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Archives de Tag: architecture

Connaître l’histoire de son monument !

16 jeudi Fév 2017

Posted by hilaire in Patrimoine

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architecture, Histoire

Aujourd’hui, pour la (seulement) deuxième fois en quatre ans d’existence, je vais profiter d’Artetvia pour faire découvrir aux lecteurs l’une de mes activités professionnelles : l’histoire et la valorisation du patrimoine. Voici donc une brève présentation que vous pourrez retrouver en détail sur le site du cabinet Alboflède. N’hésitez pas à me contacter via Artetvia ou Alboflède, je serai ravi de pouvoir répondre à vos questions… et travailler pour vous !

Vous êtes passionné d’histoire et de patrimoine et êtes l’heureux propriétaire d’un bien dont vous aimeriez connaître davantage l’histoire et les qualités architecturales. Ou bien, vous cherchez à débuter des travaux mais ne savez pas comment vous y prendre pour ne pas commettre d’impair. Vous avez bien ici ou là quelques archives, familiales ou appartenant aux anciens propriétaires, quelques documents d’érudits locaux, « on » vous a raconté des anecdotes plus ou moins vraies sur votre demeure. Mais rien de formalisé et de « gravé dans le marbre ». Comment faire ?

Vous souhaitez vendre votre bien. Pour des raisons variées. Bien entendu, vous en attendez le meilleur prix. Donnez-lui un supplément d’âme et de valeur ! Comment faire ?

Val d'OrciaVous avez ouvert votre bien historique au public ou bien vous avez le projet de le faire : visites guidées, chambres d’hôtes, lieu d’accueil de réception, etc… Le secteur des chambres d’hôtes et des lieux de réception dans un bâtiment historique est un secteur hautement concurrentiel. Nombreux sont en effet les châteaux et autres belles demeures qui accueillent ce type d’activité. Les caractéristiques purement « hôtelières » ont souvent un niveau de standing similaire : de belles chambres, des sanitaires de qualité, un accueil personnalisé, un environnement préservé, un service haut de gamme. Alors, comment se différencier ?

En prenant appui sur l’histoire de votre monument ! Il est unique. Valoriser l’histoire et les qualités artistiques du bien permet de proposer une offre unique en son genre. Le bâtiment qui vous accueille ou héberge votre activité touristique et culturelle n’est pas une simple « coquille », mais un atout. Le bâtiment est le fruit et le témoin d’une histoire, parfois prestigieuse, toujours singulière.

Qui plus est, ce type d’approche répond tout à fait à la demande des clientèles. L’histoire passionne les Français (82% d’entre eux affirment l’être – sondage pour la revue Historia paru en 2009), férus d’anecdotes et « de petits faits vrais ».  Les clientèles étrangères ne sont pas en reste et recherchent des visites et séjours qui « aient une saveur ».

Il faut bien reconnaître que souvent le temps a laissé des balafres dans le monument, cela peut être à cause :

  • de remaniements successifs qui semblent l’avoir dénaturé ;
  • d’un état général détérioré ;
  • de parties entières ayant disparu ;
  • d’une décoration intérieure et d’un mobilier réputés anachroniques.

Et pourtant, sans pour autant avoir l’assurance de découvrir une « pépite architecturale », le monument est peut-être, sans doute même, un exemple typique du bâti local ou au contraire une curiosité notable, un témoin de l’histoire de la région, une première référence d’un artiste devenu prestigieux… Les faits historiques se perdent avec le temps et ce sont eux qui parfois témoignent de la valeur artistique réelle de votre bâtiment.

En quoi consiste concrètement une étude historique ?

Il s’agit :

  • d’une présentation de l’histoire de votre monument : description architecturale, qualités artistiques, contexte d’histoire de l’art, chronologie de la construction et des propriétaires, anecdotes et détails historiques etc. Autant d’éléments qui attestent de l’authenticité de votre bien ;
  • d’une mise en perspective artistique et régionale : quelle est la place de ce monument dans l’histoire de l’art, de l’architecture, des arts décoratifs ? et dans les circuits touristiques de la région ? etc. ; le monument est replacé dans son contexte historique, social et artistique.
  • d’une démonstration scientifique par les archives : les informations transmises sont avérées, certifiées par les documents d’archives et non plus de vagues idées ;
  • d’un dossier iconographique exhaustif : photographies anciennes et actuelles, plans, et tout autre document graphique qui sera retrouvé dans les fonds d’archives.

Les sources

Léonore Losserand - ArchivesChaque étude est réalisée à partir des archives disponibles et de la bibliographie scientifique, c’est-à-dire uniquement de sources sûres et authentiques. En fonction du bien que vous possédez, de son ancienneté, de la capacité de ses anciens propriétaires à conserver leurs archives, de ses qualités artistiques, nous partons à la recherche de toutes les informations qui donneront encore plus de cachet et d’authenticité à la connaissance de votre propriété.

Par exemple, voici les archives utilisées dans le cadre d’une étude pour un château situé en région Rhône-Alpes.

  • Archives départementales, cadastres (P), archives communales, documents graphiques et iconographiques (Fi), hypothèques (Q), notaires (E), administrations contemporaines (W), travaux communaux (S), société d’émulation locale, fonds privés (J).
  • Etude en bibliothèques : bibliographie générale sur la commune, bibliographie spécialisée (architecture régionale, architecte, matériaux etc.), iconographie ancienne (cartes postales, plans, photographies etc.).
  • Fonds d’archives généraux : Bibliothèque nationale (Estampes), Institut français d’architecture (XIXe-XXe siècles), documentation du musée d’Orsay (architecte, commune).
  • Archives administratives : documentation du service régional de l’inventaire, STAP (Service Territorial de l’Architecture et du Patrimoine), archives communales.
  • Archives privées du propriétaire.

Sous quelle forme s’effectue le rendu de l’étude ?

Le rendu d’une étude historique peut prendre deux formes :

  • Un rapport « scientifique » exhaustif, comportant un texte complet de l’histoire du domaine et du monument, une chronologie, un plan de restitution et de datation, un recueil iconographique.
    • La taille est variable selon les archives disponibles (entre 50 et 200 pages).
    • Il peut vous servir également comme appui pour vos demandes de subventions, comme outil préalable à des projets de travaux, comme support de formation du personnel à l’histoire de lieu… et aussi dans le cas de la vente du bien.
  • Un document plus « grand public », synthétisant le rapport scientifique, largement illustré (documents anciens, mais aussi photographies actuelles et parfois même dessins originaux), utilisant des outils didactiques efficaces (chronologie, schémas et tableaux).
    • A partir de ce document, vous pourrez assurer la publication d’un « beau » livre, illustrer des plaquettes de présentation de votre hôtel, apporter du contenu au site internet…
    • Le cabinet peut se charger de l’impression d’un livre ou d’une plaquette.

 

N’hésitez donc pas à me contacter et à diffuser autour de vous !

Gerberoy - Jardins

Trèves, ville impériale

07 jeudi Avr 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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Allemagne, architecture, Villes et villages

Une fois n’est pas coutume, franchissons la frontière pour faire connaissance avec une ville allemande. Il y a quelques mois, nous avions pu visiter Dinkelsbühl, cité aussi jolie que méconnue. Aujourd’hui, restons de « notre » côté du Rhin, traversons le Luxembourg et découvrons Trèves. Plurimillénaire, la ville possède une longue et prestigieuse histoire. Dont il reste de beaux vestiges. De ceux-ci, un unique article d’Artetvia ne suffirait pas à présenter toutes les facettes, tant elles sont nombreuses.

Voici donc quelques joyaux d’un bien beau trésor.

Trèves est avant tout une ville romaine, considérée comme une « deuxième Rome ». Choyée par les empereurs, elle conserve divers monuments de l’époque où elle régnait sur un immense territoire.

Trèves - BasiliqueLa basilique de Constantin étonne par sa taille. Comme son nom l’indique, le célèbre empereur en fut l’initiateur et le premier occupant, puisqu’elle lui servait de salle du trône. C’est la plus grande pièce de l’époque romaine qui nous soit parvenue intacte. Il est vrai que l’ensemble est impressionnant : 33 mètres de haut (un immeuble d’une dizaine d’étages), un puissant plafond à caissons pas d’époque, de larges et hautes fenêtres. Même l’orgue contemporain est extrêmement imposant – et pas très beau. Les murs sont construits en fines briques, autrefois couvertes d’un crépi, disparu depuis des siècles. Aujourd’hui temple protestant, la basilique reste un témoignage émouvant de la grandeur de Rome « hors d’Italie ». Elle est en partie masquée par le palais du Prince électeur. D’un style très rococo, bien chargé d’angelots joufflus et fessus, de dorures et de crème chantilly, il contraste avec l’austérité de la basilique. Le parc attenant offre une perspective vers les thermes impériaux, dont les vestiges sont vraiment imposants.Trèves - Palais

Autre monument romain, la Porta Nigra (que je n’ai vue que de loin par manque de temps, hélas, et puis, sous la pluie, c’est moins joli), le symbole de la ville par excellence. Ce n’est pas une simple porte mais un large et profond bâtiment. Une partie a servi d’église pendant plusieurs siècles. Non, elle n’est pas construite en pierres volcaniques ! Son côté « nigra » lui vient tout simplement de la patine du temps, sur des pierres originellement claires.Trèves - Porta Nigra

La cathédrale et l’église Notre-Dame qui la jouxte offrent un panorama sur l’évolution de l’architecture sacrée de la région. Si l’église Notre-Dame d’un pur style gothique est assez élégante avec sa forme en croix grecque, quoiqu’un peu froide et défigurée par un mobilier contemporain, la cathédrale est un magnifique et très imposant bijou de l’art roman rhénan. L’édifice est gigantesque et pourtant au IVe siècle, l’ensemble était quatre fois plus étendu (il y avait 4 basiliques), prouvant la renommée et la richesse de la ville. On dit que sainte Hélène en personne en posa la première pierre. La décoration est en grande partie baroque, avec quelques chefs d’œuvre comme plusieurs tombeaux d’évêques, un chœur assez élevé et un buffet orgue très… particulier.

Trèves - Cathédrale et église Notre-Dame

Il y a quantité d’autres monuments à visiter, mais une seule journée ne suffit pas : le plus vieux pont d’Allemagne, la tour des Francs, l’ancien amphithéâtre… et la maison natale de Karl Marx ! Pour finir, n’hésitez pas à déambuler dans les charmantes rues anciennes, la grand’place où même le McDo sait rester discret…

A voir et revoir !

De l’architecture décorative : la fabrique

04 jeudi Fév 2016

Posted by hilaire in Patrimoine

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architecture

Une fabrique ? Le mot est polysémique bien entendu. L’autre terme pour l’usine ou l’atelier de fabrication ? Ce n’est pas ça. Le « conseil économique » de la paroisse, toujours établissement public en Alsace-Moselle ? Vous n’y êtes pas non plus.

Pour vous aider, cherchons dans le Larousse, qui donne cette définition : « Petit temple, ruine ou autre construction de fantaisie servant à l’ornementation d’un jardin (particulièrement à l’anglaise), d’un parc paysager. ».

Hé oui, une fabrique est une construction ornementale. Certains lui accolent le substantif « de jardin », puisque en effet, il s’avère que ces monuments sont placés le plus souvent dans ce lieu.

Avant toute chose, la fabrique est ornementale ; c’est même son objectif premier. C’est un monument d’agrément pour les yeux : dans un univers naturel, jardin ou parc, plus ou moins modelé par l’homme, la présence d’une construction humaine permet de rythmer la promenade, quand elle n’est pas son but, et d’unir esthétiquement le végétal et le minéral.

Ermenonville

Ermenonville

La fabrique est une construction : un amas de rochers présent naturellement ne rentre pas dans cette catégorie. En revanche, une grotte artificielle, un faux dolmen est une fabrique.

Enfin, beaucoup d’entre elles ont un objectif également utilitaire : c’est un lieu de détente et de rafraîchissement, du style « Baguenaudons gentiment à travers prés et reposons nous à l’ombre de la pagode », ou bien du style « O Melpomène, viens inspirer mes vers tel un nouvel Orphée ». Bon, moins poétiquement, elles peuvent servir aussi de remise pour les râteaux, binettes et autres fourches.

Cette mode nous vient, dit-on, d’Angleterre, où l’art des jardins atteint son apogée au XVIIIe siècle. L’époque est au romantisme, à l’exotisme et au classicisme et les immenses parcs des châteaux anglais voient fleurir des constructions dédiées à l’agrément : temples et ruines antiques, pagodes et pyramides, chaumières et fermes.

Schönbrunn

Schönbrunn

Certaines peuvent avoir une taille conséquente : l’exemple le plus connu est sans doute le hameau de la Reine à Versailles, qui regroupe une ferme, une laiterie, une grange, un colombier, un moulin, etc… : la Reine voulait sans doute respirer un peu, retrouver les joies simples et s’imaginer vivre une grande aventure (un peu comme nos bobos parisiens qui louent à prix d’or des cabanes dans les arbres, avec lait de soja bio et toilettes sèches en prime).

Au XIXe siècle, la mode change un peu : on continue à apprécier grottes et sources, on y ajoute des tours gothiques, des pagodes chinoises. Elle se poursuit au XXe siècle suivant, dans une moindre mesure, faute d’espace et d’argent. On note par exemple les fabriques du château de Groussay (Yvelines), érigées après la seconde guerre mondiale, conservant une source d’inspiration très classique.

Staunton Country Park

Staunton Country Park

Bon nombre d’entre elles sont d’une belle qualité architecturale. Et de grands artistes se sont prêtés à l’exercice : Vignole à Bomarzo, Jean-François Leroy, architecte du Prince de Condé, à Chantilly, Hubert Robert pour le Parc Jean-Jacques Rousseau, Augustin Pajou pour le Cénotaphe de Cook au château de Méréville, etc.

Près de Paris, vous pouvez aussi visiter le Désert de Retz à Chambourcy, Bagatelle bien entendu, le parc de Jeurre, la Folie Saint-James à Neuilly.

Désert de Retz

Désert de Retz

Les Ganuchaud, une famille au service du patrimoine – II : le Fils

10 jeudi Sep 2015

Posted by hilaire in Arts divers, Entretien avec un artiste, Patrimoine

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architecture

Il y a quelques mois, Artetvia vous proposait en entretien avec Marc Ganuchaud, architecte du patrimoine, qui nous a présenté de manière vivante et vraie son métier, notamment au service de la ville de Saumur, qui compte près de 50 monuments historiques. Aujourd’hui, nous rencontrons Joachim Ganuchaud, son fils, architecte lui aussi, qui évoquera d’autres aspects, non moins intéressants, du métier.

Bonjour Joachim, comment ta vocation d’architecte t’est-elle venue ? J’imagine que ta famille n’y est pas étrangère…

Château d'ApremontIl faut l’avouer, j’ai indéniablement été influencé par mon père et mon grand-père. Cela dit, le choix de la carrière d’architecte n’est pas venu d’eux, mais de moi ! Il est vrai que très tôt, j’ai été confronté à la « réalité » de l’architecture. Pour moi, ce n’était pas un mot abstrait vide de sens : c’était d’abord la table à dessins, les innombrables stylos, les maquettes, les photos qui encombraient le bureau de mon père. Ensuite, ce sont les chantiers, que je partais visiter avec lui ; cela me plaisait beaucoup. Et puis, j’ai vu de mes yeux la construction d’une maison : celle de notre famille. A partir d’une ruine très ancienne, nous avons reconstruit une belle bâtisse, bien agencée, pratique et très belle à la fois. Cela m’a beaucoup marqué ! Pour moi, observer qu’à partir d’une idée et différents matériaux (sable, bois métal, pierre) que l’on assemble, on peut réaliser une construction habitable, a toujours été fascinant. L’architecture c’est cela : on imagine un concept, on le mûrit doucement, on le dessine (deux dimensions), on construit une maquette (trois dimensions) et enfin on construit le bâtiment. Outre l’aspect programmatique, c’est avant tout une question de forme et de structure, le reste (matériaux, couleurs, textures, etc.) viendra ensuite.

Ce n’est pas tout de vouloir faire ce métier, encore faut-il le pouvoir !

J’ai commencé très jeune, en construisant des Lego et des cabanes dans les arbres ! Plus sérieusement, j’ai passé l’option arts plastiques au bac avec une thématique sur le patrimoine en péril. Ensuite, je suis entré à l’école d’architecture de Nantes. En 5ème année (sur les 6 ans d’études), je suis parti à Hambourg, en Allemagne.

 

Hôtel Mercy-Argenteau

Avant le passage de l’architecte… (cliquez sur les photos, cela rend mieux)

Hôtel Mercy-Argenteau

...après

Pourquoi Hambourg ?

L’école de Nantes est réputée, mais reste très conceptuelle. A l’occasion d’un échange entre mon école et celle d’Hambourg, organisé en 4ème année, j’ai pu découvrir une autre facette et une autre approche de la formation au métier d’architecte. Et j’ai trouvé cela génial. J’ai donc décidé de passer une année complète en Allemagne et d’y faire mon stage de fin d’étude. Là-bas, un peu comme à Nantes, mais en beaucoup plus grand, nous avions un terrain d’expérimentation « grandeur nature », avec la réhabilitation des friches portuaires. J’ai beaucoup appris, notamment l’importance des détails et l’urbanisme. Cela m’a bien servi par la suite. En effet, c’est bien d’avoir un excellent concept, mais le diable et la qualité d’un dossier se niche dans les détails ! Nous vendons de la réalité, pas un simple plan.

Diplômé en 2003, j’ai rejoint l’agence de Pascal Prunet, architecte en chef des Monuments Historiques.

Un nouveau domaine…

Joachim GanuchaudOui et non. Par exemple, à Nantes, j’avais suivi un séminaire organisé sur ce thème : nous étions très peu nombreux. Rétrospectivement, je me rends compte que c’est assez affolant : dans le cursus commun, il y avait très peu d’histoire de l’architecture. Cela paraît impensable et pourtant, c’est vrai : on inculque aux élèves un amas considérables de notions, sans savoir d’où elles viennent. Sans racines, on risque de faire n’importe quoi !

Pour parfaire ma formation, en plus de mon travail à l’agence Prunet, j’ai suivi l’école de Chaillot qui m’a donné le titre d’architecte du patrimoine.

Cela m’a permis de me confronter au terrain en connaissance de cause, les cours de l’école de Chaillot étant la « théorie », le travail à l’agence, la « pratique ». Le travail était passionnant : établissements de relevés – c’est-à-dire, l’ensemble des mesures d’un bâtiment – et d’état sanitaire (noter tout ce qui est dégradé), études historiques, structuration de Projets Architecturaux Techniques pour validation par un inspecteur de la commission des Monuments Historiques….

J’ai eu la chance d’intervenir sur des projets très intéressants : les remparts de Guérande, le château d’Apremont, la flèche de l’église Saint-Nicolas de Nantes, reconstruite par mon grand-père dans les années 1950, le château de Tiffauges…

Et maintenant ?

Depuis quelques années, je travaille quasi uniquement pour la réhabilitation d’immeubles parisiens. Cela permet d’allier les aspects patrimoniaux et la créativité de l’architecture actuelle. De nouveaux aspects sont apparus, moins prégnants dans les dossiers de Monuments Historiques : les délais, la gestion des entreprises du bâtiment, les permis de construire, la réglementation, le travail avec d’autres corps de métier comme les paysagistes…

Actuellement, je commence un chantier de réhabilitation lourde de plus de 20 000 m2, avec un bâti très hétérogène (des bâtiments du XIXe siècle, d’autres des années 1950) : le défi est de trouver de l’homogénéité là-dedans pour obtenir un ensemble architectural cohérent. C’est passionnant !

Hôtel Mercy-Argenteau

Avant

Hôtel Mercy-Argenteau

Après

Parlons un peu de la règlementation, est-ce contraignant ?

Oui, il faut le reconnaître. Et de plus en plus. Les normes handicapés, les normes de sécurité, les normes de développement durable… C’est une réelle contrainte, mais il faut être malin et ne pas se laisser accaparer. Au final, je me rends compte que cela ne bride pas trop l’imagination et la créativité, peut-être que cela me pousse à être encore plus créatif ! Et je citerai là le grand architecte André Bruyère qui disait que « l’Architecture, c’est mouler une tendresse sur une contrainte »

Plus de dix ans après tes débuts, quel regard portes-tu sur le métier ?

Cela me fascine toujours, heureusement. C’est un métier très complet : c’est à la fois conceptuel, créatif et aussi très concret. L’esthétique, quoiqu’on en dise est toujours essentielle dans un projet architectural. Après, au contact de mes prédécesseurs, j’ai appris la rigueur de la réflexion… et de la pratique. C’est bien d’avoir de belles idées, mais il faut être précis et rigoureux, sinon, c’est fumeux. Après, l’architecte ne peut pas tout : si le maître d’ouvrage tire vers le bas, avec toute la bonne volonté du monde, il sera difficile à l’architecte de créer un bâtiment de qualité.

L’éternelle question est vraiment : que va-t-on laisser aux générations suivantes ? L’architecture a ceci de particulier qu’elle est un art dont les œuvres durent, très longtemps parfois, donc autant ne pas se tromper et bien faire !

Merci Joachim !

Léonore Losserand, historienne de l’architecture

28 jeudi Mai 2015

Posted by hilaire in Entretien avec un artiste

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architecture

Léonore me reçoit au milieu de quantité de livres d’histoire, d’histoire de l’art et d’architecture. Quelques pierres trônent sur les bibliothèques. Tout est calme. Léonore me parle avec passion et enthousiasme de son métier. Vu l’ampleur de l’interview, cette livraison d’Artetvia « compte double ». Rendez-vous dans deux semaines donc.

Bonjour Léonore, question rituelle, comment devient-on historienne de l’architecture ?

On pourrait dire que je n’ai pas voulu faire ce métier par vocation inscrite dans mes gènes depuis mon enfance, ni par héritage familial : lorsque j’étais petite, je voulais exercer un métier identifiable aisément, comme « boulanger » ou « pompier». Et je suis devenue historienne de l’architecture : c’est raté pour la simplicité !

Saint Paul hors les MursAprès une licence d’histoire de l’art à la Sorbonne, j’ai passé un an à Rome, dans le cadre de l’association Rencontres Romaines, qui propose aux visiteurs francophones des visites guidées s’attachant à transmettre le « sens » de la ville, un sens historique et religieux. Et je pense sincèrement que si on ne connaît pas entre autres l’histoire du christianisme, on a beaucoup de mal à bien comprendre Rome. J’intervenais pour des groupes scolaires et des individuels. Je pense que c’est là que j’ai découvert ma passion pour la pierre et pour sa transmission.

De retour à Paris, j’ai poursuivi mes études en histoire de l’art. Mon directeur de thèse, un historien de l’art bien connu, spécialisé dans l’architecture française du XVIIe siècle m’a orienté vers l’histoire de l’architecture. A l’heure actuelle, d’un point de vue « universitaire », cela fait cinq ans que je travaille sur ma thèse de doctorat qui a pour titre : Les chantiers de construction des églises paroissiales parisiennes aux XVIIe et XVIIIe siècles. C’est un travail de longue haleine que j’espère achever en septembre 2016.

Par ailleurs, j’ai deux activités professionnelles principales : j’assure des visites guidées et j’effectue des études historiques.

 

Parlons d’abord des visites guidées. Tu en fais toujours ?

Saint Jean de LatranOui bien entendu ! En fait, ayant un certain bagage universitaire, je pouvais choisir « simplement » de donner des cours, ce que je fais de temps en temps d’ailleurs, mais ce n’est pas ce que je recherche. La théorie pour elle-même ne m’intéresse pas plus que cela et je ne suis pas très scolaire (bon, Léonore a un niveau Bac + 18 ou + 32, on ne sait plus, mais bon… Note d’Artetvia). Je tâche de faire de l’histoire de l’architecture appliquée et de transmettre. A l’oral et à l’écrit.

A l’oral, ce sont les visites guidées au grand public que j’assure depuis bientôt dix ans. C’est un métier contraignant – il y a un gros travail en amont et un sacré effort de concentration – et fatiguant (deux visites guidées par jour pendant une semaine dans une Rome surchauffée, c’est éreintant, je peux vous l’assurer), mais c’est passionnant. J’aime le contact avec les visiteurs, observer leur réactions. On voit très vite si les gens sont intéressés ou non, et s’ils comprennent ou non. Je tâche de transmettre les clés de compréhension du monument visité.

 

Et les études historiques ?

C’est la plus grande partie de mon métier. La transmission « par écrit ». Je propose des études historiques aux architectes (architectes des Monuments Historiques et aux Architectes des Bâtiments de France) et aux propriétaires de monuments anciens, du château à l’appartement parisien. Après deux ans en tant que salariée dans un cabinet spécialisé, je me suis mise à mon compte.

 

Peux-tu nous en dire plus ? J’avoue que c’est un peu vague pour moi.

Je cherche à retrouver la mémoire du bâtiment à partir de plusieurs sources. Les propriétaires, s’ils possèdent leur propres documents, mais aussi les archives nationales, départementales, municipales. Je passe beaucoup beaucoup de temps en bibliothèque, au milieu des vieux papiers, des plans, des cartes postales, des photos anciennes. Sans oublier bien entendu l’observation du bâtiment lui-même.

 

C’est important ?

Léonore LosserandNon, simplement indispensable. Il faut apprendre à vouloir et savoir voir, comme me disait l’un de mes professeurs. Hé oui, on apprend à voir. Et cela ne s’apprend pas dans les livres ou sur les bancs de la Sorbonne. C’est uniquement par la confrontation avec la réalité. L’observation prime sur toute autre recherche : la forme du bâtiment, le style, les matériaux de construction, les travaux, les éléments en bon ou mauvais état, les dépendances, le jardin, le mobilier. Cela forme un tout qui permet de comprendre le monument. C’est aussi le seul moyen de connaître un bâtiment quand les archives ont disparu. Un détail sur le mobilier : en France, le mobilier d’origine est très rare, contrairement à des pays comme la Suède par exemple : les guerres de religion et les révolutions (1789 et aussi à Paris beaucoup moins connues, 1830, 1848 et 1870), même si on peut avoir des surprises. Saviez-vous par exemple qu’aucune église parisienne n’a été détruite pendant la révolution de 1789 ? Bon évidemment le mobilier a été saccagé de fond en comble, mais pas les bâtiments…

Je réalise ce que l’on appelle une monographie du bâtiment : le parcellaire, l’histoire de la construction, les dates, le nom de l’architecte, les matériaux, les rajouts et les modifications ultérieures, les commanditaires… et la vie de ces personnes, l’arrière-plan psycho-sociologique. Par exemple : un marquis ne construit pas de la même manière qu’un chanoine, une église conventuelle n’est pas une église collégiale.

 

Et au final à quoi ça sert ?

Léonore Losserand - ArchivesA beaucoup de choses ! Très variées. Plusieurs exemples :

J’ai le cas d’une ZAC, ancienne propriété de la SNCF qui avait racheté les terrains au milieu du XIXe siècle. Les commanditaires voulaient vérifier le parcellaire pour garantir les titres de propriété et ne pas se retrouver avec des procès sans fin. Je suis remonté jusqu’en 1850 !

Autre exemple, pour les monuments ouverts au public ou dont les propriétaires ont lancé une activité de chambres d’hôtes, une étude historique solide est un argument de vente et de communication indispensable : les anecdotes du propriétaire seront vraies, Louis XIV a vraiment dormi dans cette pièce, les guides vont arrêter de dire n’importe quoi ;). Et puis, si ces mêmes propriétaires veulent effectuer des travaux, je peux les accompagner pour démêler l’ancien du récent, l’essentiel de l’accessoire. Même chose pour les dossiers de demande de subvention : il est évident qu’avoir une étude historique à sa disposition renforce la crédibilité pour obtenir des crédits.

 

Au-delà de ton métier qui a l’air passionnant, quel regard portes-tu sur la protection du patrimoine en France ?

Tu me poses une question piège ! Je dirais qu’il y a un équilibre très délicat à trouver entre la juste conservation du patrimoine et la nécessité de vivre dans son époque et avec les contraintes actuelles. La particularité de l’architecture est que, souvent, on vit dedans. Certains architectes l’oublient d’ailleurs et on se souvient tous d’une bibliothèque parisienne très connue qui a été conçue… sans toilettes. Si le mur ne tient pas debout, il s’écroule. Et nous sommes obligés de le restaurer et de vivre avec, en quelque sorte, ce qui implique une évolution, des changements. Ce n’est pas figé. D’ailleurs si c’était figé, « sous cloche », cela n’aurait aucun intérêt : nous ne vivons pas dans un musée ! Les gens nous voient parfois comme des casse-pieds de première classe : ils n’ont pas toujours tort, il faut l’avouer… Alors que notre but est de donner du sens au patrimoine (patrimoine : vint du mot père, ce que nous ont légué nos pères, nos ancêtres). Et pour répondre à une question que tu vas certainement poser, peut-on détruire ? Au risque de choquer, je dirai : si on ne peut pas faire autrement, oui ! Il faut savoir dire que tel monument n’a aucun intérêt architectural ou historique. Et en même temps, savoir dire que ce petit bâtiment de rien du tout est un formidable témoin du passé. Le scientifique s’intéresse à tout, mais ne s’extasie pas devant tout…

 

Le mot de la fin ?

Archives - Léonore LosserandQue cela soit pour les visites guidées ou les études historiques, mon but est bien de retrouver le sens du bâtiment et de le transmettre. Par exemple, aujourd’hui, dans les constructions actuelles, il est nécessaire de mettre en place une signalétique pour indiquer où est l’entrée, car le bâtiment lui-même ne l’indique pas. Ce qui était impensable auparavant : il fallait que l’architecture soit signifiante, sans compter les aspects pratiques. Alors, évidemment, on ne comprend pas toujours le pourquoi du comment des bâtiments anciens. Autre exemple que tout le monde connaît : les escaliers de service n’ont plus d’utilité « sociale » aujourd’hui, ils sont devenus des sorties de secours. Mais il faut quand même comprendre pourquoi dans les immeubles, il y avait deux escaliers, ou bien des couloirs étroits dans les appartements.

Quand on connaît bien un monument, les pierres finissent par parler. Et on comprend l’histoire des personnes qui l’ont construit, habité. Une église, un château a été construit par des personnes sachant très bien ce qu’elles faisaient, elles ont aussi voulu nous en faire hériter. A nous de retrouver cela et de partir à la recherche de quelque chose qui n’a pas été transmis. Le savoir existe, je ne l’invente pas : il y a peut-être la solution dans un carton d’archive, sur le bâtiment ou dans les mémoires.

 

Merci beaucoup Léonore !!

Pour joindre Léonore (si vous voulez passer commande par exemple, pour votre appart’ parisien ou le château de votre grand’mère, hé, hé… ou tout simplement la féliciter), contactez Artetvia qui transmettra.

Les Ganuchaud, une famille au service du patrimoine architectural – I : le Père

08 jeudi Jan 2015

Posted by hilaire in Arts divers, Entretien avec un artiste, Patrimoine

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architecture, XXe

Artetvia a le plaisir de vous faire découvrir un pan de l’art jusqu’ici peu abordé, du moins directement : l’architecture. Je vous propose un double entretien : avec Marc Ganuchaud, architecte du patrimoine puis avec son fils Joachim, également architecte du patrimoine, eux-mêmes fils et petit-fils d’un grand architecte de la région nantaise, Georges Ganuchaud.

Bonjour Marc, question rituelle, comment devient-on architecte, et qui plus est, architecte du patrimoine ?

Marc GanuchaudC’est une longue histoire car elle remonte à mon enfance. Je vois deux origines au choix de ce métier.

La première, l’exemple familial. Mon père était architecte, l’un de ses cousins était premier grand prix de Rome en architecture. Je baigne donc dans ce milieu depuis ma naissance. J’ai notamment deux souvenirs bien précis qui ont orienté mon choix : le jeudi, la grande récompense était d’accompagner mon père sur les chantiers. J’étais très fier de lui, de voir qu’il pouvait imaginer et construire de beaux bâtiments. Ensuite, si le travail de réalisation et de démarchage commercial s’effectuait la semaine, mon père créait le week-end. Je le vois encore le dimanche après-midi à sa table à dessin, mes frères et moi en train de dessiner à ses côtés tout en écoutant des opérettes. Evidemment, cela m’a donné le goût du métier.

Par ailleurs, j’aimais dessiner et, sans fausse modestie, je me débrouillais bien : en primaire, j’ai gagné le concours de dessin et au collège, je dessinais pendant les cours (surtout les cours d’allemand : du coup, je ne sais pas parler allemand), notamment les épisodes des personnages du manuel, ce qui occasionnait l’indulgence du professeur. Dès ces années, j’ai su que je voulais être architecte.

Les études d’architecte sont longues, n’est-ce-pas ?

Six ans ! Après un bac littéraire – j’étais nul en maths – je suis entré à l’école d’architecture de Nantes : à cette époque, le bac suffisait. Le concours n’avait lieu qu’après la première année. J’ai achevé mes second et troisième cycles à Paris. A l’époque, je ne m’intéressais pas trop au patrimoine. Le premier « accroc » est venu pendant la réalisation de mon mémoire de fin d’étude : ayant été choqué par la manière dont la côte vendéenne avait été massacrée (à Saint Jean de Monts par exemple), j’avais proposé la construction d’un VVF, démontable après l’été. Une utopie de jeune architecte…

J’ai travaillé ensuite chez André Chatelin (prix de Rome en 1943), une personne remarquable. Et l’un de mes premiers chantiers fut la construction de l’hôpital du Val de Grâce : on construisait du moderne à côté de superbes bâtiments classiques. Comment marier les deux architectures ? A ce moment a germé l’idée d’intégration d’un bâtiment dans son environnement.

On ne le faisait pas avant ?

Château de SaumurCe n’était pas la priorité. On ne nous l’apprenait pas à l’école. De toute manière, on ne faisait de l’histoire de l’art qu’en première année. Encore maintenant, les grands architectes peuvent concevoir de très beaux ouvrages, mais absolument pas conçus pour leur environnement. On a fait des progrès dans ce domaine bien entendu, mais ce n’est pas systématique. La deuxième secousse a été un projet de bâtiment de l’INPI à Bordeaux. Là aussi, il fallait construire du neuf dans un quartier ancien. N’y tenant plus, j’ai voulu approfondir ce domaine, j’ai décidé alors de passer un diplôme d’urbaniste, tout en continuant à travailler en cabinet d’architecture.

J’ai ensuite travaillé au CAUE du Loiret. En bref, le CAUE est un service départemental venant en aide aux petites communes pour les aider à améliorer l’urbanisme et l’architecture de leur commune. C’était passionnant : j’ai été confronté à la réalité du patrimoine.

Et après, vous êtes devenu architecte de la ville de Saumur.

C’est exact ! En 1984, le nouveau maire cherchait un architecte qui soit sensibilisé au patrimoine. Il faut dire que la ville compte 55 monuments historiques. Vous le savez, il y a 500 mètres de protection autour d’un monument historique… ce qui fait que 80% du territoire de la commune est protégé.

Et que fait un architecte pour une ville ?

Il est principalement en charge du suivi de la conception des nouveaux projets et des permis de construire. Il travaille avec l’Architecte des Bâtiments de France, qui est le « bras armé » du Préfet dans ce domaine. Mon rôle consiste à défendre l’intérêt de la mairie, l’ABF celui de l’Etat. Ce n’était pas toujours évident, surtout quand il est question d’esthétique. Qu’avait-il de plus que moi ? Nous étions tous les deux architectes. Ah, si, il avait fait Chaillot ! Pas moi.

Chaillot ?

Panorama de SaumurL’école s’appelait auparavant « Centre d’études supérieures d’histoire et de conservation des monuments anciens ». Après un concours, il y a deux ans d’études à temps partiel – la plupart des « élèves » étant des architectes continuent à travailler. C’est une formation très exigeante et passionnante. A la sortie, on est architecte du patrimoine (Marc ne le dit pas mais il a eu la meilleure note sur plusieurs exercices importants – Note d’Artetvia). Ca y est, je me suis mis à parler le même langage que l’ABF et tout s’est mieux passé. Certains lauréats peuvent ensuite passer le concours d’architecte des Monuments Historiques. J’avais passé la limite d’âge. Avant 2008, l’Etat leur confiait en exclusivité les grandes opérations sur les Monuments Historiques. Une belle rente… Depuis, un architecte du patrimoine peut aussi concourir pour des opérations sur des monuments historiques, hors domaines appartenant à l’Etat, toujours réservés aux architectes en chef des monuments historiques.

Un architecte d’une ville travaille aussi avec eux lorsque ils interviennent… sur les monuments historiques de la ville, c’est-à-dire souvent pour Saumur. Malgré des caractères « variés », ils sont toujours très compétents. Et j’avoue qu’en ce moment, cela se passe très bien. J’ai donc participé à la restauration du château de Saumur, de plusieurs églises, etc…

Certains craignent une « muséification » des villes historiques…

C’est l’un des dangers en effet. A mon sens, le bâti n’a d’intérêt que s’il vit. S’il ne vit pas, c’est une source de charges, et c’est tout. Deuxième point, les monuments anciens ont perdu leur fonction première : par exemple, le château de Saumur, avec ses remparts et ses tours, n’a aucun rôle militaire à l’heure actuelle. Il faut trouver une autre fonction qui soit cohérente avec les contraintes d’architecture. Et il faut adapter a minima le monument à ces nouvelles fonctions. Un exemple tout bête, personne n’imagine des bureaux sans sanitaires.

Mon rôle est justement de trouver la meilleure adéquation entre un usage nouveau, l’histoire du bâtiment et son environnement. C’est un travail très enrichissant et très stimulant intellectuellement. Après plus de 35 ans de métier, je ne regrette absolument pas d’avoir choisi cette voie exigeante et passionnante !

Merci Marc !

Rendez-vous avec Joachim Ganuchaud dans le prochain entretien d’Artetvia !

Le Faouët, au coeur de l’Argoat

11 jeudi Avr 2013

Posted by hilaire in Patrimoine

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architecture, Bretagne, Villes et villages

Prenez une carte de Bretagne, trouvez-en le point le plus éloigné de la mer : c’est là où je vous emmène, en plein cœur de l’Argoat.

C’est un pays de bocage, vallonné, très vert, à l’habitat fortement dispersé. Le paysage n’est pas spectaculaire mais a beaucoup de charme. Les Montagnes Noires (qui culminent au roc de Toullaëron à… 318 mètres – ça reste raisonnable) sont propices à toutes sortes de randonnées fort agréables. Le breton est encore assez pratiqué par les personnes âgées et les jeunes militants bretonnants : à Carhaix, la « grande » ville située un peu plus au nord, plus d’un quart des élèves suivent leur scolarité en filière bilingue ou immersive (réseau Diwan). L’élevage de cochon y règne en maître. Le territoire est à la limite sud de la Bretagne « qui a toujours voté à gauche » (mon prof’ de breton avait une théorie farfelue sur le clivage droite / gauche  breton : selon lui, les communes votant à gauche étaient situées sur les anciennes terres des Rohan qui ont toujours trahi la Bretagne en se vendant aux Français ou aux Anglais pour leurs propres intérêts ; un étudiant en mal de thèse pourrait se pencher sur la question). Tout ça pour dire que nous sommes vraiment en Bretagne profonde.

Je voudrais aujourd’hui attirer votre attention sur une petite commune du sud du centre de la Bretagne : le Faouët. Elle abrite 2 866 habitants selon l’INSEE… et un riche patrimoine.

Le Faouët - Les Halles

Le Faouët – Les Halles

Le centre bourg lui-même, et particulièrement ses halles du XVIème siècle. Admirez la charpente et le clocheton octogonal surmontant le faîtage. La longueur du bâtiment est elle-même imposante, plus de 50 mètres, ce qui démontre d’ailleurs que le village fut densément peuplé. L’endroit propose également un musée dédié à la peinture bretonne. Je ne peux malheureusement rien vous en dire, ne l’ayant pas visité, mais la documentation touristique dit que c’est bien (en même temps, ils ne vont pas dire le contraire).

Le Faouët - Chapelle Saint-Fiacre

Le Faouët – Chapelle Saint-Fiacre

Le village de Saint-Fiacre (en Bretagne, en gros, à partir de trois maisons, c’est un village), situé à quelques kilomètres du bourg, réputé pour sa chapelle du même nom. Elle a été érigée au XVème siècle, l’âge d’or de l’architecture sacrée bretonne : en granit, au clocher pignon ouvragé, aux transepts de taille très inégale. La chapelle est surtout remarquable pour son magnifique jubé en bois polychrome qui a échappé aux affres du temps et des destructions volontaires. C’est un véritable catéchisme en image, très figuratif et très réaliste : scènes de l’ancien et du nouveau Testament, anges chevelus, bestiaire imagé, représentation des péchés capitaux. Je ne vous en dis pas plus, allez voir, il y a des détails assez amusants.

Saint-Fiacre - Le jubé

Saint-Fiacre – Le jubé

C’est beau et moins fréquenté que mon troisième coup de cœur : la chapelle Sainte-Barbe.

Le Faouët - Sainte-Barbe

Le Faouët – Sainte-Barbe

Déjà, le site est impressionnant : la chapelle est construite à flanc de falaise, dominant l’Ellé que l’on entend sourdre dans la forêt profonde et humide. En arrivant par le haut du site, où est situé le parking, regardez d’abord la tour cloche, avec une vraie grosse cloche que vous pouvez faire sonner à qui mieux mieux. En descendant l’escalier monumental, observez le modeste oratoire Saint-Michel, posé en équilibre sur un éperon rocheux.

En contrebas, se dresse la chapelle Sainte-Barbe. Désorientée pour des raisons pratiques, de petite taille au sol, mais d’élévation… élevée, elle fut construite au XVIème siècle et remaniée (légèrement) au cours des siècles suivants. L’austérité du granit et du lieu est contrebalancé par une décoration soignée : pinacles ouvragés, vitraux somptueux, retables richement décorés, statuaire élégante. Quand il fait beau, c’est magnifique, quand le temps est brumeux, c’est envoûtant, quand il pleut, et bien c’est glissant.

Le Faouët - Chapelle Sainte-Barbe

Le Faouët – Chapelle Sainte-Barbe

A quelques centaines de mètres, légèrement en contrebas de la chapelle, au beau milieu de la forêt, vous trouverez une mignonne petite fontaine, le type même de fontaine sacrée des vieux celtes païens, et quoique christianisée, ayant longtemps conservé des pratiques pas très orthodoxes, genre, « A la sainte Barbe, invoquez la sainte, faites trois fois le tour de la fontaine à cloche-pied en claquant vos sabots tenus au-dessus de la tête, puis crachez trois fois dans la fontaine et vous n’aurez plus mal au crâne jusqu’au bout de l’an ».

Le Faouët - Fontaine Sainte Barbe

Le Faouët – Fontaine Sainte-Barbe

Comme quoi, quand vous visiterez ce charmant petit coin, joignez l’agréable à l’utile !

Le Logis de la Chabotterie – L’art de vivre au XVIIIème

21 jeudi Fév 2013

Posted by hilaire in Patrimoine

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architecture, château, Monument, XVIIIe

C’est un petit bijou posé au milieu d’une campagne assez quelconque – on ne pourrait pas dire sans âme vue/vu (les grammairiens sont divisés) l’histoire dramatique de cette région – à quelques kilomètres de Nantes : le Logis de la Chabotterie, à Saint-Sulpice-le-Verdon.

Logis de la Chabotterie- Vue générale

Logis de la Chabotterie- Vue générale

Le bâtiment principal a été construit entre le XVème et le XVIIIème, admirablement restauré à grands frais par son actuel propriétaire, et qui conserve malgré tout une grande unité de style. Aucune symétrie, mais de l’équilibre, aucune prouesse architecturale violente, mais de la douceur et de la tranquillité. Même la tour nord n’est pas intimidante.

Logis de la Chabotterie - Les jardins

Logis de la Chabotterie – Les jardins

Le jardin clos de l’arrière-cour a été redessiné en jardin renaissance où alternent les carrés de buis embrassant des plantes médicinales et autres simples, et les tonnelles fleuries où chantent les oiseaux. Le tout s’achevant par une douve emplie d’eau quasi invisible que l’on appelle un haha (cri de surprise du promeneur quand il la voit au dernier moment juste avant d’y tomber – ils avaient de l’humour au XVIIIème). Bon, à dire comme ça, ça fait un peu cucu-la-praloche, mais honnêtement, c’est très beau. Durant l’été, on peut même y voir déambuler quelques créatures costumées racontant – avec un fort accent local – l’histoire des lieux.

Les différentes salles ont été aménagées en intérieurs campagnards du XVIIIème : en y pénétrant, on entre chez des gens, avec la salle-à-manger et sa vaisselle pas débarrassée de la table, le salon où crépite un vrai-faux feu, des combles où loge et lutine la domesticité, la petite chapelle renaissance ou traînent quelques livres de piété…

La salle à manger

La salle à manger

La muséographie est plutôt sympa, arrivant à recréer une ambiance, pour tous les sens : vue, ouïe, toucher, pas encore odorat, quoique… L’environnement direct est superbe : pelouses où paissent une bande de baudets du Poitou, allées cavalières, labyrinthe végétal, carrière équestre et bosquets épanouis…

Charette

Charette

Mais surtout, pour qui connaît l’histoire de la Vendée militaire, la grande épopée de ses aristos poudrés et de ses paysans boueux, les ravages des sinistres colonnes infernales et les massacres en tout genre, le Logis de la Chabotterie est un lieu emblématique. C’est là en effet que le chef vendéen le plus brillant, le plus politique sans doute, François-Athanase Charette de la Contrie, y fut arrêté avant d’être emmené et fusillé à Nantes, place Viarme (dans ma prime enfance une croix y indiquait le lieu d’exécution, peu entretenue par la mairie qui avait placé juste à côté une station service glauque, mais bon, le maire de l’époque s’appelait… ah zut, j’ai oublié, en tous cas ce n’était pas un héros).

Le héros, lui, quasi hollywoodien qu’est Charette est honoré au Logis, avec un parcours animé retraçant quelques scènes de la vie de ce personnage haut en couleurs : on frissonne, on frémit, on frétille.

Et puis, durant les mois d’été se déroule un festival de musique baroque qui accueille les plus grands : Christie, venu en voisin, Niquet, Savall… et dont la direction artistique est confiée à Hugo Reyne et sa Simphonie du Marais, en demeure en la demeure. Les concerts se déroulent soit dans les églises des villages environnants (pour la musique sacrée), soit dans les jardins pour les spectacles de journée, soit dans les communs du Logis pour les petits ensembles, ou bien dans la cour dudit Logis : j’ai le souvenir ému d’une création d’une œuvre de Lully, avec chanteurs, danseurs et musiciens costumés, sous la voute étoilée, suivi d’un feu d’artifice musical dans les jardins. Magique !

Concert dans la cour

Concert dans la cour

Enfin, dans les communs, vous pourrez vous ruiner (quoique) dans le restaurant Thierry Drapeau qui a décroché désormais deux étoiles au guide (nunc est) Bibendum. J’avoue n’y être jamais allé, mais il paraît que c’est le meilleur jambon grillé / mojettes (une sorte de gros flageolet vendéen) de tout le Bas-Poitou ! Bon appétit !

La semaine prochaine, j’aurai la joie de vous présenter un invité de marque, travaillant dans l’un des lieux culturels les plus prestigieux de France ! Alors, restez connectés !

Promenade en Auvergne romane

03 jeudi Jan 2013

Posted by hilaire in Patrimoine

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architecture, Auvergne, église, Villes et villages

Après les pérégrinations de Thierry et ses amis au pays des Sarrasins, nous revenons en France et plus précisément en Auvergne. L’Auvergne ce n’est pas seulement les pneus, les volcans, l’eau minérale et Vercingétorix (né sous Louis-Philippe, Battit les Chinois un soir à Ronc’vaux, C’est lui qui lança la mode des slips, Et mourut pour ça sur un échafaud – vous  ne connaissez pas ? C’est une chanson intelligente des années 30).

L’Auvergne c’est aussi une région de pauvres, moralité, les habitants n’ont pas pu construire beaucoup de belles églises gothiques et de joyaux baroques ou classiques. En plus, comme c’est loin de tout, il y eut peu de guerres. Les églises romanes restent donc très nombreuses (250 !!), pour notre plus grand bonheur. Parmi elles, on distingue les « cinq majeures » qui ont conservé leur architecture initiale : Saint-Austremoine à Issoire, Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand, Notre-Dame tout court à Orcival, Notre-Dame encore à Saint-Saturnin et Saint-Nectaire (…à Saint-Nectaire).

Eglise_St_NectaireJe ne vais pas vous exposer les caractéristiques du roman, vous les avez apprises dans votre prime jeunesse : les histoires de voute en plein cintre, de déambulatoire, de chevet avec absidioles, de rinceaux et tout et tout…vous connaissez.

Seulement, quand vous visiterez ces cinq églises, je vous invite à observer en particulier :

Notre-Dame du Port ClocherLa « juste » taille des édifices : les élévations sont… élevées – on ne rentre pas dans une catacombe – tout en restant très équilibrées et pas trop monumentales. Comme dirait mon pote K. on est dans l’ordre du beau et non du sublime, et donc sans ce sentiment d’écrasement, d’impuissance du regard et de l’imagination, et d’absence de compréhension globale du monument. Comparez avec Saint-Pierre de Rome, vous serez saisis !

Vous verrez qu’en Auvergne, la croisée des transepts ne porte pas directement le clocher mais qu’elle est surmontée d’une structure de forme rectangulaire dont le côté le plus long est perpendiculaire à l’axe de la nef et que l’on appelle le massif barlong (plus large que long). Il permet également de renforcer la verticalité et de faire davantage entrer la lumière.

Barlong

La lumière ? Parlons-en justement ! Les mauvaises langues disent que l’art roman ignore la lumière ou plutôt que l’art gothique joue avec la lumière contrairement au roman. Visitez Saint-Nectaire, vous changerez d’avis. Il est vrai qu’en revanche la lumière est traitée de manière plus délicate, plus simple, pour des raisons techniques – taille possible des ouvertures – et théologiques – tout doit mener vers Dieu et la sobriété évite un attachement trop important aux réalités de ce monde. Je vous renvoie au texte d’Erwin Panofsky (il fallait bien que je le cite celui-là…) « L’abbé Suger de Saint-Denis » qui est la première partie de son livre « Architecture gothique et pensée scolastique » (le titre est ronflant, mais ça se lit facilement) qui montre bien les raisons spirituelles de l’opposition entre les cisterciens et Suger sur le traitement de la lumière et de la décoration dans l’architecture sacrée. Visitez ces églises de préférence le matin pour en profiter à plein.

Notre-Dame du PortND du Port 1

Et enfin, la richesse de la décoration : là encore, ne voyons pas d’opposition entre un gothique riche et un roman épuré, en tout cas pour les églises auvergnates dont nous parlons. Prenez le temps pour admirer les chapiteaux au vocabulaire riche et coloré, souvent plein d’humour, les frises festonnées, les tympans majestueux et fleuris. Issoire est entièrement peinte, Saint Nectaire voit ses chapiteaux habillés de couleurs vives… et Notre-Dame du Port récemment badigeonnée de jaune de bas en haut, hormis les chapiteaux qui restent gris (photos), cause de grand émoi dans toute la ville : à Clermont, on se crêpe le chignon pour le badigeon !IssoireEt regardez surtout les chevets de toute beauté, notamment celui de Notre-Dame du Port et celui d’Issoire. Ah oui, j’oubliais, les constructions ne sont pas en pierre volcanique, comme le sera la cathédrale de Clermont ; elles datent d’avant (l’utilisation de ces pierres, pas des éruptions). Néanmoins, les architectes ont su utiliser la palette des couleurs variées des différents matériaux de construction pour obtenir des tonalités particulièrement intéressantes tant en terme de couleur que de matière. Le diable est dans les détails il paraît, la beauté aussi visiblement.

Issoire2

Ces quelques mots dits, bonne visite !

Je remercie Eudes et May pour leurs précieuses photos prises aujourd’hui même

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