en 325 jusqu’à leur arrivée dans le royaume de France.

Prenons un exemple pour montrer la précision avec laquelle l’Histoire Sainte est racontée dans ces vitraux. Regardons de plus près les quarante panneaux illustrant l’histoire de Judith et les circonstances qui l’amènent à assassiner Holopherne. Nabuchodonosor a envoyé Holopherne châtier les peuples de l’ouest parce qu’ils ont refusé de le soutenir dans la guerre. Après avoir pillé, tué et ravagé dans tout le Proche-Orient, Holopherne assiège Béthulie, qui barre un passage dans les montagnes de Judée. Comme l’eau vient à manquer, les habitants sont sur le point de se rendre, mais une jeune veuve, Judith d’une extraordinaire beauté et d’une richesse considérable, prend la décision de sauver la ville. Avec sa servante et des cruches de vin elle pénètre dans le camp d’Holopherne ; ce dernier est immédiatement ensorcelé par la beauté et l’intelligence de cette femme. Mais elle l’enivre et, quand il est hors d’état de se défendre, elle le décapite avec l’aide de sa servante et revient à Béthulie avec la tête. Quand les soldats découvrent au matin leur chef assassiné, ils sont pris de panique et s’enfuient. Tous ces épisodes sont racontés sur le vitrail !

Tous les vitraux étaient en place dès l’origine, mais beaucoup ont été reconstruits au milieu du XIXème siècle, dans un parfait respect de l’iconographie et du style d’origine.

Sainte-Chapelle 2Sur les piliers de la chapelle se trouvent par ailleurs les statues des 12 apôtres, témoins de la lapidaire du Moyen-Age. Quand le soleil se couche, l’immense rosace de la façade s’illumine et avec elle ses scènes de l’Apocalypse, représentant un jugement dernier d’une envoûtante beauté.

Le reliquaire

La grande Châsse contenant les reliques de la passion du Christ était jadis exposée sur la tribune. La châsse était  un coffre-fort d’orfèvrerie de 2,70 m de large, avec deux vantaux extérieurs s’ouvrant à l’arrière, et deux vantaux intérieurs en treillis comme seconde protection. Le roi portait les dix clés sur lui-même en permanence, et ne les confiait qu’à des personnes de confiance.

La révolution française sonne la fin du reliquaire de la Sainte-Chapelle. La grande chasse est fondue par les révolutionnaires en 1791 et les reliques sont transportées à la basilique saint Denis. Aujourd’hui, les reliques sont conservées dans le trésor de la cathédrale Notre-Dame et exposées chaque premier vendredi du mois et vendredis de carême.

Honnêtement, la visite de ce monument historique vaut le coup. Malgré l’affluence, parfois gênante, il faut prendre le temps d’observer les détails de cette cathédrale de lumière et d’y apprécier l’harmonie des couleurs aussi bien que la hardiesse de sa construction, tout en se rappelant les raisons pour lesquelles elle a été construite. C’est beau et émouvant !

Addendum (il y a décidément beaucoup d’addendum à la fin des articles d’Artetvia, c’est plutôt bon signe, cela veut dire que ses lecteurs y portent un minimum d’intérêt) : un fidèle lecteur me signale le rôle irremplaçable des chevaliers du Saint-Sépulcre dans la garde des reliques de la Sainte-Chapelle : http://www.notredamedeparis.fr/spip.php?article157)

Dalou à Cognacq-Jay : la révolution et la grâce

06 jeudi Juin 2013

Posted by hilaire in Artiste, Evénement, Sculpture

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Dalou, Marais, Musée, Paris

Le changement, c’est maintenant ! Après un article un peu long (sur Job), place à l’entrefilet.

Je vous avais présenté il y a quelques mois le musée Cognacq-Jay, un petit bijou posé dans le Marais, à deux pas de la place des Vosges et qui offre une superbe collection d’objets d’art du XVIIIème siècle, mobilier, peinture, sculpture et arts décoratifs.

Je vous avais présenté brièvement Dalou, le sculpteur communard, à l’occasion de notre visite du Petit Palais, notablement fameux pour son Triomphe de la République.

Et bien, j’ai la joie de vous annoncer que les deux sont désormais unis pour le meilleur mais non pour le pire le temps d’une exposition.

Dalou s’expose en effet à Cognacq-Jay. Lui le révolutionnaire, le socialiste utopiste, genre phalanstère à la Fourier et Godin, au milieu de pièces très peu « classes laborieuses et industrieuses » ? On va loin dans le contraste ! Et bien figurez-vous que non !

Bon nombre d’œuvres sont en fait de facture et de thèmes très classiques. Dalou ne dépareille pas avec les Houdon, Lemoyne et autre Clodion des collections permanentes. De charmants bustes enfantins, très purs dans leur matériau, leur plastique et leur regard (sans l’ambiguïté sciemment masquée de peinture de Greuze), des groupes mythologiques, nymphes, putti dodus et fessus, etc…

Dalou a visiblement été fortement inspiré par ses prédécesseurs du XVIIIème siècle, oscillant entre une tendance classique et sage et les effets de manche de la rocaille, tout en gardant leurs caractéristiques communes : raffinement de la matière, virtuosité des accents, finesse maniérée des formes. En quelque sorte, l’idéal réaliste, comme aurait dit Pigalle : en tout 35 terre-cuites, plâtres et bronzes de ce grand artiste qui vous sont présentés dans le splendide et calme écrin qu’est l’Hôtel Donon.

C’est gratos et c’est jusqu’au 13 juillet 2013

Quelques oeuvres

Ariane et Bacchus

Ariane et Bacchus

La liseuse

La liseuse

Baigneuse s'essuyant les pieds

Baigneuse s’essuyant les pieds

Buste d'enfant

Buste d’enfant

Musée Cognacq-Jay, 8 Rue Elzevir dans le IIIème – Métro Saint-Paul

Dalou fait par ailleurs l’objet d’une exposition au Petit Palais intitulée « Dalou le sculpteur de la République » avec des œuvres plus politiques et sociales, présentant près de 400 œuvres (sculptures, peintures, dessins…).

Le Petit Palais, il a tout d’un grand

24 jeudi Jan 2013

Posted by hilaire in Peinture, Sculpture

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gravure, Musée, Paris, XVIIe

Il est caché dans l’ombre de son grand frère. Construit pour l’exposition universelle de 1900, c’est le musée des Beaux-Arts de la ville de Paris : on le nomme le Petit Palais, même s’il n’a de petit que le nom (vous avez vu la taille de l’escalier d’entrée !).

Entrée Petit Palais

Entrée Petit Palais

Il présente une large collection d’œuvres, de l’antiquité à la fin du XIXème. Je ne vais pas vous la décrire de manière exhaustive, cela n’a aucun sens, et puis ce serait très ennuyeux, pour moi comme pour vous. Je voudrais simplement attirer votre attention sur trois points.

Dalou - Le Triomphe de la République

Dalou – Le Triomphe de la République

Traversons rapidement la première salle, sans grand intérêt sauf pour les amateurs de potiches… et rendons-nous dans l’immense pièce consacrée à l’art français de la fin du XIXème et notamment l’art « social ». A côté d’une sculpture d’un forgeron au travail (c’est un peu l’ouvrier et la kolkhozienne 50 ans avant), nous voyons le Triomphe de la République du communard et talentueux Dalou, maquette en plâtre du groupe placé place de la Nation. Il y a un côté très « Troisième République » genre « A bas la calotte, vive la sociale ». Une œuvre très frangin-frangin. Et d’ailleurs, elle a été créée en 1879, sous le gouvernement de l’inoubliable Waddington (que tout le monde a oublié), dont le gouvernement, si mes souvenirs de HK sont exacts, était composé exclusivement de frères protestants. Marianne, debout sur un globe posé sur un char tiré par des lions, est entourée de diverses allégories divinisées : le Travail, la Justice, la Paix, l’Education… La République universelle apportant ses bienfaits à l’humanité et venant la sauver de sa déchéance, c’est très religieux tout ça ! Pour des gens qui bouffaient du curé à qui mieux, mieux…

 

Lucas de Leyde - La laitière

Lucas de Leyde – La laitière

Deuxième pépite : la petite salle dédiée aux gravures de Lucas de Leyde (1494-1533). Ce graveur (et peintre) hollandais a été fortement influencé par Dürer et je dois dire qu’on peut s’y méprendre facilement (en tous cas moi, je ne fais pas trop la différence). Ses pièces, surtout des gravures au burin, sont aérées et très « lumineuses », au détriment peut-être de la matière, se rapprochant d’une œuvre de Dürer comme la Vierge au macaque (si, si !!), et du même coup assez éloignées de ses gravures sur bois tels les quinze panneaux de l’Apocalypse. Tout est en nuance et en délicatesse, aussi bien les sujets profanes que religieux. Magnifique ! Après, évidemment, il faut aimer la gravure.

Ter Borch - Le moulin

Hobbema – Le moulin

Et enfin, juste en face de la salle de Lucas, il y a deux cavernes d’Ali Baba : les salles flamandes du XVIIème. Une d’intérieurs (14 tableaux exactement, je les ai comptés !!), l’autre de paysages (18 tableaux). Dans ces 32 œuvres, vous avez un résumé parfait de l’état de l’art de l’époque. Les plus grands sont là : Rembrandt, Metsu, Steen, Van Ostade… et pour les paysages, Hobbema (pas le grand noir américain, ouarff la grosse blague), Ruysdael… Des détails quotidiens, des rendus d’étoffe somptueux (la soie, le velours…), des intérieurs proprets, une lumière mouillée et argentée, un camaïeu de gris, des ciels (cieux ?) pommelés, larges et humides…

Ter Borch - La conversation

Ter Borch – La conversation

Des femmes généreuses au teint fleuri et au sourire gourmand, ou bien franchement cruches (les fla, les fla, les flamandes – Brel n’a rien inventé !), des buveurs au nez rougi, fumant et jouant, des petits chiens et des grosses vaches, des saules têtards et des canaux, et partout, de la brique et de l’eau… Nous sommes bien dans le plat Pays qui est le mien.

De Hooch - Bon, celui-là n'est pas au Petit Palais mais au Rijksmuseum

De Hooch – Bon, ce tableau est exposé au Rijksmuseum, mais il y en a du même style au Petit Palais

Au-delà de ces trois perles, le Petit Palais présente aussi, en vrac : une belle collection de bronzes antiques, des bijoux renaissance, un peu d’art nouveau, des icônes, une salle XVIIIème avec des meubles qu’on aimerait avoir chez soi, etc…

Un conseil : le musée est grand, choisissez de le visiter en plusieurs fois, vous pourrez davantage en profiter – après une heure de visite, j’en ai marre, pas vous ? En plus, il n’y a pas de queue, le personnel est presque aimable et c’est gratuit !

Petit Palais, avenue Churchill – Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h – Métro Invalides ou Champs-Elysées-Clémenceau – www.petitpalais.paris.fr

Quatre consonnes et trois voyelles, Raphaël‏

13 jeudi Déc 2012

Posted by hilaire in Evénement

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Evénement, Paris, XVIe

On y court, on s’y précipite et on s’y bouscule.

Où ça ?

A l’expo Raphaël qui a débuté au Louvre mi-octobre.

imagesCATS2BD6Première impression : ouahhh ! Total respect devant le maître ! C’est beau ! La galerie des portraits est somptueuse et renforce le sentiment d’une maîtrise absolue de l’artiste à l’âge de la maturité, tant au niveau de la couleur que du dessin. 600 ans après, on est toujours subjugué par ces couleurs à la fois vives et profondes, ces drapés et matières, ces carnations délicates. On sent que le maniérisme pointe le bout de son nez : des couleurs acidulées, une exacerbation des formes, des déhanchés coupables (hé, hé…) ; du même coup, les nombreuses œuvres de Jules Romain (allez, Giulio Romano, ça fait plus mieux) n’en sont que le prolongement logique et homogène.

Laissons parler quelques spectateurs « lambda », après la visite.

« Tout d’abord, pourquoi cette expo? J’avais étudié Raphaël en classe primaire et cela m’intéressait de revoir ses œuvres avec des yeux d’adultes. Ce que j’ai aimé: voir rassemblés un grand nombre d’œuvres habituellement séparées. Mais ce que j’ai préféré ce sont les esquisses à la sanguine ou au crayon. Il est intéressant de voir l’étude d’un personnage qui ne sera qu’un détail sur la peinture final. »

Raphael 2« Je suis toujours en admiration devant la peinture italienne et cette exposition m’a confirmé qu’il vaut mieux voir les toiles « en vrai ». J’ai particulièrement admiré les jeux de lumière, la grâce des personnages de la Sainte Famille et surtout, un détail frappant, le rendu extraordinaire des étoffes, en particulier sur les portraits ! J’ai été juste déçue du cadre, de l’éclairage vraiment pas adapté »

Après comme toutes les expositions à la mode, le spectacle est aussi dans le public : asiates qui prennent tout en photo, y compris les extincteurs et la verrière en forme de pyramide de leur compatriote, familles de province qui emmènent – ou emportent c’est selon – les enfants pour aller consommer de la culture, amateurs sérieux et consciencieux qui lisent tout, regardent tout… Et surtout petits groupes agglutinés autour de l’inénarrable Monsieur (souvent un Monsieur, si, si) je-sais-tout qui ira toujours trouver qui un sens caché, qui une anecdote historique qu’il vient de lire sur Wikipédia, qui un commentaire élogieux ou franchement désobligeant (vous savez les histoires d’artistes ayant exprimé leur sur-moi et leur bas instinct sinusoïdal et parabolique) et surtout qui parle fort pour montrer que même s’il a daigné condescendre à se mêler au peuple, il reste celui qui sait…

Bref, allez-y ! Cela vaut le coup, vraiment… et il ne vous reste plus que 33 jours !

Exposition Raphaël : au Louvre jusqu’au 14/01/2013

http://www.louvre.fr/expositions/raphael-les-dernieres-annees

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