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Archives de Tag: Monument

L’église Saint-Eugène à Paris

20 jeudi Avr 2017

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Paris, XIXe

150ème article pour Artetvia ! Autant le consacrer à un sujet qui me tient à chœur : l’église Saint-Eugène à Paris. C’est une église qui m’est particulièrement chère à divers titres. Aujourd’hui, nous n’allons évoquer ni sa liturgie fastueuse, ni sa chorale paroissiale, dirigée par Henri de Villiers, ni son organiste titulaire Touve Ratovondrahety, également pianiste à l’Opéra, mais sa construction et son architecture.

Au XIXe siècle, les faubourgs parisiens débordent, la ville s’étend. Le faubourg Poissonnière se peuple. Pour assurer un « service spirituel  de proximité », il faut donc ériger de nouveaux lieux de culte, au-delà des boulevards. Grâce à la ténacité (et à la bourse) du premier curé, l’abbé Joseph Coquand, un projet est lancé : une église sera construite près de la rue du Faubourg-Poissonnière, à proximité de l’ancien hôtel des Menus-Plaisirs, qui, d’ailleurs, était davantage une administration dédiée aux cérémonies, fêtes et spectacles, qu’un lieu de plaisirs plus ou moins licites, et qui deviendra l’actuel Conservatoire d’Art Dramatique.

Sitôt le lieu choisi, la construction débute : elle sera très rapide, puisqu’en vingt mois (entre 1854 et 1856), tout est fait. Louis-Auguste Boileau, son architecte, a bien travaillé : il a pu faire sortir de terre une nouvelle église, révolutionnaire dans sa construction. Pourtant rien n’y paraît à première vue.

Eglise Saint-Eugène - FaçadeAujourd’hui encore, lorsque le passant longe la rue du Conservatoire, il remarque à peine ce bâtiment de taille relativement modeste, sans réel parvis, ni véritable clocher, ni décrochement marqué dans l’alignement des immeubles. Au sud, la façade néogothique, pastiche des constructions du XIIIe siècle, ne paie pas de mine – l’ensemble est sobre et dépouillé, même les niches sont vides de leurs statues. Le flanc ouest est passablement en mauvais état : une pierre rongée et salie par le temps et la pollution. Le visiteur pourrait s’arrêter là : circulez, il n’y a rien à voir ! S’il était un tantinet curieux, il entrerait dans l’édifice. Et là, le contraste est saisissant : l’intérieur de l’église est entièrement peint, les murs, les voutes, les colonnes. Rassurez-vous, rien de criard, mais plutôt un camaïeu de couleurs automnales rehaussées de vert et de bleu profonds. Quoiqu’assombrissant un peu l’ensemble, cela se marie bien avec le bois, très présent : balustrades, bancs de communion, chaire, sol en parquet, etc. Et puis, cette peinture masque la spécificité de cette église, la première du genre à Paris : sa structure est en métal et non en pierre. Hé oui, si les colonnes de la nef sont si minces, c’est tout simplement parce qu’elles sont en fonte. Bien sûr, l’église n’est pas une boîte en fer blanc : les murs sont construits tout de même en pierre, mais ils ne servent que de « remplissage », autour d’un squelette métallique. Ce qui permet du même coup de prendre la place la plus large possible dans cet espace restreint : pas de transepts, ni véritable bas-côtés, encore moins d’arcs-boutants. En plein Second Empire, c’était révolutionnaire, surtout pour un édifice religieux !

Eglise Saint-Eugène - Intérieur

Quand vous y entrez, vous sentez immédiatement une atmosphère paisible et priante. N’ayant pas subi les affres liturgiques des années 1970, le mobilier est dans son jus et utilisé, ce qui, évidemment, donne une certaine unité à l’ensemble. Admirez les beaux lustres et les verrières (de Gaspard Gsell et d’Antoine Lusson) qui rajoutent de la couleur dès que le soleil luit, les tribunes ou encore l’imposant baptistère.

Eglise Saint-Eugène - Autel

A la tribune, se dresse le monumental orgue, construit par Joseph Merklin, un Badois résidant à Bruxelles, pour l’exposition universelle de 1855 et monté à Saint-Eugène en 1856. Le buffet a néanmoins été construit par Boileau pour qu’il s’intègre au mieux dans l’édifice. C’est un instrument puissant mais à la sonorité très chaude, avec une spécificité organistique, les accouplements sont inversés, le récit étant le clavier totalisateur (et non le grand orgue).

L’église est placée sous le vocable de saint Eugène, un saint homme mort martyr à Deuil-la-Barre (Val-d’Oise) dont on ne connaît du reste pas très bien la vie. Mais c’est aussi (et surtout ?) le patron de l’impératrice Eugénie (les-larmes-aux-yeux ?), marraine de l’édifice.

Une chouette petite et belle église qui mérite une visite et même bien plus.

Eglise Saint-Eugène - Voûte

La cathédrale Saint-Louis de Versailles (II)

30 jeudi Juin 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Versailles, XVIIIe

Poursuivons notre découverte – commencée la semaine dernière – de la cathédrale Saint-Louis de Versailles, grâce à Jean-Baptiste Champion !

L’église Saint-Louis est un superbe édifice religieux, qui constitue un mélange réussi d’architecture italienne issue de la Contre-Réforme et de classicisme français fortement structuré, mais adouci par le rocaille Louis XV. L’architecte a par ailleurs glissé quelques clins d’œil rococos venus d’Europe de l’est, sans doute pour plaire à la reine Marie Leczinska. Il est vrai que les campaniles galbés à la couverture bulbeuse encadrant la façade sont assez inhabituels en France. Le reste, notamment le plan intérieur en croix latine avec déambulatoire est tout à fait traditionnel en France depuis l’époque gothique. Louis XV, puis Louis XVI, firent appel aux plus grands artistes du temps pour le mobilier et les décors intérieurs. Or, contrairement à l’église Notre-Dame qui a énormément souffert à la Révolution, Saint-Louis au contraire a été miraculeusement préservée. Le visiteur d’aujourd’hui a donc la chance de voir cette église avec quasiment tout son mobilier et ses décors d’origine, ce qui, il faut bien le dire, est particulièrement rare en France. Le XIXe siècle est venu embellir encore l’ensemble, notamment par l’ajout de vitraux qui ont certes fait perdre en luminosité, mais dont on ne peut nier la qualité de réalisation (cf. les deux superbes vitraux de la manufacture de Sèvres dans la chapelle de la Vierge).Cathédrale Saint-Louis - Versailles

Pour ce qui est du mobilier, voici ce que vous pourrez admirer.

– Les lustres en cristal. Suspendus à leur gaine de velours rouge, ils éclairent l’ensemble de l’édifice d’un bout à l’autre. Les six lustres se trouvant dans le choeur ont été offerts en 1760 par la reine Marie Leczinska elle-même.

– Les bénitiers et les fonds baptismaux. Ils ont été sculptés dans le marbre par le sculpteur Louis-Etienne Hersent (1741-1817). Les superbes bénitiers de marbre blanc adoptent la forme de grandes coquilles reposant sur des pieds en gaine.

– La chaire à prêcher et le banc d’oeuvre. Tous deux d’origine également, ils sont placés l’un en face de l’autre juste avant le transept. La chaire est assez sobre, ornée seulement d’un panneau central sculpté du triangle de la Trinité et couverte d’un bel abat-voix. Le banc d’oeuvre, lui, où ces messieurs du syndic de la paroisse venaient s’installer pendant l’office, est superbement sculpté. Il est surmonté de deux angelots encadrant les initiales S.L. (Saint-Louis) et soutenant la couronne royale.

Versailles - Cathédrale Saint-Louis - Orgue– Les grandes orgues. Elles sont absolument exceptionnelles, sans doute parmi les plus belles de France. Commandées en 1759 par le roi Louis XV au plus grand facteur d’orgue du temps, Louis-Alexandre Clicquot (1684-1760), elles ont été achevées par son fils François-Henri (1732-1790). Elles mesurent 12 mètres de haut et sont posées elles-mêmes sur une grande tribune de pierre à 15 mètres de hauteur. L’instrument comporte plus de 3 000 tuyaux, dont plus de la moitié sont d’origine. Mais seuls 90 sont visibles en façade. Il pèse très très lourd, 53 tonnes. Inauguré en 1761, il a fêté ses 250 ans en 2011.

En faisant le tour de l’église, vous pourrez admirer un certain nombre de chapelles, dont la plupart conservent leurs confessionnaux du XVIIIe siècle. Tous les autels sont surmontés de retables dont les tableaux furent sélectionnés au Salon de 1761 :

– Chapelle des fonds baptismaux, avec Le Baptême du Christ, très beau tableau de Charles-Amédée Van Loo (1719-1795).

Versailles - Cathédrale Saint-Louis - Monument au Duc de Berry– Chapelle Saint-Charles. Cette chapelle est connue pour accueillir depuis la Restauration le Monument du duc de Berry. Un soir de février 1820 à Paris, Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry, neveu du roi Louis XVIII, sort d’une représentation à l’opéra vers 11h du soir. Un ouvrier nommé Louvel se jette sur lui et lui plante une alêne de cordonnier dans le coeur. De l’aveu de l’assassin, c’était la race des Bourbons elle-même qu’il voulait éteindre en assassinant le seul membre de la famille qui pouvait encore avoir des enfants mâles. Mais durant sa longue agonie, le duc de Berry révèle que sa femme est enceinte. Au mois de septembre suivant, elle accouchera d’un petit garçon, nommé Henri, que l’on appellera alors « l’enfant du miracle ». En souvenir de cet assassinat, la ville de Versailles, ville natale du duc de Berry, décida de lui ériger ce monument. Elle fit appel à l’un des plus grands sculpteurs de l’époque, James Pradier (1790-1852), qui réalisa ce magnifique groupe sculpté en marbre, où le prince est représenté mourant dans les bras de la Religion. Sur le côté du monument est gravée la phrase que le prince répéta plusieurs fois durant son agonie, sachant le sort qui allait être réservé à son assassin : « Grâce ! Grâce pour l’homme ! ». Louvel fut néanmoins guillotiné quatre mois plus tard en place de Grève…

Versailles - Cathédrale Saint-Louis - Chaire– Chapelle Saint Jean-Baptiste : outre un superbe tableau de François Boucher représentant Saint Jean-Baptiste prêchant au désert, on y trouve surtout un vestige très émouvant du vieux Versailles. En effet, c’est dans cette chapelle qu’a été placé l’ancien autel de la vieille église Saint-Julien que Louis XIV avait fait détruire. Il avait été préservé à cette époque et fut replacé ici lors de la construction de la nouvelle église Saint-Louis. Parvenu intact jusqu’à nous, il constitue un élément essentiel de l’histoire de Versailles. Les panneaux, sculptés dans le chêne au début du XVIIe siècle, représentent : à gauche, saint Joseph et l’Enfant-Jésus. Au centre, sur le tabernacle, le baptême du Christ. A droite, Sainte Elisabeth de Hongrie faisant l’aumône aux pauvres.

Je m’arrête là et vous laisse continuer la visite seuls… Il n’y a que des belles choses à voir !

Mais au fait, et la cathédrale dans tout ça ? Et bien, aussi surprenant que cela puisse paraître, vous savez maintenant que cette énorme église Saint-Louis n’était qu’une simple église paroissiale jusqu’à la Révolution. Mais lorsque les départements furent créés, Versailles devint préfecture et siège d’un nouvel évêché. Le nouvel évêque dut donc choisir une des églises pour en faire une cathédrale. Après avoir hésité, il finit par choisir Saint-Louis qui était la plus grande église de la ville. Voilà, vous savez tout !

La cathédrale Saint-Louis de Versailles (I)

23 jeudi Juin 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Versailles, XVIIIe

J’ai aujourd’hui la joie de laisser la plume à Jean-Baptiste Champion, que les lecteurs d’Artetvia connaissent pour son activité de marchand d’art. Jean-Baptiste est avant tout un historien de l’art, passionné par sa ville : Versailles. Il nous propose de découvrir un monument méconnu de la cité royale : la cathédrale Saint-Louis.

Il serait injuste de parler de ce superbe édifice religieux sans évoquer le vieux Versailles… Et oui, contrairement à ce que beaucoup pensent, Versailles n’a pas été construit de toute pièce par Louis XIV. On peut facilement être tenté de se représenter l’ancien petit château de Louis XIII, isolé sur sa butte, au milieu de nul part. Et bien non, ce château (qui fut lui-même précédé d’un logis seigneurial) se trouvait à proximité d’un village de 300 habitants et de son église paroissiale du Moyen-Age, l’église Saint-Julien. Et le nom de ce village était déjà… Versailles. Difficile d’imaginer lorsqu’on se promène dans la ville royale, aujourd’hui préfecture des Yvelines (90 000 habitants), si rectiligne et si classique dans son architecture, qu’elle fut avant le XVIIe siècle un petit village médiéval aux ruelles tortueuses, dont les maisons se regroupaient autour d’une petite église gothique et d’un cimetière aux tombes très anciennes… De cette époque, il ne reste rien ou presque…

Versailles - Plaque de rue du XVIIIe siècleLorsque Louis XIV décide de faire de Versailles le siège du gouvernement, il ordonne en 1679 la destruction du village, de l’église Saint-Julien et de son cimetière, dans le but d’agrandir le château et de faire du vieux Versailles un nouveau quartier. Celui-ci constituera le pendant sud du quartier Notre-Dame que le roi fait sortir de terre ex nihilo au nord du château. Mais si le tout nouveau quartier Notre-Dame est doté d’une superbe église paroissiale dès 1686 (par l’architecte Hardouin-Mansart), le vieux Versailles, lui, se retrouve privé de son église d’origine et ses habitants obligés d’aller à la messe dominicale à Notre-Dame. Ceux-ci s’en plaignent d’ailleurs énergiquement, considérant qu’il est tout à fait anormal de devoir aller si loin pour assister au culte… 300 mètres au moins! Louis XIV leur a pourtant promis une nouvelle église, mais il n’aura jamais le temps de la construire. Et lorsqu’il meurt en 1715, il n’y a toujours qu’une seule paroisse à Versailles. Les habitants du vieux Versailles (ils sont tout de même 4 000 à la fin du XVIIe siècle) qui vont tous à la messe bien-sûr, seront privés d’église pendant plus de 40 ans.

Versailles - Eglise Notre-Dame

Versailles – Eglise Notre-Dame

Dix ans après la mort du grand roi, en 1725, une petite chapelle Saint-Louis est  édifiée en face du potager du roi. Mais elle ne mesure que 30 m de long, ce qui est très insuffisant pour les milliers d’habitants du quartier (qui devient peu à peu le quartier Saint-Louis), et le dimanche, la chapelle est pleine à craquer. Cette situation va encore durer 15 ans… Enfin, sous la pression de plus en plus importante des habitants du quartier, le roi Louis XV décide de faire construire une vraie église paroissiale, suffisamment grande pour accueillir tout le monde. Et cette fois-ci, on va voir les choses en grand ! Construite au même endroit que la chapelle, la nouvelle église Saint-Louis est prévue plus grande encore que Notre-Dame : 93 mètres de longueur à l’intérieur et 26 mètres de hauteur sous les voûtes. Contre toute attente, Louis XV ne choisit pas Gabriel, son architecte attitré, pour ce grand projet. Il nomme Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1711-1778), le petit-fils de l’architecte de Notre-Dame, sans doute pour inscrire la nouvelle église royale dans une filiation illustre. Celui-ci va s’acquitter de cette tâche avec brio.

Versailles - Cathédrale Saint-Louis

Versailles – Cathédrale Saint-Louis

Le sol étant marécageux, il commence par asseoir les fondations de la future église sur une immense plateforme en bois, immergée à la manière de la célèbre Corderie de Rochefort. Une fois ces fondements réalisés, la première pierre est posée par l’archevêque de Paris le 12 juin 1743, en présence de Louis XV. La construction sera longue… 12 ans ! En comparaison, Notre-Dame fut édifiée en deux ans seulement! Le gros oeuvre est terminé dans le courant de l’année 1754 et la bénédiction de la nouvelle église Saint-Louis a lieu le 24 août. Enfin ! Ce quartier de Versailles aura été privé d’église paroissiale digne de ce nom de 1679 à 1754, c’est à dire pendant 75 ans. Cependant, cette inauguration tant attendue se fait sans tambour ni trompette, car ce jour-là, le roi et la cour sont absents… Ils auraient bien aimé venir, mais ils sont retenus au château car la Dauphine vient d’accoucher d’un petit prince : c’est le petit duc de Berry, futur Louis XVI.

La suite, que vous attendez certainement tous avec impatience, sera publiée jeudi prochain. D’ores et déjà, merci Jean-Baptiste !

La vallée des saints, un projet fou pour l’éternité !

15 jeudi Oct 2015

Posted by hilaire in Sculpture

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Bretagne, Monument, XXe

Depuis sa création, Artetvia vous a présenté des sites et des monuments dont l’intérêt artistique est indéniable (sinon, ils n’auraient pas été choisis, évidemment…) et dont l’histoire est souvent mouvementée.

Vallée des saints - Saint Lunaire

Saint Lunaire

Partons aujourd’hui à la découverte d’un « site historique »… en construction ! Non, ce n’est pas Guédelon et son éternel chantier, non ce n’est pas l’Hermione qui parcourt les mers. Nous partons au contraire au cœur de la Bretagne, dans la vallée des saints (sans mauvais jeu de mots).

Le lieu est situé à Carnoët, à quelques kilomètres de Carhaix et des gorges du Corong, autrement dit au milieu de la Bretagne, dans cet Argoat quelque peu délaissé par le tourisme et la vie économique, dans un paysage très vert, délicatement mamelonné, parsemé d’un tumulus, d’une motte féodale, d’une chapelle gothique pointant vers le ciel, d’une fontaine sacrée et d’une dentelle de sentiers. Le site s’ancre vraiment dans une histoire !

L’idée vient d’un homme, Philippe Abjean, suffisamment fou pour avoir de tels projets, suffisamment sage pour les mener à bien. C’est lui qui a ressuscité il y a vingt ans le Tro Breizh, pèlerinage reliant les sept villes des sept saints fondateurs de la Bretagne : Corentin, Pol Aurélien, Tugdual, Brieuc, Malo, Samson et Patern. En 2008, il fait émerger une autre intuition.

Qu’elle est-elle ? Il s’agit de présenter au public une collection de 1 000 statues monumentales de saints bretons, le tout dans un parc de 40 hectares. Vous avez bien lu, 1 000 grandes statues, en gros granit breton.

Vallées de saints - Saint Conogan

Saint Conogan

C’est un projet très ambitieux, placé entre le témoignage de foi, l’affirmation de la culture bretonne, la revitalisation rurale, le soutien à la filière du granit et l’éclosion de talents artistiques.

Nul n’est pressé, le matériau choisi est solide, les sculpteurs nombreux, le lieu quasi immuable. Les 50 premières sculptures sont d’ores et déjà mises en place, financées par des mécènes ou des souscriptions. Plusieurs communes de la région se sont déjà offert « leur » saint patron. Chacun d’entre eux est représenté avec son attribut : saint Lunaire et son épée princière, saint Cornély transformant ses ennemis en menhir, Sainte Gwenn et… ses trois seins car reconnue pour sa fécondité ! Vous pouvez vous aussi participer au financement de la statue de Servan, Riwal, Marzin, Fiacre ou Coulit et de centaines d’autres.

Vallée des saints - Saint Herbot

Saint Herbot

L’intérêt est aussi de faire travailler différents sculpteurs, ce qui donne un évident camaïeu de styles, parfois fort étonnants, de temps en temps pas très heureux il faut le reconnaître. D’une manière générale, les statues sont massives, les traits rugueux, un peu à l’image de l’environnement. En même temps, il faut qu’ils résistent aux intempéries et au temps.

Saint Lunaire, saint Tugdual ou saint Samson auraient pu clairement se trouver sur l’île de Pâques ou chez les Olmèques, saint Hervé ou saint Patrick dans une église des années 1930, saint Thuriau à Beaubourg. Sainte Anne est plus classique tout comme saint Idi ou sainte Coupaïa (ah oui, vous cherchez un prénom original ? Vous avez le choix : Derrien, Caduan, Herbot, Telo…). Le hiératisme des statues de Seenu Shanmugam vient s’opposer aux traits très épurés de Jacques Dumas. La douceur du ciseau de Patrice le Guen contraste avec la puissance de Philippe Leost.

Les statues sont posées à même le sol, sans chichi, ni écriteau, un peu comme des mégalithes posés pour l’éternité. Certains ont même parlé de « Stonehenge du XXIe siècle », christianisé celui-là !

C’est une œuvre originale et puissante que je vous invite donc à visiter et pourquoi pas à encourager.

http://www.lavalleedessaints.com

Vallée des saints - Saint Malo

Saint Malo

Vallée des saints - Saint Konan

Saint Konan – Regardez la taille de la bête ! C’est monumental

La basilique Saint-Donatien à Nantes

18 jeudi Juin 2015

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Nantes, XIXe

Saint-Donatien - Nantes - En flammeVous l’avez sûrement appris par les gazettes, la basilique Saint-Donatien, l’une des principales églises de Nantes vient de brûler, quarante-trois ans après le grand incendie de la cathédrale Saint-Pierre. Les photos témoignent de la violence de l’incendie : la charpente est totalement consumée et la voute risque de s’effondrer. L’émotion est forte chez les Nantais.

Je suis né à Nantes (où on ne le parle pas). Il est donc logique qu’Artetvia consacre un article à cet édifice. Il possède la particularité, même si la construction actuelle est récente, d’être le berceau de l’histoire chrétienne de la ville.

Saint-Donatien - Nantes - SarcophageDonatien et son frère Rogatien sont deux enfants d’une famille patricienne du Portus namnetus, ville alors très importante (20 000 habitants dit-on) et propriétaire d’un domaine situé en dehors de l’enceinte. Appartenant à la jeune et petite communauté chrétienne – on pense qu’il n’y avait même pas encore de clergé permanent, mais seulement des prêtres de passage – ils refusent d’abjurer leur foi et sont massacrés sur le lieu où est construit l’actuelle basilique – en réalité, les historiens sont divisés, certains placent le lieu du drame à quelques dizaines de mètres. Cela s’est passé vers l’an 300. Leurs reliques sont placées dans un sarcophage en pierre, puis transférées à Orléans pendant les invasions normandes. De retour à Nantes, elles sont déposées dans une châsse en or. La révolution les dispersera et seul le premier reliquaire en pierre subsistera. Il est toujours visible dans le bas-côté gauche de l’église actuelle.

Le culte des deux enfants nantais est fulgurant. Rapidement une première église est érigée sur les lieux du drame, dont on ne sait pas grand’chose il faut l’avouer. Saint Grégoire de Tours mentionne l’église et lui attribue déjà le titre de basilique. Le titre officiel, quant à lui, sera accordé … en 1889.

L’histoire de l’église est ponctuée de destructions, de reconstructions, de travaux et d’ajouts : 1226, 1637, 1739, 1778… Pendant la révolution, les cloches sont fondues et l’édifice sert d’hôpital, il est partiellement détruit l’année suivante sauf la façade et le clocher. Rachetée en 1796, l’église est rendue au culte en 1804.

Saint-Donatien - Nantes - Ancienne égliseEn 1871, l’évêque de Nantes promet de construire un nouveau bâtiment si la guerre épargne la ville. C’était un peu la mode : nous avons le cas également à Lille (Sacré Cœur) ou à Angers (La Madeleine). Chose promise, chose due : les fondations sont creusées en 1872, la première pierre est bénie en 1873. L’église l’est en 1878, bien qu’inachevée : elle sert déjà de lieu de culte. Elle est consacrée en 1889, avant la fin des travaux (ce qui est assez étonnant, car traditionnellement, une église était consacrée, parfois longtemps après la reprise du culte, une fois la construction achevée… et une fois les crédits remboursés – on ne consacre que ce que l’on possède). En 1901, trente après le début des travaux, l’édifice est terminé, avec l’adjonction de deux hautes tours (44 mètres) qui remplacent les flèches initialement prévues.

Saint-Donatien - Nantes - Vue généraleC’est une église typique de son époque : une architecture néo quelque chose (les mauvaises langues parleraient de néo-moche, c’est malin), doublée d’un aspect massif, assurant à l’édifice une forte visibilité. Les historiens de l’art parlent à son sujet d’édifice néo-gothique primitif. Si en effet par la taille et l’organisation générale de la façade, l’influence gothique est indéniable, en revanche, de nombreux détails lui confèrent un aspect très roman : le pignon triangulaire, les pinacles, la décoration. C’est d’ailleurs ce qui fait le charme de l’édifice. Ce n’est pas un pastiche, mais une vraie création à partir d’éléments existants : Emile Perrin, l’architecte a bien conçu la chose !

Saint-Donatien - Nantes- NefL’intérieur de l’église est assez austère, avec des travées très régulières et une décoration dépouillée. Néanmoins les clés de voutes peintes, les peintures des transepts et la chapelle axiale centrale à la décoration très néo-gothique, viennent atténuer la sobriété du monument. A noter également la présence d’un orgue du facteur Louis Debierre, qui a été monté en 1881, mais du fait de sa petite puissance (15 jeux) et donc inadapté à la taille de l’édifice, il fut repris et développé en 1971 par la maison Bouvet-Renaud de Nantes. Le mobilier du chœur, crée au début des années 1970 n’est pas des plus réussis, néanmoins, il ne gâche pas l’ensemble.

N’oubliez pas enfin de descendre dans la crypte. Le lieu du premier tombeau des enfants est signalé par une plaque de marbre noir.

On espère évidemment que cet édifice emblématique de la ville de Nantes puisse être restauré rapidement et ouvert à tous !

La basilique Saint-Julien à Brioude

16 jeudi Avr 2015

Posted by hilaire in Patrimoine

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Art roman, Auvergne, Monument

L’un des premiers articles de ce blog fut consacré à l’art roman en Auvergne, abordé dans son ensemble. Artetvia vous propose d’aller plus avant et de découvrir l’un de ces joyaux : la basilique Saint-Julien à Brioude. En espérant qu’à l’issue de cet article, vous ne verrez plus l’architecture auvergnate comme austère et farouche !

Grosso modo, Brioude est située entre Le Puy et Clermont-Ferrand. C’est une petite ville de 6 000 habitants, sous-préfecture de la Haute-Loire. La ville est agréable quoiqu’un peu endormie.

Le visiteur est bien entendu immédiatement frappé par la taille et la beauté de la principale église de la cité.

Basilique Saint-Julien- BrioudeElle est très ancienne. La légende dit qu’un premier sanctuaire est construit dès le IVe siècle (quand même !) en l’honneur de Julien, soldat romain martyrisé en 304. On sait que saint Grégoire de Tours (539-594) se rend plusieurs fois sur les lieux en pèlerinage. Au IXe siècle, un chapitre de chanoines est installé, l’église devenant donc collégiale. Etant également maîtres du temporel – jusqu’à la révolution, le chapitre est composé de chanoines-comtes, ce qui occasionnera d’ailleurs divers conflits ; qu’ils soient le plus souvent les rejetons des lignées les plus prestigieuses d’Auvergne ne viendra pas faciliter les choses. Une église plus grande est édifiée au Xe siècle. La construction de l’église actuelle débute vers 1060. Deux siècles plus tard les voûtes de la nef sont surélevées. Et après ? C’est fini, la construction est achevée, et le monument se dresse tel qu’il nous apparaît aujourd’hui, mise à part la façade ouest redessinée au XIXe siècle dans un style néo-roman. L’église est érigée en basilique en 1957. Nous avons donc devant nous un grand monument roman quasi intact.

Basilique Saint-Julien de BrioudeA l’instar des autres anciens édifices d’Auvergne, la basilique n’est pas construite en pierre volcanique noire comme l’est la cathédrale de Clermont bâtie entre les XIIIe et XVIe siècles. Ce qui fait d’elle une église assez claire. Son architecture est typique du roman auvergnat : un narthex, un clocher hexagonal, des chapelles rayonnantes, un déambulatoire voûté en berceau, etc… En revanche, contrairement à Notre-Dame du Port, Saint-Austremoine d’Issoire, Saint-Nectaire ou Notre-Dame d’Orcival, elle ne possède pas de massif barlong à la croisée des transepts mais une structure porteuse plus légère et peut-être plus esthétique.

Basilique Saint-Julien de BrioudeAvec sa nef de près de 75 mètres de long, c’est la plus grande église romane de la région. Ses cinq travées régulières mènent le visiteur vers le chœur, assez simple et à l’abside en cul de four comportant cinq chapelles rayonnantes. La lumière entrant par les baies hautes et les piliers polychromes tendent à alléger la structure du bâtiment et à renforcer son équilibre général.

Qui a dit que l’art roman était austère ? Oui, la crypte abritant le tombeau du saint l’est assurément. Mais par ailleurs, voyez les superbes peintures de la chapelle Saint-Michel ! Voyez le choix délibérément composite des matériaux et la décoration du choeur (extérieur) ! Voyez la sculpture des chapiteaux et les modillons des corniches des cinq chapelles rayonnantes ! Voyez la décoration des fenêtres des chapelles ! C’est d’une belle simplicité. D’une magnifique simplicité.

Alors conquis ?

Modillons de Saint-Julien de Brioude

 

Saint Joseph des Carmes, un peu d’Italie au cœur de Paris

05 jeudi Fév 2015

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Paris, XVIIe

Après l’église Sainte-Elisabeth de Hongrie, partons aujourd’hui à la découverte d’une autre église parisienne peu connue : Saint Joseph des Carmes.

A l’instigation de la reine Marie de Médicis, veuve d’Henri IV rappelons-le, deux carmes déchaux – issus donc de la réforme de l’ordre par les grands mystiques que sont sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix – s’installent pour la première fois en France en 1610 et plus précisément rue de Vaugirard. La communauté s’accroît rapidement et il est décidé de construire une église conventuelle. L’église des Carmes est non seulement la première église parisienne à être dédiée à saint Joseph, mais aussi à être conçue sur le modèle des églises romaines de la Contre-Réforme. L’église est achevée en 1625. La communauté prospère pendant le siècle et demi suivant, les religieux inventant et diffusant d’ailleurs à cette époque la célèbre Eau de Mélisse.

Saint Joseph des CarmesA la Révolution, tout change : l’église Saint-Joseph est transformée en une sordide prison où sont entassés jusqu’à 160 prêtres. Motif de leur condamnation : avoir refusé la Constitution Civile du Clergé. Le 2 septembre 1792, 105 prêtres, 3 évêques et 2 laïcs sont massacrés derrière l’église, sans autre forme de procès. Aujourd’hui le visiteur parcourt, non sans émotion, les lieux mêmes du drame : le couloir menant à une petite porte ouvrant sur un petit escalier donnant sur le jardin : Hic ceciderunt rappelle la plaque. Les ossements retrouvés après la tourmente ont été placés dans la crypte.

La paix revenue, l’église est rouverte au culte et le couvent est racheté et restauré par la Mère Camille de Soyecourt qui y installa une communauté de carmélites. En 1845, les bâtiments furent cédés à l’archevêché de Paris qui y plaça une Ecole des Hautes Etudes Ecclésiastiques. Aujourd’hui, l’église sert d’église paroissiale, et de chapelle pour le séminaire des Carmes et pour l’Institut Catholique de Paris (la Catho).

Visitons maintenant cette église. Comme nous l’indiquions ci-dessus, c’est une église « romaine » posée en plein Paris.

Saint Joseph des CarmesLa façade se déploie sur deux niveaux : des pilastres corinthiens, une grande baie centrale et deux niches latérales – rien de plus sobre et classique. En fait, cette façade a été reconstruite au XIXe siècle suivant globalement le dessin de l’ancienne construction. En entrant dans l’église, on est frappé par la luminosité de l’ensemble grâce aux fenêtres hautes dépourvues de vitraux (mais pas de vitres) et par l’organisation générale : la nef est rythmée par des pilastres en faux marbre délimitant harmonieusement des chapelles latérales. D’emblée, le visiteur est attiré par le maître-autel, reconstruit au XIXe siècle, dans le style de la construction originale, au centre duquel trône un grand tableau de Quentin Varin, le maître de Nicolas Poussin, représentant la présentation de Jésus au Temple. L’ensemble est encadré par deux sculptures monumentales d’Elie et de sainte Thérèse d’Avila. L’autel lui-même date du XIXe siècle, mais avec des éléments bien plus anciens puisque la partie centrale (une Cène) date du XIVe siècle.

Trois autres éléments sont à noter dans cette église.

– La coupole est typiquement italienne. Première coupole de Paris à être peinte et à reposer sur un tambour, elle présente en trompe l’œil la scène d’Elisée recevant d’Elie le manteau, qui flotte en l’air par-dessus la balustrade. Pour l’admirer, mieux vaut se placer directement en-dessous.

– La chapelle Sainte-Anne, au fond de l’église à droite est entièrement recouverte de fresques et de peintures sur bois, représentant la vie de la Vierge. C’est magnifique ! Pourquoi ont-elles survécu aux affres de la Révolution ? Tout simplement car les gardiens avaient perdu la clé de l’imposante grille qui en ferme l’accès…

– La crypte, immense, froide et très humide. Elle est structurée en trois parties dont l’une rappelle l’histoire de l’église avant la Révolution, la deuxième recueille les ossements des martyrs de Septembre et la troisième accueille la tombe de Frédéric Ozanam, fondateur des Conférences de Saint Vincent de Paul.

Saint Joseph des Carmes - Autel

Et les frères carmes, où étaient-ils ? Derrière le maître autel ! Dans un chœur toujours utilisé et actuellement séparé par une cloison.

A visiter donc !

Cette notice est malheureusement trop courte. Pour en savoir plus, je vous conseille vivement de suivre les visites guidées passionnantes de ma copine Léonore. RDV les 4 avril et 2 mai à 15h devant l’église, 70 rue de Vaugirard – ou les autres samedis à la même heure avec un autre guide.

Allons à Biron, birontonbirontaine !

16 jeudi Oct 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, moyen-âge, XIIe, XVIe, XVIIe

Niché entre Quercy, Périgord et Guyenne, à la frontière des anciens domaines anglais et français, se dresse fièrement le château de Biron.

Fief de la famille Gontaut-Biron pendant 24 générations (calculez vous-mêmes, à raison de 30 ans par génération, cela fait pas mal), il est propriété publique depuis 1978.

Biron 1Construit au XIIe, il est fortement endommagé pendant la guerre de Cent ans puis reconstruit un siècle et demi plus tard par Pons de Gontaut et son frère Armand, évêque de Sarlat, qui y ajoutent un logis Renaissance et une chapelle. L’un de leurs descendants, pourtant fils d’un compagnon d’armes d’Henri IV, complota contre le roi et finit donc sous la hache du bourreau. La famille perdit du même coup son titre ducal et ses revenus. Elle ne s’en relèvera qu’au début du XVIIIe. Pendant la Révolution, le propriétaire, Armand-Louis, croyant sauver sa tête, son nom et sa fortune se rallia aux idées nouvelles. Il en perdit les trois, victime des purges jacobines ; il avait pourtant donné des gages de bonne conduite sans-culotte en allant massacrer quelques Vendéens à Saumur et Parthenay. Néanmoins, le château resta dans la famille, en plus de l’actuel musée Rodin et de quantité d’autres demeures.

Le dernier propriétaire de la famille est un flambeur. Dans les années folles, il dilapide sa fortune aux courses et au jeu et vend le mobilier du château au fur et à mesure ce qui fait qu’aujourd’hui, Biron est vide, désespérément vide. Quand Biron voulut danser, le château en fut vidé ! Il appartient au Conseil Général depuis 1978 qui y effectue depuis de nombreux travaux.

Une fois cet historique achevé, allons visiter ledit château !

Biron 2De loin, il est très impressionnant. De près, il l’est encore plus. Pensez, il est construit sur trois niveaux : le village et la chapelle basse, la basse-cour et la chapelle haute (vous suivez ?), et enfin la cour haute.

C’est un très bon exemple d’architecture composite mais néanmoins harmonieuse, sa construction s’étalant sur sept siècles.

Biron cour hauteLa partie la plus ancienne est le donjon, datant du XIIe siècle, situé au haut de la butte. C’est une construction massive dont l’austérité n’a été altérée que par l’ajout d’ouvertures pendant la Renaissance et la période classique. Ce donjon forme l’un des bâtiments ceinturant la cour haute, aux côtés du logis Renaissance et de l’aile XVIIIe. Cette dernière présente un corps de logis élégant, dont le rez-de-chaussée est une immense et haute salle (peut-être 7 mètres de plafond !) et le sous-sol une cuisine tout aussi grande… mais qui n’a jamais servie. Une loggia à l’antique, grande ouverte sur une large terrasse d’où l’on embrasse tout le paysage environnant, forme le dernier côté de la cour. Le propriétaire de l’époque avait même le projet de relier cette terrasse au village par de gigantesques escaliers  (si vous avez bien suivis, nous sommes tout en haut, ils n’avaient pas froid aux yeux).

Biron - IntérieurEn descendant, ou en montant, tout dépend du sens de votre visite, vous empruntez un solide escalier fortifié pour atteindre la basse-cour, accueillante et herbue, ceinte de plusieurs bâtiments : écuries de l’époque classique, tour du XIIIe, chapelle… Et quelle chapelle ! Une église tant ses dimensions sont imposantes. Elle comporte deux étages – comme à la Sainte-Chapelle, ambitieux les deux frères Pons et Armand de Gontaut-Biron ! – le bas étant réservé aux villageois, le haut pour le château… et quatre chanoines, ce qui en fait une collégiale (assez rare pour une chapelle castrale). Il reste les gisants des bâtisseurs, les sculptures (une Pietà notamment) ayant été vendues aux américains au début du XXe siècle : on se console avec leur photos.

Biron - ChapelleLa visite est agréable, avec des explications concises mais précises ; on peut y passer du temps, flâner sur les terrasses ou admirer le paysage.

Honnêtement, le château est magnifique, plus par son architecture majestueuse et formidable que par sa décoration (ah ces salles vides !). Et il représente un superbe témoignage de l’histoire troublée de cette région.

J’y suis allé, j’y reviendrai.

Une église parisienne méconnue – Sainte-Elisabeth de Hongrie

26 jeudi Juin 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, Paris, XVIIe

Comme vous avez pu le remarquer, ce site tâche de varier les sujets qu’il présente ainsi que la forme de ses articles. Après un texte relativement long sur la musique des lansquenets, voici l’articule de la semaine, ce qui ne signifie d’ailleurs pas que le sujet ait un moindre intérêt : nous allons visiter ensemble l’église Sainte-Elisabeth de Hongrie.

A deux pas du Temple, et à quelques encablures de la place de la république se dresse une petite et jolie église. Elle est placée sous le vocable de sainte Elisabeth de Hongrie, épouse du Landgrave de Thuringe Louis IV, canonisée en 1235, quatre ans après sa mort.

C’est une église relativement récente puisqu’elle date du Grand Siècle. Durant tout son « règne », Marie de Médicis suscite et accompagne la création de communautés religieuses, contemplatives ou non. Elle soutient notamment la fondation des religieuses de sainte-Elisabeth, de spiritualité franciscaine, dont les premières prises d’habit ont lieu le 30 mai 1616 et qui s’installent près du Temple. En 1627, elles sont déjà 57 et leur couvent et chapelle s’avèrent alors trop étroits. Le 14 avril 1628, la reine pose la première pierre du nouvel édifice. Les travaux sont réalisés par les architectes et maîtres maçons Louis Noblet et Michel Villedo (à qui l’on doit une partie de Vaux-le-Vicomte, quand même !). En 1631, les travaux s’arrêtent, faute d’argent et reprennent en 1643. Achevée en 1646, elle sert d’église conventuelle jusqu’à la Révolution, pendant laquelle, elle est transformée en magasin de farine, la communauté ayant disparue dans la tourmente. A la différence des bâtiments conventuels, détruits en 1792, l’église est rouverte au culte en 1809 et devient église paroissiale pour le quartier du Temple. L’actuel chœur néo-gothique est érigé sous la Restauration, ainsi qu’un second collatéral. Au milieu du XIXe siècle, Baltard (celui du pavillon des Halles) restaure la façade de style « baroque sage », mais le percement de la rue de Turbigo ampute l’église de l’une de ses chapelles, placée au fond de l’abside. Depuis sa création, le visage de l’église a bien changé, néanmoins son architecture est très homogène et équilibrée, malgré son histoire tourmentée.

Je vous recommande d’observer particulièrement :

– les panneaux de bois présents dans le déambulatoire. Datant du XVIIe siècle et provenant de l’abbaye Saint-Vaast d’Arras, ce sont de petits bijoux de sculpture sur bois.

– l’orgue où plutôt les orgues car il y en a deux. Les grandes orgues sont construites en 1853 par le facteur Suret. Elles comportaient à l’origine 39 jeux répartis sur 3 claviers et un pédalier. Reconstruit par Gutschenritter en 1955 et entièrement restauré de 1994 à 1999, l’instrument est puissant. Le buffet est imposant mais l’ensemble est harmonieux. L’orgue de chœur, plus modeste est un instrument monté par Joseph Merklin (qui n’est pas n’importe quel facteur…). Le titulaire actuel a d’ailleurs accepté de répondre à Artetvia.

– la décoration et le mobilier, avec un autel majeur datant de 1848. Les fresques et peintures sont très peu baroques et sentent bon leur XIXe siècle, mais ne sont pas laides pour autant.

– les statues de la façade : saint Louis, saint François d’Assise, sainte Elisabeth et… sainte Eugénie (avec les traits de l’impératrice ?).

– les vitraux, notamment les grandes verrières d’Abel de Pujol, provenant de la chapelle détruite positionnées actuellement sur le bas-côté droit.

Autre spécificité : Sainte-Elisabeth sert depuis 1938 d’église conventuelle pour l’Ordre de Malte, les chevaliers se plaçant dans les stalles du chœur pour le chant des offices. La décoration de l’église porte la marque de cette présence et donne à l’église une atmosphère tout à fait particulière. L’église accueille également une communauté chinoise.

Comme la plupart des églises parisiennes, elle est ouverte toute la journée, alors n’hésitez pas ! Ca vaut vraiment le coup d’y faire un tour.

http://www.sainteelisabethdehongrie.com/

Quelques vues

Sainte Elisabeth de Hongrie - Panneaux de Saint VaastSainte-Elisabeth de Hongrie - Sainte EugénieSainte-Elisabeth de Hongrie - La façadeVue générale de Saint Elisabeth de Hongrie - Paris

Maintenant, allons voir Maintenon

05 jeudi Juin 2014

Posted by hilaire in Patrimoine

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Monument, XVIIe

Maintenon ? Ce nom vous évoque certainement Louis XIV, ou plutôt l’une de ses maîtresses, devenue sa femme en octobre 1683 et qui a accompagné le crépuscule du Roi Soleil : Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon.

Mais Maintenon, c’est d’abord une petite bourgade de 4 500 habitants, lovée entre Chartres et Rambouillet devenant quelque peu un dortoir pour Parisiens. Au milieu du village : le château.

Celui-ci, au premier abord, est très équilibré dans son déséquilibre – un peu comme « la confusion dans la clarté » de Denner : il n’est ni trop grand, ni trop petit, ni trop haut, ni trop bas et sa construction sur plusieurs siècles, largement visible, lui donne tout son charme.

Château de Maintenon 2Le donjon médiéval se dresse fièrement. Datant du XIIIe siècle, c’est la partie la plus ancienne de la demeure. Trois tours rondes viennent compléter le quadrilatère, reliées par des courtines, sans doute fortifiées. Au fur et à mesure, elles sont remplacées par des corps de bâtiment : le logis est construit par Cottereau vers 1510, avec pont-levis et poivrières. Puis, la fonction militaire s’efface progressivement, le même Cottereau faisant bâtir l’aile est quelques années plus tard, dont les ouvertures sont plus larges et les murs moins épais. En 1674, Françoise d’Aubigné rachète la bicoque et le Roi lui donne le titre qui va avec ! Quelques années plus tard, l’aile ouest sort de terre ainsi qu’un bâtiment reliant le château à l’église. Sous le Second Empire, les Noailles, alors maîtres des lieux – ils le seront jusqu’en 1983 – modifient les façades dans un style bien de leur époque (hélas). Endommagé par des bombardements américains, le château est restauré patiemment par ses derniers propriétaires privés. Construit en briques à parement de pierres, hormis le donjon et les ouvrages défensifs, il est élégant mais conserve son architecture militaire et sa forme antique.

Château de Maintenon 3Pour les intérieurs, n’oubliez pas d’admirer :

– le donjon, redoutable et austère. Un escalier en colimaçon mène au chemin de ronde et à ses combles dont la charpente est de toute beauté. De là-haut, le panorama est éblouissant.

– les appartements dits de Madame de Maintenon, reconstitués au XIXe (seules les tomettes sont d’époque) : admirez les murs recouverts de cuirs, le mobilier du XVIIe, le clavecin, les tapisseries… Evitez de trop regarder la cheminée… qui date des années 30 !

– les appartements privés des Noailles, dans l’aile est. Les pièces se succèdent, très agréablement meublées et décorées. Le salon du Roi est de toute beauté (même si les peintures sont des copies du XIXe). La visite s’achève par la bibliothèque, la salle de billard et la grande galerie du XIXe siècle, portant les portraits des membres illustres de la famille Noailles.

Si vous avez bien suivi, nous avons parlé de trois côtés du quadrilatère originel. Et le quatrième ? Il n’y en pas ! L’espace reste ouvert et donne sur les jardins.

Château de Maintenon 1Et quels jardins ! Ils ont tout simplement été dessinés par Le Nôtre, qui a pu utiliser à bon escient une ressource inestimable, absente à Versailles : l’eau. Ils débutent par un petit jardin à la française très ouvragé, recréé il y a quelques années, prolongé par un parc où paresse un canal bordé d’allées plantées passant sous l’aqueduc ! L’aqueduc ? Oui, oui, un aqueduc, comme chez les Romains ! Construit pour alimenter Versailles en eau depuis l’Eure (83 kilomètres de haut, 73 mètres de hauteur maximale, quand même !), il n’a jamais été achevé – il manquait 29 kilomètres – les caisses étant vides et la machine de Marly beaucoup plus pratique. Ses ruines impressionnantes traversent le parc du château de Maintenon, des arbres et buissons épineux poussent ici ou là. Se reflétant sur le canal, l’image est saisissante, c’est un tableau vivant d’Hubert Robert ou d’autres peintres élégiaques des XVIIe et XVIIIe siècles. C’est vraiment très étonnant, surtout quand le ciel est dégagé.

Cette description vous a donné envie ? Alors, allez-y, les beaux jours arrivent enfin (quoique…) et de Paris, le train est direct !

www.chateaudemaintenon.fr

Heures d’ouverture – Jusqu’au 30 juin : tous les jours, sauf le mardi, de 10h30 à 19 h ; du 1er juillet au 31 août : tous les jours de 10h30 à 19 h.

Ah oui, j’oubliais, merci Constance pour les photos !

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